Chapitre VI.
Verbes.
J' indiquerai d' abord les rapports principaux qu' ont avec les verbes auxiliaires de la langue romane ceux des autres langues de l' Europe latine.
Ensuite je comparerai les verbes réguliers de ces langues d' après la division en trois conjugaisons, déja établie dans la grammaire romane.
La première, des verbes en AR;
La seconde, des verbes en ER ou RE;
La troisième, de ceux en IR ou IRE.
Enfin, je rassemblerai diverses observations spéciales sur différents verbes, soit réguliers, soit irréguliers, et je rechercherai les causes de quelques anomalies.
Verbes Auxiliaires.
Les verbes auxiliaires de la langue romane, aver, esser ou estar, se retrouvent dans les autres langues de l' Europe latine.
Verbe auxiliaire aver.
Infinitif.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Aver, aver, aver, (haber) aver, aver.
L' ancien français a employé aver, roman, sans aucune modification.
E joie aver de celle ren...
Desoremès dei armes aver.
Roman de Protheslaus, MS. de la bibl. du Roi.
Si melz amez à remaner
K' arriere aler e joie aver.
Marie de France, t. 2, p. 445.
“Si il aver les pot... e ait les à jur e à terme, s' il les ad u, s' il les pot aver.” Lois de Guillaume le Conquérant, XVI et XXV.
“Ad ublié Deus aver merci? Trad. du ps. 76, MS. n° I.
Il a aussi fait usage d' Aveir, qui ensuite a été changé en Avoir.
Od les princes le fait sedeir,
Chaire de gloire li fait aveir.
Trad. du Ier liv. des Rois, fol. 3.
“Ublierat à aveir merci Deus?” Trad. du ps. 76, psaut. de Corbie.
Aver fut employé en espagnol et en portugais, qui depuis ont dit, l' un haber, et l' autre haver.
L' italien put rejeter l' E après l' R d' Avere.
Indicatif.
Présent.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Ai, ai, he, hei,
As, as, has, has,
A, a, ha, ha, ha.
Avem, avom, avemos (*) avemos, avem.
(*: havemos, habemos : hemos)
Avetz, avez, (habéis)
An, han, han, am, han.
Imparfait.
Avia, aveie, avoie, avia (había) avia, avia.
Avias, aveies, oies, avias (habías) avias.
Avia, avia (había) avia, avia.
Aviam, avium, aviamos (habíamos) aviamos, aviam.
Aviatz, aviez, (habíais)
Avian, avien, avion avian (habían) aviam; avian, avien.
Je prouverai bientôt, 1° que l' ancien français donnait souvent aux premières personnes du pluriel des verbes les inflexions UM, OM, UN, ON, sans l' S final qui les caractérise aujourd'hui;
2° Que les premières personnes qui reçoivent au singulier l' inflexion OIS, l' avaient en EIE, OIE; et que les secondes qui reçoivent la même inflexion OIS, prenaient EIES, OIES.
Portugais:
An, am.
“Aquelos que som, e que AN de veir por sempre.”
Foraes Velhos, XIV, sec. (1: Elucidario t. I, p. 189.)
(N. E. Ver, por ejemplo, “Als presentz” de Pedro II de Aragón, en 1196.)
Os rrenovos que AM. Doc. de Coimbra, 1361. (1: Elucidario t. I, p. 92.)
Le portugais a dit Avyam à la troisième personne du pluriel de l' imparfait.
“Dixe que per essa medida avyam a dar os ditos cinquy moyos.”
Doc. de Vairam, 1289. (2: Elucidario t. II, p. 131.)
Italien:
Avem, italien, est un vestige très remarquables.
“E come oggi avem fatto.” Boccaccio,, Decameron I, 10.
Quando avem volta la dolente strada. Dante, Inferno XXVIII.
Fornita avem nostra guerra. Jacopone da Todi, lib. II, cant. XVIII.
AN, italien.
“Che gli altri detti AN questo seco chiuso.”
Barberini, Doc. d' Am., p. 221.
Avia, première personne de l' imparfait au singulier.
Quando i miei sensi tutti addormentati
Eran per gran pensier ch' el core avia...
Tornato a me lo Spirito pauroso
Per le tre ombre quali avia lassate.
Cronaca di ser Gorello. (3: Muratori, Rer. ital. Script., t. XV, 814 et 818.)
Avia, troisième personne.
Qui condotto l' avia a tale excesso...
Non avia letto la favola d' Isopo.
Cronaca di ser Gorello. (4: Ib. t. XVI, 818 et 834.)
Aviam, première personne du pluriel.
Or quel che aviam nelle seconde mense. Alemani, Coltiv.
Avian, avien, troisièmes personnes.
Divisi per l' affanno della guerra
Ch' avian per lucca, s' io bene comprendo.
Cronaca di ser Gorello. (1: Muratori, Rer. ital. Script., t. XV, 833.)
“Dove leggi non avien luogo.” Davanzati, Tacito, 1, 9.
Lo stato di color, che più di trenta
Anni passati avien fuor de lor nido.
Cronaca di ser Gorello. (2: Ib. p. 839.)
Futur.
J' ai eu occasion d' expliquer dans la grammaire de la langue romane, avant l' an 1000, comment les futurs des diverses langues de l' Europe latine s' étaient formés par l' adjonction du présent du verbe Aver au présent des infinitifs romans.
Cette forme a été aussi appliquée par ces langues au conditionnel, qui, au lieu du présent du verbe Aver, a joint l' inflexion de l' imparfait de ce verbe.
Et le verbe Aver, soumis à cette forme, a ainsi opéré sur lui-même:
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Aurai, aurai, avré (habré) averei.
Auras, aurás, avrás (habrás) averas.
Aura, aura, avrá (habrá) avra, avra.
Aurem, avremos (*) avremos, avrem.
(* : habremos)
Auretz aurez, (habréis)
Auran, avrán (habrán) avrao, avran.
Il me suffira de rapporter des exemples d' AVREM et d' AVRAN, italiens.
“Che AVREM noi a fare altro sennon mettercela nella scarsela?”
Boccaccio,, Decameron, VIII, 3.
“Io non so come piacevole reina noi avrem di voi, ma bella la pure avrem noi.” Boccaccio,, Decameron, VIII, 10.
Che fai, alma? che pensi? Havrem noi pace?
Havrem mai tregua? od havrem guerra eterna?
Petrarca, Son. Che fai alma.
Il est remarquable qu' aujourd'hui avremo, italien, n' est plus en analogie avec le principe général qui forma les futurs dans la langue romane et dans les autres langues, parce que habbiamo a remplacé au présent l' ancien Avem.
Conditionnel.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Auria, aureie, auroie; avria (habría) haveria, avria.
Aurias, aureies, auroies; avrias (habrías) haverias.
Auria, avria (habría) haveria, avria.
Auriam, habríamos, haveriamos;
Auriatz, auriez, habríais.
Aurian, aurion; habrían. haverião; avrian.
D' après les formes actuelles de la langue italienne, on ne trouverait pas que cet Avria fût en analogie avec la règle romane qui forme les conditionnels par l' adjonction de l' inflexion de l' imparfait au présent de l' infinitif, mais on se souviendra que j' ai rapporté précédemment des exemples qui prouvent que jadis l' inflexion de l' imparfait italien d' Aver était en IA.
On trouve averia, avria, avrian.
Di mal dire d' altrui avria dottanza. Masseo de Messina. (1: Crescimbeni, t. II, lib. I, p. 45.)
“Forse essa averia perduto te.” Guit. d' Arezzo, lett. 3, p. 9.
Quel ch' al Catai non avria fatto forse. Ariosto, Orlando, cant. 1, 54.
Chei i sassi tratti avrian fuor dei dur monti.
Ant. Tibaldo: Deh! perchè.
Me forse avrian tradito
I sospir miei.
Alfieri, Filippo, atto 5.
Impératif.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Aias, aies, ayas (hayas) ajas.
Aia, aie, aya (haya) aja, aia.
Aiam, ayamos (hayamos) ajamos.
Aiatz, ayez, (hayáis)
Aian, aion; ayan (hayan) ajam.
Dans l' ancien portugais on trouve aiam.
“Cavaleiros aiam sas herdades libres.” Doc. de Thomar. (1: Elucidario t. I, p. 253.)
L' italien a dit:
Ben aia il giorno ch' io ti vidi in prima. Nicolò da Siena. (2: Tavola de' Doc. d' Amore.)
Subjonctif.
Présent.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Aia, aie, aya (haya) aja, aia.
Aias, aies, ayas (hayas) ajas.
Aia, aie, aya (haya) aja, aia.
Aiam, hayamos, ajamos.
Aiatz, aiez, hayáis
Aian, aion, hayan ajaõ.
Italien:
Aia, première personne du singulier.
Illuminato mostro mi fore
E ch' aia umilitate nel core.
Jacopone da Todi, lib. 1, Sat. 12.
Aia, troisième personne du singulier.
“Non veggio amor chi contento aia 'l core.”
Barberini, Doc. d' Am., p. 189.
Nè ferma fede per esempio ch' aia.
Dante, Paradiso, XVII.
Verbes auxiliaires ESSER, ESTAR.
Infinitif.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Esser, ser, ser, esser.
Estar, ester, estre, estar, estar, star.
Estat, ested, estado, estado, stato.
Indicatif.
Présent.
Sui, soi, son, sui, soy, sou, son.
Estai, estau, este, estoy, estou.
Est, es, es, es.
Estas, estes, estás, estas.
Es, est, es, he è.
Esta, este, está, esta, sta.
Em, sem, emes, sem.
Estam, estons, estamos, estamos, stiamo.
Etz, Estatz, estez, (sois; estáis)
Sun, son, sont, son, som, son.
Estan, estent, están, estaō, stan.
Français:
Dans les divers monuments de l' ancien français, on ne trouve jamais l' emploi d' ESSER pour le présent de l' infinitif; c' est d' ESTER que, par le changement ordinaire de l' ER en RE, fut formé l' infinitif ESTRE. (: être)
Ester s' emploie encore aujourd'hui en quelques locutions; on trouve, dans les anciens auteurs, ASTER, ASTEIR, dans le sens d' ESTRE.
“Si lo comanderent asteir en un lieu.”
Trad. des Dial. de S. Grégoire. (1: Hist. Litt. de la Fr. t. XIII, p. 12.)
Ested, participe dans l' ancien français, est ensuite devenu Esté, et enfin Été.
La fud e out ested li tabernacles e li sanctuaries.
Trad. du Ier liv. des Rois, fol. 1. (2: Ib. p. 16.)
La première personne du présent ne prenait pas autrefois l' S final, qui la caractérise aujourd'hui.
Por vos sui en prison mis.
Fabl. d' Aucassin et Nicolette.
Qui sui touz siens et sui en sa devise.
Le roi de Navarre, chans. III.
L' ancien français a dit, au singulier, pour la seconde personne, êtes.
Biele suer, plaines estes d' outrage...
Molt estes de fol enfient.
Fabl. et Contes anc., t. 4, p. 31.
Emes, première personne du pluriel, venant d' EM, roman, se trouve dans quelques anciens monuments de la langue française.
En Calabre emes arrivet...
Trop emes travaillé par mer.
Roman de Protheslaus.
Portugais:
Le portugais a employé SOM à la troisième personne du pluriel.
E ssom compridouros. Doc. da Cam. do Porto 1361. (1: Elucidario t. II, p. 127.)
Italien:
L' O final peut être admis ou rejeté dans SONO, première personne du singulier et troisième personne du pluriel.
Già di veder costui non SON digiuno. Dante, Inferno, XVIII.
Dans l' ancien idiome on trouve SEM, roman, pour la première personne du présent au pluriel, au lieu de SIAMO.
Se da caldo SEM tratti. Jacopone da Todi, lib. III, oda 7.
Noi SEM levati al settimo splendore. Dante, Paradiso, XXI.
“Fuori SEM no' di casa nostra.” Guit. d' Arezzo, lett. III, p. 15.
Noi SEM venuti al luogo. Dante, Inferno, III.
Uomini fummi ed or SEM fatti sterpi. Dante, Inferno, XXII.
Assai SEM raggirati in alto mare. Ill. del Boccaccio, son. p. 63.
SON, STAN, troisièmes personnes du présent au pluriel:
“In Ravena son tante chiese quanti son dì nell' anno.”
Ill. del Boccaccio, p. 216.
“Già SON parati i tormenti, già STAN pronti i tormentatori.”
Segnor, pred. I, § 2.
Imparfait.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Era, ere, era, era, era.
Estava, esteie, estoie, estaba, estava, stava.
Eras, eras, eras.
Estavas, esteies, estoies; estabas, estavas.
Era, ere, era, era, era.
Estava, estaba, estava, stava.
Eram, éramos, eramos, eram.
Estavam, estábamos, estavamos; staviamo.
Eratz, erais
Estavatz, estiez, estabais
Eran, eron; erent, eran, eran, eran.
Estavan, estavon; estaban, estavaō, stavan.
Français:
ERE, IERE, première et troisième personne, se retrouvent dans l' ancien français.
Ce meisme mi fist tes pere
A ceste surce ù od lui ere.
Marie de France, t. 2, p. 66.
J' iere jà hors de ma jovente. Roman de la Rose, v. 13036.
Li remenoir m' a mis en la folie
Dont je m' iere gardez mainte seson.
Le Châtelain de Couci, chanson 23. (1: La Borde, Essai sur la Musique, t. II, p. 304.)
Com se j' iere tous seus en un vergier. Le roi de Navarre, chans. XVII.
Et avec ce qu' ele iere maigre. Roman de la Rose, v. 206.
D' un tertre qui près d' iluec iere. Roman de la Rose, v. 108.
Erent, troisième personne du pluriel:
Fors erent de chasteaux et fors erent d' amis.
Roman du Rou. (1: Brondsted, Bidrag til den Danske historie, p. 208.)
Que s' en erent ainsinc foï. Roman de la Rose, v. 6746.
Italien:
Eram et Eran, première et troisième personne de l' imparfait au pluriel:
Già eram desti, e l' ora s' appressava. Dante, Inferno, XXXIII.
Ch' eran nemici segreti per parte. Cronaca di ser Gorello. (2: Muratori, Rer. ital. Script., t. XV, 828.)
L' italien a dit aussi stavan au lieu de staviano.
Che i tre ch' eran mandati a la cucina,
E, ne i secreti miei, stavan da cesso.
Cronaca di ser Gorello. (3: Ib. t. XV, 839.)
Parfait Simple.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Fui, fui, fui, fui, fui.
Stei, (estuve) stei.
Fust, fust, (fuiste) fosti.
Fo, fon, fu, fó, fue, fo.
Fom, fuimos, fomos, fom.
Fotz, (fuisteis)
Foren, foron, fueron, foron, ; furon, furo.
Esteron, (estuvieron) steron.
Français:
Dans l' ancien français on trouve FUI, qui ensuite est devenu FUS.
Li vers qui erent en la pierre
Disoient en itel maniere...
“Itel, com tu es, itel fui,
Et tel seras come ge sui.”
Le Castoiement, cont. 28.
La troisième personne ne prenait pas le T final qu' elle a aujourd'hui.
Qui ne fu avers ni eschars...
Ce fu li plus saiges dou mont...
Ce fu li bons quens de Provence.
Bible Guiot, v. 323, 326, 341.
Espagnol:
L' ancien espagnol a eu, pour la seconde personne du présent, fust, roman.
“En el monumento resucitest e fust á los infiernos.”
Poema del Cid, v. 359.
Que digas si lo ovo, ca tu fust fiador.
Mil. de N. Sra, cob. 693.
Ont eres natural come fust convertido.
V. de S. Millán, cob. 81.
Sennor, dixo, et padre en buen punt fust nado.
Vid. de S. Domin., cob. 309.
Je pourrais me borner à dire qu' on ne peut voir, dans FUE, espagnol, que la modification ordinaire de l' O roman en UE; mais je citerai des exemples de l' emploi même de fó, qu' on trouve très fréquemment dans les anciens auteurs.
Quando fó en su tierra la carrera complida...
Algún malo por ello fó á bien convertido.
Mil. de N. Sra, cob. 216 et 328.
Comme Fueron représentait Foron, espagnol, on ne doit pas être surpris qu' il existe des exemples de l' emploi de Foron.
Quites, que nunca mais foron
San Marcos e San Mateus.
Ortiz de Zúñiga, Annal. de Sevilla.
Portugais:
L' ancien portugais employa Foro pour Foron. (1: Elucidario t. I, p. 265.)
Italien:
Stei, roman, se trouve, dans l' ancien italien, comme première personne du parfait au singulier.
Io fui donna religiosa,
Settant' anni stei rinchiusa.
Jacopone da Todi, lib. IV, canz. 36.
L' italien a aussi dit FO.
“Con lo stile che a lui FO possibile.”
Villani, prol. alle sue Storie.
Questo libro SI FO facto...
E come de terra FO lo homo formo.
Pietro Bascapé. (1: Tiraboschi, Stor. della Lett. ital., t. III, Pr. XIII.)
Questi FO padre del mio vescovado...
Questo FO Guido signor si valente.
Cronaca di ser Gorello. (2: Muratori, Rer. ital. Script., t. XV, 826.)
FOM, roman, première personne du pluriel du prétérit, se trouve dans l' ancien idiome.
Christian ne fe chiamare,
Quando in lui fom battisati.
Jacopone da Todi, liv. II, cant. 17.
FURON, FURO, FORO, out été employés pour la troisième personne.
“Mentre ella parlava furon lagrime sparte.”
Boccaccio, Decameron, III, 9.
Che semper furon come cani e gatte.
Cronaca di ser Gorello. (3: Ib. p. 847.)
“Con le più grandi giornate che gli furon possibili.”
Novelle inedite, p. 76.
“Per chè furo, donne mie, monasteri fatti?”
Guit. d' Arezzo, lett. X, p. 30.
Che 'n Sennaar con lui superbi foro.
Dante, Purgatorio, XII.
Steron a été aussi employé:
Pur non gli steron contra. Ariosto, Orlando, XXIV, 64.
Futur.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Serai, er, serai, ere, seré, serei.
Estarai, esterai, estaré, estarei.
Seras, seras, serás, serás.
Estaras, esteras, estarás, estarás.
Sera, sera, será, será, ; sarà, sera.
Estara, estera, estará, estará.
Serem, serum seremos, serémos sarem.
Estarem, estaremos, estarémos ; estaremo.
Seretz, serez, (seréis)
Estaretz, esterez, (estaréis)
Seran, serán, seraō seran.
Estaran, estarán, estaraō, ;estarano.
Français:
On trouve, dans l' ancien français, ere, iere, première personne du singulier, venant d' ER, roman.
Onques n' en oi guerredon...
Mès ja pour ce n' iere faus.
Gillebert. (1: La Borde, Essai sur la Musique, t. II, p. 166.)
Et à la première personne du pluriel, serum:
Que nus serum en descovert.
Marie de France, t. I, p. 88.
Italien:
Ti sera poi leggera...
E quel sera che 'l farà star con grandi.
Barberini, Doc. d' Am. p. 193 et 77.
Sarem fuor di speranza e fuor d' errore.
Petrarca, son., Ite caldi.
Omai ti seran piani
Tutti altri casi che posson venire.
Barberini, Doc. d' Am. p. 28.
Conditionnel.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Seria, sereie, seroie sería, seria.
Fora fuera, fora, fora.
Estaria, estereie, esteroie; estaría, staria.
Serias, sereies, seroies, serías, serias.
Foras, fueras, foras.
Estarias, estereies, esteroies estarías.
Seria sería seria, ; seria, saria.
Fora, fuera, fora, fora.
Estaria, estaría, staria.
Seriam, seríamos, seriamos.
Foram, fuéramos, foramos.
Estariam, estaríamos.
Seriatz, seriez
Foratz, (fuerais)
Estariatz, esteriez, (estaríais)
Serian, serían, serião; serian, sarien.
Foran, foren, foron, fueran, forão.
Estarian, estarían, stariano.
Espagnol:
Fora, roman, et fuera, espagnol, sont les mêmes.
Italien:
Je reproduirai, au sujet du conditionnel d' ESSER, la remarque que j' ai faite précédemment au sujet du conditionnel d' AVER.
Le conditionnel italien avrei, avrebbe, etc., n' est plus en analogie avec le principe d' après lequel, dans les diverses langues de l' Europe latine, le conditionnel fut formé en joignant au présent de l' infinitif les inflexions
de l' imparfait de l' indicatif; mais on retrouve en italien les vestiges du conditionnel roman. D' anciens auteurs ont dit saria, seria, etc.
“Che tale nel seculo seria non conosciuto... E che seria, se bene spirituale fusse.” Guit. d' Arezzo, lett. XIII, p. 37.
Lungo ben saria à narrare. Jacopone da Todi, lib. II, cant. 6.
Ciascuna de le tre saria men bella. Petrarca, son., Quest' anima.
“Non mi sarian credute le mie fortune.” Boccaccio, Decameron, VIII, 10.
I' non so se le parti sarian pari. Petrarca, son., Vago augelletto.
Che tosto sarien tratti di palagio. Cronaca di ser Gorello. (1: Muratori, Rer. ital. Script., t. XV, 380.)
Che 'ndarno vi sarien li gambe pronte. Dante, Purgatorio, III.
Non mi sarien chiuse
Le tue cogitazion, quantunque parve. Dante, Purgatorio, XV.
De même on trouve staria à la première et à la troisième personne.
Io più nascosto staria sol tecto. Cecco Nuccoli. (1: Allacci, Raccolta de' Poeti ant., fol. 220.)
Questa fiamma staria senza più scosse. Dante, Inferno, XXVII.
E la sua vita staria zoglosa. Cecco de gli Angiolieri. (2: Ib. fol. 210.)
Fora pour sarei et sarebbe.
Avegna ch' io non fora
D' habitar degno ove voi sola siete.
Petrarca, son. Il mio aversario.
“Che tale nel seculo sería non conosciuto, orrato e gradito è da baroni, che fora affanato e tribulato e tempestato nel mondo da tutte parte, posa e gaude in Dio pacificato.” Guit. d' Arezzo, lett. XIII, p. 37.
Troppo fora periglioso damnaggio. Guit. d' Arezzo, lett. V, p. 22.
Ben fora la pietà premio maggiore. Tasso, Amint., at. I, sc. 2.
Impératif.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Sias, seies, soies, (seas)
Esta, esta, (estate) esta, sta.
Sia, seie, soie sea, seja, sta.
Esta, esteja.
Siam, seamos, sejamos, siamo.
Estem, estemos, stiamo.
Siatz, soyez, (sed)
Estatz, (estad, estaos)
Sian, sion, sean, sejam, sieno.
Esten, eston, estén, estejaō; stieno, stiano.
Subjonctif.
Sia, seie, soie, sea, seja, sia.
Este, esté, esteja, stia.
Sias, seies, soies, seas, sejas.
Estes, estés, estejas.
Sia, seie, soie, sea, seja, sia.
Este, esté, esteja, stia.
Siam, seamos, sejamos, siamo.
Estem, estemos, estejamos, stiamo.
Siatz, soyez, (seáis)
Estetz, (estéis)
Sian, sion, sean, sejam, sian.
Est, esten, eston, estén, estejaō; stieno, stiano.
Portugais:
On dit aussi sejam en portugais.
“Que sejam e tornem en aquelle estado que eram.”
Doc. de Lamego, 1292. (1: Elucidario, t. 1, p. 374.)
Italien:
L' italien a employé Sian.
Si mi paion sian fole...
Se ben sian più che formichi.
Jacopone da Todi, lib. II, cant. 23 et 30.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Fos, fusse, (fuese) fossi, fus.
Estes, (estuviese) estivesse.
Fosses, fusses, fueses, fosses.
Estesses, estivesses.
Fos, fos, fosse.
Estes, estivesse.
Fossem, (fuésemos) fossemos.
Estessem, (estuviésemos) estivessemos,
Fossetz, fussiez, (fueseis)
Estessetz, (estuvieseis)
Fossen, fosson; fussent, fuesen, fossem; fosson, fossen.
Estessen, estesson; estivessem.
Espagnol:
L' ancien espagnol avait employé FOS, FUES, romans, au lieu de FUESE qui est resté dans la langue.
Que cada uno d' ellos bien fos ferir el so.
Poema del Cid, v. 3602.
Quando la luna fues plena.
Sacrificio de la Misa, cob. 148.
Que fues quando era morta cerca el soterrada.
Vid. de S. Millán, cob. 349.
On trouve même le pluriel Fuessen, qui représente le Fossen roman.
Rogaba que la fuessen á sos piedes poner.
Vid. de S. Millán, cob. 131.
Il existe dans l' italien des traces de l' emploi de FOS, FOSSON, FOSSEN, romans.
O ella fosse nata d' un zigante...
Et o fus un che tocasse somaglio.
Cecco di M. Angiolieri. (1: Allacci, Raccolta de' Poeti ant., fol. 147.)
E à chi fosson i troppo humori discesi. Burchiello da Fiorenza. (2: Ib. fol. 204.)
E benchè si dicesse che cento occhi
Fussen viduti ad Argon che guardava.
Burchiello da Fiorenza. (3: Ib. fol. 134.)
Selle caverne fossen bene acorte. Burchiello da Fiorenza.
(4: Ib. fol. 135.)
Verbes réguliers.
Avant de présenter les rapports qui existent entre les modes, les personnes et les temps des verbes de chaque langue, il me paraît convenable de constater divers accidents grammaticaux de l' ancienne langue française.
1° Les verbes qui aujourd'hui prennent l' E muet final qui caractérise la première et la troisième personne du présent de l' indicatif au singulier, comme aime, prie, ne prenaient pas toujours cet E, et l' on disait, aim, pri, etc.
2° D' autres verbes, qui terminent la première personne du présent par l' S final, tels que vois, prends, rejetaient parfois cet S, et l' on disait voi, prend, etc.
3° Il en était de même pour la seconde personne de l' impératif, qui employait fai, secor, sustien, au lieu de fais, secours, soutiens.
4° Les premières personnes du pluriel qui, dans les divers modes, et dans les divers temps, ont leur désinence caractéristique en ONS, IONS, rejetaient souvent l' S, et avaient leur désinence en OM, UM, ON, IOM, IUM, ION.
5° Soit dans les auxiliaires, soit dans les verbes tant réguliers qu' irréguliers, les premières personnes qui, aujourd'hui, prennent l' inflexion OIS au singulier, étaient terminées en EIE, OIE; et les secondes personnes qui ont la même inflexion OIS, prenaient EIES, OIES.
De ces formes, les trois premières étaient entièrement romanes, et les deux autres n' offraient qu' une légère modification.
Absence de l' E muet final dans les premières personnes du présent de
l' indicatif au singulier.
Assonnances en A:
“Je ne cac ne cerf ne porc.” Fabl. d' Aucassin et Nicolette.
“Lui ai chacié, or chaz ma femme.” Roman de Tristram.
Pensez, amis, que je faz molt. Partonopex de Blois. (1: Not des MS. de la Bibl. du Roi, t. IX, part. II, p. 67.)
Jo li mand que ne vuil pas. Trad. du IIe liv. des Rois, fol. 48.
“Je te commant m' ame en ceste heure derniere.” Chron. de France. (2: Recueil des Hist. de Fr., t. V, p. 304.)
A Dieu command vostre beauté. Clément Marot, t. 3, p. 131.
Que je ne chant, puis c' amours m' en semont.
Le Roi de Navarre, chans. VI.
Et m' amez, je vous créant
De moi aurez riche don.
Le roi de Navarre, chans. XL.
Quant je regard ceste croute. Fabl. et Cont. anc. t. I, p. 375.
Qu' es-ce que j' ai? por qoi tresail? Fabl. et Cont. anc, t. 4, p. 149.
Ke je me claim vaincus, sans plus cop tendre.
Le roi de Navarre, chans. XXXVI.
Pour çou que j' aim ceste contrée. Marie de France, t. I, p. 510.
Je vous aim mout parfitement...
Mais je vous aim de bone amor.
Fabl. et Cont. anc., t. 4, p. 60.
Mais je l' aim plus ke nule riens vivant. Le Roi de Navarre, chans. XVII.
Et me dist je t' aim moult. Roman de la Rose, v. 1938.
Que nuit et jour bais cent fois d' un estal...
Je la lais sans demourer. Le roi de Navarre, chans. XVIII et XL.
Je te lais mon filz en ostages. Chron. de France. (1: Recueil des Hist. de France, t. III, p. 299.)
Assonnances en E:
“Je en apel celui qui ce fera devant Dieu.” Chron. de France. (2: Ib. t. III, p. 241.)
Si mal l' en vient, ne m' en merveil. Fabl. et Cont. anc. t. I, p. 359.
Biax, douz amis, bien je t' amend. Gautier de Coinsi. (3: Gloss. sur Joinville, A.)
Quanque je pens, riens ne me vaut. Fabl. et Cont. anc., t. 4, p. 332.
Assonnances en I:
Mes, je me fi tout adès en ma foi...
Que j' en oubli le voir et la ouye.
Le Roi de Navarre, chans. XXXVII et LIX.
Dieu pri que corage vous doingne. Fabl. et Cont. anc. t. I, p. 182.
“Je vous pri touz.” Chron. de France. (1: Recueil des Hist. de Fr., t. III, p. 167.)
Quitte moi, je te pry, je ne veux plus de toi. Malherbe, liv. 1.
Bergers, je vous supply, retirez vos troupeaux.
Remi Belleau, fol. 53.
Toujours remir sa semblance. Le roi de Navarre, chans. IX.
“Las je desir la mort.” Chron. de France. (2: Ib. p. 225.)
Or chant, or plour, et or sospir. Le roi de Navarre, chans. V.
Car mult pris son linage. Roman de Guillaume au court nez.
Et j' en cuit bien venir à chief. Fabl. et Cont. anc. t. I, p. 180.
Je ne quit mie que vous m' amés. Fabl. d' Aucassin et Nicolette.
Assonnances en O:
“Je te LO que tu voises au roi.” Chron de France. (3: Ib. p. 251.)
J' aim totes dames comme moi,
Mon cuer et mon cors lor otroi.
Partonopex de Blois. (4: Not. des MS. de la Bibl. du Roi, t. IX, part. II, p. 53.)
D' un borgois vous accort la vie. Fabl. et Cont. anc. t. 3, p. 451.
Se je plor souvent en requoi. Fabl. et Cont. anc., t. I, p. 135.
Raison me dit que j' en ost ma pensée. Le roi de Navarre, chans. XXIX.
Je chant et deport. Le roi de Navarre, chans. XXIII.
Je m' en rapport. Charles d' Orléans, p. 282.
Par qui vous os mon message noncier. Le roi de Navarre, chans. VI.
Dire vous os tout en apert. Roman de la Rose, v. 12421.
Que je me dout forment de male gent. Le roi de Navarre, chans. II.
Assonnances en U:
De vos et des autres m' eskiu. Fabl. et Cont. anc. t. I, p. 139.
Je vous jur Dieu tout sanz faintise. Fabl. et Cont. anc., t. 3, p. 287.
“Je te conjur de Dieu le tout puissant que tu ne m' occies.”
Chron. de France. (1: Recueil des Hist. de Fr., t. I, p. 218.)
Absence de l' E muet final dans les troisièmes personnes du présent de l' indicatif au singulier.
Que qui aim, repente s' en s' il puet. Le roi de Navarre, chans. XXXVII.
Sur ses fiez salt. Fabl. et Cont. anc., t. I, p. 87.
Amours le mant, et, puisqu' il est ses grez,
Ou je mourrai ou je raurai m' amie.
Le roi de Navarre, chans. XXIX.
Come cele de cui ma chançon chant. Le roi de Navarre, chans. XVI.
Chascuns se gart devant la mort. Bible au seignor de Berze, v. 49.
Qu' elle ne cuit que je soie faintis. Le roi de Navarre, chans. II.
Ce est raisons, qui a amer enprent,
Qu' il ne dout mort, ne paine, ne folie.
Le roi de Navarre, chans. XXIX.
Absence de l' S final dans les premieres personnes du présent de l' indicatif au singulier.
“Se dist: ne ni sai, ne ni n' enten ce ke tu dis.”
Exposition d' Haimon. (1: Mém. de l' Ac. des Inscr. et Belles-Lettres, t. XVII, p. 75.)
Bien sai et voi que ce n' est mie à gieus. Le roi de Navarre, chans. XXIV.
“Et se je remain ci, on me prendera.” Fabl. d' Aucassin et Nicolette.
Non, en volant si haut, je ne crain pas l' orage.
Bertaud, p. 403.
Nul outraige, dame, je ne vos requier. Le roi de Navarre, chans. II.
Vrais Diex, a vous m' en ren coupable. Fabl. et Cont. anc. t. I, p. 235.
Toz jors à mon pooir vous serf. Fables et Cont. anc. t. I, p. 356.
Je vous di bien une rien, sans mentir. Le roi de Navarre, chans. XXIX.
Je ne voi ni bas ne haut. Le roi de Navarre, chans. XXVI.
Dès que j' oi de li parler. Le roi de Navarre, chans. XXII.
Que ne sui ne clers ne letrez,
Ne je n' enten autoritez
Fors que je tant bien sai et voi.
Bible au seignor de Berze, v. 376.
Absence de l' S final dans les secondes personnes de l' impératif au singulier.
Mais pren bon cuer e si t' avance. Roman de la Rose, v. 6874.
Sustien mes pas en tes sentes. Trad. du ps. 16, MS. n° I.
Ne di mie tot ton penser. Fabl. et Cont. anc. t. 2, p. 64.
Secor ton serf, secor ta serve...
Secor nous, car en est mestiers.
Fabl. et Cont. anc. t. 4, p. 135.
“Espant la tue ire es genz ki tei ne cunurent.” Trad. du ps. 78, MS. n° I.
“Espand ta forcenerie sur ces genz.” Trad. du ps. 78, psaut. de Corbie.
“Fai à els si cum à Madian.” Trad. du ps. 78, psaut. de Corbie.
Dis-ge bien? respon, que t' en semble? Roman de la Rose, v. 5852.
“Oi la voiz de mes preieres, cum jo crierai à tei.”
Trad. du ps. 27, MS. n° I.
“Car est escrit: repaire del mal e si fai lo bien.”
Trad. des Dial. de S. Grégoire. (1: Hist. Litt. de la France, t. XIII, p. 8.)
“Reqier de mei e jo durrai à tei.” Trad. du ps. 2, MS. n° I.
“Pren les armes... e defen te terre.” Fabl. d' Aucassin et Nicolette.
Fui-t'en de nuit à tes amis. Le Castoiement, conte I.
Mil foiz te porvoi de l' ami. Le Castoiement, conte 2.
Absence de l' S final dans les premieres personnes du pluriel.
“Pur ço si devum depriendre ces ki sunt de sun lignaige, que neis un n' i remaigne en tute la terre d' Israel.” Trad. du IIIe Livre des Rois, fol. 69.
Et de plusurs l' avum nus véu. Marie de France, t. I, p. 126.
“Pur ço l' avum fait.” Trad. du IIe liv. des Rois, fol. 67.
En north alum, en north venum,
North fumes nez, en north manum.
Robert Wace, roman de Rou. (2: Nouvelle Histoire de Normandie, p. 447.)
“Sire, sire, jo e ceste meschine avum mes en une mesun.”
Trad. du IIIe livre des Rois, fol. 82.
“Si nus fuium de champ.” Trad. du IIe livre des Rois, fol. 63.
Nos ne savom de quel pais. Roman de Tristram.
“Nus n' avum ne pain ne el... mal sur mal fait avum.”
Trad. du Ier livre des Rois, fol. 10 et 14.
Deus, nus te loum; sire, nus te regehissum. Trad. du Te deum. (1: Mus. Brit., bibl. Cotton.)
Ices choses, dont nus parlum,
Esteient pleines, ço nus trovum.
Marie de France, t. 2, p. 457.
Nos alum noz deduiz querre. Roman de Protheslaus.
“Nos vos loom que vos le preigniez, et si le vos prion.”
Villehardouin, p. 31.
“Rei volum aveir sur nus.” Trad. du Ier livre des Rois, fol. 14.
Nos volon faire charbonnées. Fabl. et Cont. anc., t. I, p. 262.
Là comence l' histoire que nos dire devon. Roman de Rou. (2: Brodsted (: Brondsted), Bidrag til den Danske historie, etc., p. 94.)
Por Diex! de trop mirer leurs agaiz nous gardon...
Je ne sui mie pleiges, se trop les esgardon.
Testam. de J. de Meung.
Ne nus ne l' avium véu. Marie de France, t. I, p. 144.
N' en parlerom à lui jamès. Roman de Tristram.
“Al prudume en irum.” Trad. du Ier livre des Rois, fol. 10.
“Le matin a vus vendrum, et en vostre merci nus metrum.”
Trad. du Ier livre des Rois, fol. 13.
A Rou sommes venu, et de Rou vous diron...
Mez por l' œuvre esploitier les vers abrigeron.
Roman du Rou. (1)
Car ambedui ce sai morron
Plutot, espoir, que ne vorron.
Roman de la Rose, v. 81175.
Car eissi j' irom plus gentement.
Benois de Sainte More. (2)
“Vien od mei e sejurnum ensemble en Jerusalem.”
Trad. du IIe livre des Rois, fol. 67.
N' alon pas à cele maison. Le Castoiement, cont. 6.
Gardon le, si l' en saichon gré. Le Castoiement, conte 15.
“Alum ent en Galgala e renuvelum nos.”
Trad. du Ier livre des Rois, fol. 13.
Ke le regne pussum merir. Pierre de Vernon. (3)
Par coi à Deu puissum venir. Fabl. de l' Ermite. (4)
(1) Brondsted, Bidrag til den Danske historie, etc., p. 94.
(2) Roman des ducs de Normandie, nouv. hist. de Normandie, p. 432.
(3) Hist. Litt. de la France, t. XIII, p. 118.
(4) Roquefort, de la Poésie française, p. 335.
“Prie Deu pur nus tes serfs que tuit ne murium.”
Trad. du Ier livre des Rois, fol. 14.
“Si nous estions sages tuit y penserion.” Testam. de J. de Meung.
Premières personnes au singulier avec l' inflexion EIE.
Je mes denz aiguisiez aveie. Marie de France, t. I, p. 318.
Ke je vus seie en present. Marie de France, t. I, p. 214.
U jeo suleie mun ami veir. Marie de France, t. I, p. 324.
“E pur quei dunc te serreie e à charge e à cust.”
Trad. du IIe livre des Rois, fol. 67.
Que malement aureie uvré. Marie de France, t. 2, p. 212.
Sire, cument me hastereie. Marie de France, t. 2, p. 156.
Kar trop suventes fois mordreie,
E à plusurs gens meffereie.
Marie de France, t. 2, p. 176.
Jeo te fereie à li parler. Marie de France, t. I, p. 342.
“Si m' en dunasses mil de tes deniers, ne metereie main sur le fiz le Rei.”
Trad. du IIer livre des Rois, fol. 64.
Et dist: Sire, je contereie,
Si vos congé en avereie.
Marie de France, t. 2, p. 493.
Premières personnes au singulier avec l' inflexion en OIE.
Ke sien sui où ke je soie. Le roi de Navarre, chans. XLVII.
Car je quidoie s' entre vos bras estoie. Le roi de Navarre, chans. XXXIII.
Amour cogneu bien que j' estoie,
En ce propos, sans changement.
Charles d' Orléans, p. 290.
Comment Diex me fist home quant je n' estoie rien.
Testam. de J. de Meung.
S' autre cose n' en avoie. Le roi de Navarre, chans. XLVII.
Se venjance avoir en voloie. Roman de la Rose, v. 7042.
Mais se j' amoie autant com dit avez. Le roi de Navarre, chans. LIII.
Car honte leur cuidoie fere. Fabl. et Cont. anc. t. 4, p. 142.
“Et que je l' avoie une fois baisie... Je l' arderoie en un fu.”
Fabl. d' Aucassin et Nicolette.
Escondire ne vous pourroie. Charles d' Orléans, p. 291.
Jà voir amende n' en prendroie,
Bien l' offrist, ains li pardonroie.
Roman de la Rose, v. 7893.
Quant celi qui j' aimeroie
Et qui tant m' aurait conquis.
Le roi de Navarre, chans. XLVII.
Moult autrement me vengeroie.
Roman de la Rose, v. 7041.
Se Dex me doinst ce que je li querroie.
… Que por li je morroie,
… K' estre ne voudroie
En paradis, se ele n' estoit moie.
Le roi de Navarre, chans. XXXIII.
Se vous vivez et ge moroie,
Tous jors en vostre cuer vivroie.
Roman de la Rose, v. 8181.
Lors demanday se j' y liroye...
Il dit que trop poine prendroye.
Charles d' Orléans, p. 311.
Secondes personnes au singulier avec l' inflexion en EIES.
Quand tu, fet-il, riens n' en saveies
Ne sa parole n' entendeies.
Marie de France, t. 2, p. 234.
Se tu od toi les emporteies
Et ensi nue me laisseies.
Marie de France, t. I, p. 502.
E tu meismes me heireies
E pur trahitor me tenreies.
Marie de France, t. I, p. 154.
“E te ne serreies pas mis guaranz.”
Trad. du IIe livre des Rois, fol. 64.
Amis, certes se tu créeies
Nos conseilz, jà n' i entreies.
Marie de France, t. 2, p. 435.
“Ne te jurai par nostre seignur que al jur que tu istereies de Jerusalem, que tu i murreies, e tu respundis que bien le grantas.” Trad. du IIIe livre des Rois, fol. 81.
“Se tu véeies larrum, tu consenteies à lui.”
Trad. du ps. 49, MS. n° I.
Secondes personnes au singulier avec l' inflexion en OIES.
E redisoies d' esperance...
Et por fox néis te tenoies
Dont en mon service venoies,
Et t' accordoies a raison
N' estoies-tu bien mavez hom?
Roman de la Rose, t. 10369 et suiv.
Miex les heriteras, se tu bien les doctrines,
Que se tu leur lessoies d' or et d' argent dix mines.
Testam. de J. de Meung.
Ge di que croire ne devroies
Tote la rien que tu orroies.
Le Castoiement, cont. 20.
Tu devroies congnoistre les clers de t' éveschié.
Testam. de J. de Meung.
Première conjugaison.
Verbes en AR.
Infinitif.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Ar, er, ar, ar, ar.
Ant, ant, ant, ante, ante.
At, et, ato, ato, ato.
La langue française a changé en ER la désinence AR, caractéristique de la première conjugaison des verbes romans; ce changement a été expliqué.
L' espagnol, le portugais et l' italien, ont pris l' E final euphonique au participe présent; il existe toutefois des preuves que l' ancien espagnol se servait d' ANT roman que le français a conservé.
Ne li fizó de danno un dinero pesant...
Maguer que fué el fuego tan fuert é tan quemant.
Mil. de N. Sra, cob. 324.
Como so tan pesant entre mi voluntat. Mil. de N. Sra, cob. 665.
L' ancien français changea en ET la désinence romane AT du participe passé; de nombreux monuments attestent l' usage de cet ET qui depuis a été remplacé par É.
Dans les exemples suivants, j' ai choisi de préférence des participes passés sujets au pluriel, afin qu' on pût reconnaître la désinence ET dans ces sujets qui ne prennent pas l' S final, et j' ai mis quelques exemples de sujets au singulier, qui, au lieu du T, ont le Z ou TS.
Désinence en ET des participes passes français de la première conjugaison.
“Seient deliuret li tuen amet... cume amet sunt li tuen tabernacle..., assemblet sunt li abisme en mi la mer.”
Trad. du ps. 107, 83, cantemus domino, psaut. de Corbie.
“Jo fui a plaies aparaillez... e il sunt aparaillet.”
Trad. des ps. 37 et 58, MS. n° I.
Chiès un autre qui de li est amez. Le roi de Navarre, chans. XLIV.
En tutes curts sunt avilet. Roman de Protheslaus.
“Fait sumes si cum confortet... il meesme mandat e criet sunt... seient conturbet en siecle.” Trad. des ps. 125, 147, 82, psaut. de Corbie.
“De la tue main debutet sunt... et nus delioret sumes.”
Trad. des ps. 87 et 123, psaut. de Corbie.
Puis que me sui à ma dame donez. Le roi de Navarre, chans. XXIX.
“Il sunt encurvet... il serunt enivret de la greisse... seient esparpeillet li enemi de lui... estrangiet sunt li pecheur.” Trad. des ps. 19, 35, 67, 57, MS. n° I.
Li ciel sont fermet; Trad. du ps. 32, MS. n° I.
“E humiliet furent en lur felunie.” Trad. du ps. 105, psaut. de Corbie.
“Sire, pur quei sunt multipliet mi enemi... il sunt multipliet.”
Trad. des ps. 3 et 24, MS. n° I.
“Que puissent estre recuntet.” Trad. du ps. 39, MS. n° I.
Si sont au moustier retornet. Fabl. et Cont. anc., t. 4, p. 38.
“E saulet sunt mult.” Trad. du ps. 77, psaut. de Corbie.
“Il esteient travaillet... turbet sunt ti abysme.”
Trad. des ps. 76 et 106, psaut. de Corbie.
“Serunt trasturnet mi anemi... desque il seient triblet.”
Trad. des ps. 37 et 57, MS. n° I.
“Erranment fud quis, mais il n' i fud pas truvez.”
Trad. du Ier livre des Rois, fol. 12.
Quelquefois le participe en ET prenait un i après l' E, et avait la désinence EIT; j' ai prouvé qu' il en était de même pour les substantifs en ET.
Li avogleit ne sevent esgardeir. Trad. des Morales de S. Grégoire, fol. 20.
“Il savoit bien k' il anzois ne seroit delivreiz de cèle pesme racine.” Sermons de S. Bernard, fol. 16.
“Et que virgine permanast cèle k' enfant avait porteit et enfanteit.”
Sermons de S. Bernard, fol. 81.
“Li plusor qui là furent assembleit.”
Trad. des Dial. de S. Grégoire, liv. 4, ch. 32.
“Car cist tens est atorneiz por les airmes et ne mies por les cors.” Sermons de S. Bernard, fol. 16. (1: Glossaire sur Joinville, A.)
Indicatif.
Présent.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Am, aim, amo, amo, amo, ami.
Amas, ames, amas, amas,
Ama, ame, ama, ama, ama.
Amam, amum, amamos, amamos, amam.
Amatz, amez, (amáis)
Aman, aman, amam, aman.
Imparfait.
Amava, amoue, amoie, amaba, amava, amava.
Amavas, amoues, amoies, amabas, amavas,
Amava, amoue, amaba, amava, amava.
Amavam, amábamos, amávamos; amávamo.
Amavatz, (amabais)
Amavan, amaban, amavam, amavan.
Parfait simple.
Amei, amai, amei, amé, amei; amai, amei, amiei
Amest, amest (amaste) amesti,
Amet, amet, ameit, (amó) amette,
Amem, (amamos) amemmo.
Ametz, (amasteis)
Ameren, amon, amaron; amarom; amaron, ameron.
Futur.
Amarai, amerai, amaré, amarei, amaro.
Amaras, ameras, amarás, amaras.
Amara, amera, amará, amara, amara.
Amarem, amaremos, amaremos; amarem.
Amaretz, amerez, (amareis)
Amaran, amarán, amaram, amaran.
Indicatif présent.
J' ai prouvé précédemment que l' E muet français n' avait pas toujours caractérisé la première et la troisième personne du singulier.
Le changement de l' AS et de l' A roman, en ES et E dans la seconde et la troisième personne, a été expliqué.
J' ai fait connaître aussi qu' au lieu d' aimons terminé par l' S, l' ancien français, plus rapproché du roman, disait aimum, aimon, désinence qui rappelle d' autant plus la désinence romane, que l' on retrouvera bientôt à l' imparfait le changement déja indiqué de l' A intérieur roman en O français.
EZ du pluriel représente ATZ, AZ, roman, par le changement de l' A final ou pénultième en E français.
L' italien offre souvent la première et la troisième personne des pluriels sans l' O final.
Mais je ne dois pas omettre qu' il a parfois la première personne du présent, en I, au singulier, accident grammatical qui existait dans la langue romane, ainsi que je l' ai dit dans la grammaire.
Madona che io ami. Boccaccio, Decameron, I, 10.
Le portugais a souvent terminé les troisièmes personnes du pluriel en AM, ce qui équivaut à AN roman.
Os moradores que ora i moram. Carta d' El Rey Joam. I, 1386. (1: Elucidario t. I, p. 161.)
Imparfait.
Les inflexions diverses qu' a prises successivement l' imparfait français de la première conjugaison, sont dignes d' être observées par les linguistes.
AVA, roman, a produit OUE, on a déja remarqué que l' A intérieur a souvent été changé en O, et il n' y a nul doute sur la modification de l' A final en E muet.
L' ancien imparfait français disait donc
Amoue, amoues, amoue, amouent.
En voici des preuves:
Première personne du singulier.
“Jo duil sur tei, cher frere Jonathas, bels e amiables que jo amoue si cume la mere sun fiz.” Trad. du IIe livre des Rois, fol. 41.
“Jo acertes aoroue... jo aloue l' innocence... jo desiroue.”
Trad. des ps. 100, 108, 118, psaut. de Corbie.
“Jo crioue a tei.” Trad. du ps. 30, MS. n° I.
“Esperoue desque al matin...”
Trad. de l' Ego dixi in medio, psaut. de Corbie.
“Io esgardoue a destre... en mi nuit m' esdreçoue.”
Trad. des ps. 141 et 118, psaut. de Corbie.
“Pur cendre ensement cume pain manjoue, e le mien boivre ot pleurement mesdloue.” Trad. du ps. 121, psaut. de Corbie.
“Sire, si jo l' osoue dire.” Roman de Protheslaus.
“Od mun queor parlowe e encerchowe mun esperit... jeo parlowe, e defailleit mis esperiz.” Trad. du ps. 76, MS. n° I.
“E parloue de tes testimonies... parloue pais de tei... cum jo parloue a els.” Trad. des ps. 118, 119, 121, psaut. de Corbie.
Amis, fet ele, je pensoue
E vos cumpainuns remembroue.
Marie de France, t. I, p. 382.
Pensoue co serreit hontage,
Se par vos i eust damage.
Roman de Protheslaus.
E purpensoue en tes cumandemenz.
Trad. du ps. 118, psaut. de Corbie.
“Jeo purpensowe jorz anciens... jeo recordowe mes salmes en nuit.” Trad. du ps. 76, MS. n° I.
Ainz quidoue aveir mun ami. Marie de France, t. I, p. 338.
Seconde personne.
Desque tu regardoues a mei. Trad. du ps. 141 psaut. de Corbie.
Encontre tun frere parloes. Trad. du ps. 49, MS. n° I.
Troisième personne.
Ces quatre chevaliers amoue
E chescun por sei cuveitoue.
Marie de France, t. I, p. 380.
Troisième personne du pluriel.
“Alant alouent et plorouent.” Trad. du ps. 125, psaut. de Corbie.
Li uns alouent coroné
Cume rei e si atorné.
Marie de France, t. 2, p. 474.
Il m' amouent sur tute riens.
Marie de France, t. I, p. 380.
“E en forsenerie cuntrariowent a mei.” Trad. du ps. 54, MS. n° I.
Par les viles ù il errouent,
Set feiz le jur resposouent.
Marie de France, t. I, p. 336.
“Ses fiz overouent malement, e chastier nes voloit.”
Trad. du Ier livre des Rois, fol. 5.
“A mei parlowent agueiz... encontre mei parlowent ki seeient en la porte e chantowent bevanz... que il tolissent la meie anme purpensoent... tute jures purpensowent.” Trad. des ps. 37, 68, 30, 37, MS. n° I.
Issi faiterement parlouent
Li Diable e amonestouent.
Marie de France, t. 2, p. 445.
Li Diable les rebotouent,
Od crocs de fer enz les plunjouent.
Marie de France, t. 2, p. 456.
Quidouent tuz comunalement. Marie de France, t. I, p. 186.
Ces inflexions OUE, OUES, des verbes français à l' imparfait, n' appartenaient qu' aux verbes de la première conjugaison; j' ai dit que les inflexions romanes correspondantes étaient AVA, AVAS, de la conjugaison en AR.
Comment s' est-il fait que de l' imparfait primitif en OUE la langue française soit enfin parvenue à faire ses imparfaits en OIS?
Les monuments de la langue expliqueront ce phénomène grammatical.
De même que AVA, roman, de la première conjugaison, produisit OUE, l' IA roman, de la seconde et de la troisième conjugaison, fut changé par la langue française en EIE, OIE; on en verra les preuves, lorsque je parlerai de ces conjugaisons.
La langue n' était pas tellement fixée que chaque conjugaison française restât rigoureusement dans les limites que la langue romane avait assignées et qu' elle avait constamment respectées.
Bientôt les verbes français de la première conjugaison prirent l' inflexion OIE, à l' imparfait.
Que se dire l' osoie...
Je me cuidoie partir.
Le roi de Navarre, chans. XXV et XXVI.
Qui une dame amoie...
A Dieu les comandoie...
Moniot d' Arras. (1: La Borde, Essai sur la Musique, t. II, p. 206 et 207.)
A la vie que tu meoies. Roman de la Rose, v. 10418.
Et l' acordoies a raison. Roman de la Rose, v. 10373.
Ensuite l' E muet final d' amoie fut parfois supprimé, et il ne resta qu' amoi à l' imparfait et aux autres temps dont l' inflexion était en OIE.
Voici des exemples de cette inflexion OI:
Ces beaux contes j' escoutoy
Dont j' estoy
Bien digne d' estre decue...
Et tel, si fole n' estoy
Que deuroy
En eviter l' alliance.
Joachim du Bellay, fol. 261 et 264.
Alors l' S final adopté pour caractériser les premières personnes du singulier de divers temps de l' indicatif fut pareillement appliqué aux mêmes personnes de l' imparfait et du conditionnel qui primitivement avaient eu l' inflexion EIE, OIE.
Italien:
La langue italienne a pu employer la première personne du pluriel roman, AVAM, et la troisième AVAN.
Non lasciavam l' andar, perch' e' dicessi,
Ma passavam la selva tutta via.
Dante, Inferno, IV.
Parlavan rado con voci soavi. Dante, Inferno, IV.
Français:
AI, français, première personne du parfait simple au singulier, diffère d' EI, roman, par l' orthographe et non par la prononciation. Aussi, on peut rencontrer, quoique rarement, EI au lieu d' AI, dans l' ancien français.
A une fontaine,
Lez un bois ramé,
Johanne et Alaine
Soules y trouvey,
Je les saluey.
Chanson anonyme dans les MS. de Clairambaut. (1: Bibliothèque du Roi.)
On trouve aussi ET, roman, au lieu d' A ou AT, inflexion de la troisième personne au singulier.
“Et dist a lui: tu estoies avoc Jehu de Galileie; cil desnoieit devant toz et se dit: ne ni sai ne ni n' entent ce ke tu dis. Si ussit fuers davant la cort, se chanteit li jas... Maintenant lo parax chanteit li jas... Se recordeit Pieres la parole Jhesu.” Trad. de la Passion selon S. Mathieu. (2: Mém. de l' Ac. des Inscr. et Belles-Lettres, t. XVII, p. 725 et 726.)
“Crist, sicum il est ja manifesteit en pluisors leus, ki par lo sanc de sa passion desarmeit lo ciel, s' entreit ens secreiz del celestial pais.”
Sermon de Maurice, évêque de Paris. (3: Id. Ibid.)
Parfait composé.
Je crois convenable de montrer que le parfait composé employait les participes en ET, comme l' analogie l' exigeait.
“Ço que je t' ai otried.” Trad. du Ier livre des Rois, fol. 4.
“Tu as confortet mei.” Trad. du ps. 85, psaut. de Corbie.
“Car tu, sires, as aided à mei.” Trad. du ps. 85, MS. n° I.
“Deus ad altre truved sulunc sun quer.”
Trad. du Ier livre des Rois, fol. 15.
Au sac vint, si l' a deslachiet
Et dedans a son brait muchiet
Por le bacon atraire fors.
Fabl. et Cont. anc., t. IV, p. 39.
“Li sires a envoiet son angele.” Trad. des Dial. de S. Grégoire, l. I, ch. 3.
Que chi avés or aportet. Fabl. et Cont. anc. t. IV, p. 40.
Alsi com ge ci devant ai parleit. Trad. des Dial. de S. Grégoire.
(1: Hist. Litt. de la France, t. XIII, p. 36.)
Espagnol:
Dans la langue espagnole, l' inflexion É de la première personne du parfait, au singulier, est évidemment une contraction d' EI roman. (2: Il y a des exemples que EI a été employé en espagnol pour HE, première personne d' AVER.
Des que esto EI visto. Poema de Alexandro, cob. 2462.)
Ce qui ne permet guère d' en douter, c' est que, dans les anciens monuments de la langue, on retrouve au singulier la seconde personne en EST, inflexion purement romane que l' espagnol a ensuite changée en ASTE.
Levest pocca ganancia quando luchest comigo.
Vid. de S. Millán, cob. 268.
Tu librest á Jonas del vientre del pescado. Milag. de N. Sra, cob. 454.
Sennor, que per tos siervos dennest prender passion.
Vid. de S. Millán, cob. 119.
Tu mucho cobdiciest la nuestra compannia. Mil. de N. Sra, cob. 135.
Diste conseio malo, matest al mio romero. Mil. de N. Sra, cob. 202.
Portugais:
L' EI roman a été conservé en portugais sans aucune altération.
Italien:
J' ai déja eu occasion de prouver que le verbe STAR avait conservé en italien son inflexion romane EI, à la première personne du singulier; il y a d' autres verbes italiens qui ont conservé le même vestige roman.
L' inflexion romane était EI ou IEI, on retrouve les deux formes en italien.
“A Frate Gaddo e a Finfo, come imponeste mi, il mostrai e diei scritto.”
Guit. d' Arezzo, lett. 35, p 81.
Io glie donai memoria
Ne lo mio piacimento:
De la celeste gloria
Glie diei lo 'ntendimento.
Jacopone da Todi, lib. IV, cant. 6.
Esser en brazzo stretto di coley
En cui l' anima e 'l cor e 'l corpo dey.
Cecco di M. Angiolieri. (1: Allacci, Raccolta de' poeti ant., fol. 208.)
“Io mi servii del mio beneficio quando lo dei.”
Varchi, trad. di Sen. benef. lib. 7.
Les verbes FAR, SATISFAR, ont pareillement l' inflexion de la première personne du singulier en EI.
Ver me si fece ed io ver lui mi fei. Dante, Purgatorio, VIII.
Dell' amor mio fei Polinnesso certo. Ariosto, Orlando, V, 72.
Ebbi io contrition vera,
Confession pura e sincera;
Satisfei tosto all' entiera.
Jacopone da Todi, lib. IV, cant. 38.
Esti, seconde personne dans quelques verbes, représente EST roman.
La troisième personne romane au singulier, ET, se trouve dans les patois de la haute Italie, (2) ce qui explique comment il y a en italien des troisièmes personnes en ETTE, telles que, DETTE, STETTE, etc.
(2) Voici des exemples du patois de Bergame:
“Andet al sepulcher... se det de la ma in dol cò... Andet da lu.”
Salviati, Avv. della ling., t. I, p. 281 et 282.
La traduction de la bible en langage de l' Engaddine commence par ces mots: “In il principi creét Deis il tschel è la terra.”
L' analogie exigea que les premières personnes de ces verbes fussent en EMMO, et les troisièmes personnes en ERON.
“Ai ragionamenti dilettevoli demmo luego.”
Boccaccio, Decameron, VII, 10.
Noi demmo il dorso al misero vallone.
Dante, Inferno, XXXI.
Futur.
Je ne m' arrêterai pas sur le futur, dont j' ai, en plusieurs occasions, fait reconnaître les formes identiques, ou les modifications peu importantes, dans les diverses langues.
Je rapporterai seulement des exemples de l' inflexion EM, première personne du pluriel en italien, croyant très inutile d' en donner de la troisième personne en ON.
“Noi ti darem tante d' uno di questi pali di ferro.” Boccaccio, Decameron, II, 5.
Salderem lo domattina. Novelle inedite, p. 175.
Quando noi fermerem li nostri passi. Dante, Inferno, III.
N' andrem sollazzando. Boccaccio, Decameron, I, 10.
Conditionnel.
Roman;Français;Espagnol;Portugais;Italien.
Amaria, amera; amereie, ameroie; amaría, amara; amaria, amara; ameria.
Amarias, ameras; amereies, ameroies; amarías, amaras; amarias, amaras.
Amaria, amera; amaría, amara; amaria, amara; ameria.
Amariam, ameram; amaríamos, amáramos; amariamos, amaramos; ameriamo.
Amariatz, ameratz; (amaríais, amarais)
Amarian, ameran (amarion, amerion); amarían, amaran; amariam, amaram; amerien.
Les formes par lesquelles la langue romane exprima le conditionnel, existent en espagnol et en portugais, et on en retrouve des vestiges dans l' italien.
J' ai précédemment annoncé que le français, qui depuis long-temps exprime le conditionnel par l' inflexion OIS, prenait autrefois OIE; cette inflexion se retrouve toujours la même dans les divers modes et dans les divers temps analogues des trois conjugaisons.
On se souvient des nombreux exemples que j' ai donnés de cette inflexion d' abord en EIE et depuis en OIE; je citerai quelques exemples de l' OIE, français, remplacé par OIS, de l' IA italien remplacé par EI et EBBE.
Français:
Car j' aim cèle qui proier n' oseroie. Le roi de Navarre, chans. IV.
“Aimeroie je mix a morir de si faite mort.”
Fabl. d' Aucassin et Nicolette.
Mieuz aimeroie estre occis. Le roi de Navarre, chans. XXII.
Mieulx aymeroye estre au grand Caire. Molinet, p. 187.
Por ma serve la proveroie. Roman de la Rose, v. 5626.
Italien:
E spesse volte gl' anderia denanti. Cino da Pistoia. (1: Allacci, Raccolta de' poeti ant., fol. 276.)
Similemente ed io sempre ameria. Bembo, canz. 17.
Non ch' io gli daria ad intendere. Ariosto, comed. La Lena, at. 5, sc. I.
Dicea che non la lasceria. Ariosto, comed. La Cassaria, at. 5, sc. 2.
Non sentiria peccasse,
E non sentendo non amenderia.
Guit. d' Arezzo, lett. 6, p. 13.
Quanto onor mai si amaria. Jacopone da Todi, cant. lib. II, c. 18.
Che gioveria chiudere i monti? Davanzati, Tacit. Stor. III, 2.
La porta via con tal prestezza d' ale
Che lasceria di lungo tratto quello.
Ariosto, Orlando, VI, 18.
Ne anchor non guardi chi deria la giente. Cecco Nuccoli. (2: Ib. p. 242.)
L' on trouve les troisièmes personnes des pluriels en ERIENO, IEN.
Impératif.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Ama, ame, ama, ama, ama.
Ama, ame, ame, ame.
Amem, amemos, amemos.
Amatz, amez, (amad)
Amen, amon; amen, amem.
Subjonctif.
Présent.
Ame, ame, ame, ame.
Ames, ames, ames, ames.
Ame, ame, ame, ame.
Amem, amemos, amemos.
Ametz, amez (améis)
Amen, amon, amen, amem.
Imparfait.
Ames, (amase)
Amesses, amasses, amases, amasses.
Ames, (amase)
Amessem, amásemos, amassemos.
Amessen, amon; amasen, amassem; amesson.
Dans le verbe DAR, la langue italienne a employé la forme romane Desson.
E se ti desson troppo noya la gocte. Burchiello da Fiorenza
(1: Allacci, Raccolta de' poeti ant. fol. 144.)
Seconde conjugaison.
Verbes en ER, RE.
Infinitif.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien,
Er, re, er, re, eir, oir, er, er, er, ere.
Ent, ent, ant, ent, ente, ente.
Français:
Les grammairiens français ont divisé en deux conjugaisons les verbes en OIR et en RE, quoique primitivement ils aient appartenu à une seule.
OIR, français, vient d' ER roman, conservé d' abord dans l' ancienne langue française, ensuite changé en EIR, et finalement en OIR.
RE existait en roman, et n' était qu' une modification ordinaire d' ER.
Ainsi ces infinitifs français en OIR et en RE doivent être classés dans une même conjugaison.
Je crois nécessaire d' expliquer par des exemples les changements qui d' ER, inflexion de l' infinitif roman, ont produit OIR, infinitif français.
Infinitifs français en OIR.
Avoir, chaloir, choir, décevoir, douloir, falloir, mouvoir (1: Mouver, resté dans la langue actuelle, est le même verbe.), percevoir, pleuvoir, pourvoir, pouvoir, savoir, seoir, souloir, valoir, voir, vouloir, etc., et leurs composés.
Mais ces infinitifs ont conservé quelque temps l' inflexion romane ER.
Nule pour de peine aver
Ne puet sun corage mover.
Marie de France, t. 2, p. 433.
“E le forfait ait ki aver le deit.” Lois de Guillaume le Conquérant, XLIII.
“Ces dis vaissels fist li reis aseer en le aitre ki plus fud prucein al temple, ço fud li aitres as pruveires.” Trad. du IIIe liv. des Rois, fol. 89.
Por atendre e por saver. Marie de France, t. I, p. 394.
“Qui deived seer en tun trone e regner apres tei.”
Trad. du IIIe liv. des Rois, fol. 78.
“Si par aventure nostre Sires volsit veer ma affliction... li poples se arestut pur veer Amasan.” Trad. du IIe liv. des Rois, fol. 61 et 68.
A ces exemples, qui sont sans doute suffisants, je joindrai la preuve surabondante que fournit le style des anciennes lois anglaises, rédigées en français, et que, dans le XVe siècle, Littleton rassembla et publia sous le titre d' Institutes. (1)
“E aver e tener à lui e à ses heires.”
Institutes de Littleton, liv. I, chap. I, sect. I.
(1) Littleton n' a pas retouché les expressions de ces anciennes lois, et le style même le prouve évidemment. Elles ont été publiées dans le tome premier de l' ouvrage intitulé: Anciennes Lois des Français, conservées dans les coutumes anglaises, recueillies par Littleton, etc., par David Houard, etc. Rouen, 1766.
“Home puit veier une bone note.”
Institutes de Littleton, liv. II, chap. I, sect. 88.
“Et si le Seignior adonques refusa de ceo ricever.”
Institutes de Littleton, liv. II, chap. VII, sect. 151.
Cette inflexion des verbes en ER se changea ensuite en EIR.
N' i pout aveir acordement. Robert Wace, Roman de Rou.
(1: Nouvelle Histoire de Normandie, p. 448.)
Li furmaiges li escapa,
A la terre l' estut cheir.
Marie de France, t. 2, p. 107.
Cil ne volt mie deceveir
Qui cel estre lui fist veir.
Marie de France, t. I, p. 470.
Que nuls ne poeit cels porveir...
E saveir voelent li plusor...
Saveir devuns par ceste fable.
Marie de France, t. I, p. 107, 114, et 456.
Ço est a saveir. Lois de Guillaume le Conquérant, I.
Que prince peust plus valeir. Beneois de sainte More. (2: Ib. p. 434.)
Icil l' en fist sa pais aveir
D' en consentir e d' en voleir.
Beneois de sainte More. (3. Ib. p. 430.)
Sans mal faire e sans mal voleir. Marie de France, t. I, p. 178.
Qu' il quidout bien que nuls vivanz
El munde n' en péust veir tanz.
Marie de France, t. I, p. 473.
“A veeir en la buntet de tes esliz.” Trad, du ps. 105, psaut. de Corbie.
Les angles poeit-il veir,
Ensemble od els grant joies aveir.
Marie de France, t. I, p. 476.
“Ne durras le tuen merciable veeir corruption.”
Trad. du ps. 15, MS. n° I.
Mais ci purrez le veir e tut plein oïr. Guernes. (1: Archeologia, etc., by the soc. of antiq. of London, t. XII, p. 325.)
Il est donc évident que les verbes en OIR, qui sont aujourd'hui dans la langue française, ont d' abord conservé la terminaison romane ER, commune aux infinitifs de la seconde conjugaison dans les autres langues de l' Europe latine; que ces verbes ont pris ensuite EIR, et
enfin OIR.
Mais ces changements n' empêchent pas qu' ils n' appartiennent et ne doivent appartenir à cette seconde conjugaison.
Je ferai une semblable remarque sur les verbes français en RE, dont je me réserve de parler plus au long au sujet de leurs participes passés.
Primitivement, la langue romane a supprimé l' E final des verbes latins en ERE, et elle a employé ER pour désinence de ses verbes de la seconde conjugaison, mais ensuite elle a changé ER en RE. (1)
La langue des troubadours a dit destreiner (destrenher), et l' ancien français l' a employé avant de changer sa terminaison, en disant destreindre.
“Purront distreiner pur l' escuage.”
Institutes de Littleton, liv. II, chap. III, sect. 103.
De même que les verbes français en ER représentent les verbes romans en AR, les verbes français en OIR et en RE représentent les verbes romans en ER et en RE.
(1) On trouve dans les Institutes de Littleton:
Sect. 109. “Car il est bon matter d' aprender.”
200. “Poit committer l' administration.”
100. “A deffender lour seigniors.”
108. “L' enhéritage ne puit discender.”
276. “Un auter partition poet ester fait.”
100. “A mitter en quiet lour seigniors.”
92. “Puit prender fealtie pur le seignior.”
108. “E de ceo render accompt al enfant.”
103. “Poit tender convenable mariage.”
109. “Le seignior devant ascun tiel vender.”
Portugais:
Quelques infinitifs de verbes portugais, primitivement en ER, ont été changés en OR. Ainsi, PONER, par le retranchement de l' N et de l' E, a produit PÓR.
Des grammairiens portugais ont fait une quatrième conjugaison de ces verbes, mais on voit qu' ils appartiennent à la seconde.
Italien:
On trouve aussi en italien quelques infinitifs en OR; ce sont des contractions des verbes en ERE, RE.
Ainsi cogliere, corre, sont changés en cor, porre en por, ritogliere en ritor, etc.; mais ils ne doivent pas non plus former une conjugaison particulière.
Participes présents.
Quoique la langue française n' ait plus de participes présents terminés en ENT, il n' est pas moins vrai qu' il existe des preuves irrécusables de l' existence ancienne de cette terminaison romane dans la langue française. Plusieurs adjectifs en ENT ont été originairement adjectifs
verbaux, et même participes. Je crois pouvoir citer entre autres:
Adhérent, afférent, apparent, équivalent, inhérent, précédent etc.
L' ENT, roman, du participe des verbes en ER et en RE, fut remplacé, dans la langue française, par ANT.
Les autres langues conservèrent ENT, auquel elles ajoutèrent l' E final euphonique; on trouve pourtant dans l' ancien espagnol des participes en ENT roman.
Guiaba su conviento de toda voluntat,
Vivient segund regla en toda onestat.
Mil. de N. Sra, cob. 506.
Mas nol empedeciéron valient una ervéia. (N. E. arveja : guija : guixa)
Mil. de N. S, cob. 505.
Fablólis voz del cielo dolient é querellosa.
Mil. de N. Sra, cob. 416.
(N. E. Fablólis : fabloles o fablóles : les fabló : les habló (una) voz del cielo doliente y quejosa - quejumbrosa.)
Participes passés.
Français:
Les participes passés de la seconde conjugaison romane étaient ordinairement en UT, et la langue française conserva cette terminaison, soit pour les verbes en ER, EIR, OIR, dont il a été parlé précédemment, soit pour les verbes en RE, tels que:
Andre: Espandre.
Endre: Defendre, descendre, fendre, pendre, prendre, rendre, tendre, vendre, etc.
Ondre: Fondre, pondre.
Erdre: Perdre.
Ordre: Mordre, tordre.
Oudre: Coudre.
Oire: Boire, croire.
Ompre: Rompre.
Aitre: Paître.
Oitre: Connoître, paroître.
Attre: Battre.
Et leurs composés.
Pendant long-temps les participes français en UT conservèrent le T caractéristique, prirent ou rejetèrent l' S final, selon que sa présence ou son absence devait indiquer les sujets et les régimes au singulier ou au pluriel.
“Que jo ne seie confunduz... ne esteie confonduz... seient confondut e perissent.” Trad. des ps. 118, 82, psaut. de Corbie.
“Nient ne serunt confondut... ne seient confondut.”
Trad. des ps. 36 et 68, MS. n° I.
“Par mauvais conseil fu deceuz li rois Lothaires.” Chron. de France.
(1: Recueil des Hist. de Fr., t. VII, p. 128.)
“Ne sunt deceut de lur desiderie... La venjance de sanc de tes Serfs qui est espanduz.” Trad. des ps. 77 et 78, psaut. de Corbie.
Fust descenduz jusqu'à la tor. Partonopex de Blois. (2: Not. des MS. de la Bibl. du Roi, t. IX, part. II, p. 74.)
De grant joie me sui tot esmeuz. Le roi de Navarre, chans. XXI.
“Qui t' a en amur receud.” Trad. du IIIe liv. des Rois, fol. 95.
“E puis commanda que il fust tonduz en une abaie.”
Chron. de France. (3: Rec. des Hist. de Fr., t. VII, p. 135.)
“En Serf venduz est Joseph.” Trad. du ps. 104, psaut. de Corbie.
Quelques verbes français de la seconde conjugaison ont des participes irréguliers.
Espagnol:
Les formes actuelles des participes passés espagnols de la seconde conjugaison, qui n' offrent que des inflexions en IDO, semblent exclure toute idée d' anciens rapports avec les participes passés romans de la même conjugaison, qui étaient régulièrement en UT.
Mais cette lacune n' existe pas dans la preuve des rapports des deux langues. Il est certain que primitivement la langue espagnole a employé l' inflexion romane UT devenue UDO. Ce fait important, qui sert à démontrer la communauté primitive de langage, mérite d' être constaté
par des exemples assez nombreux pour ne laisser aucun doute.
Je ferai observer que les participes en UDO, que l' on trouve dans l' ancien espagnol, ne peuvent avoir été empruntés directement à la langue latine, puisque les participes latins correspondants n' étaient pas en UTUS.
Venzudo es el campo quando esto se acabó.
Poema del Cid, v. 3702. (N. E. Venzut, vençut, vencido)
“Si el siervo que fuye dice que es libre e non es connozudo”.
Fuero Juzgo, IX, I, 12.
(N. E. fuye : huye; conocido; conegut; collons, com Puigdemont.)
“Las leyes que son contenudas en este libro.” Fuero Juzgo, II, I, 10.
“Que la sentencia d' esta ley seya corrompuda en negund tiempo.”
Fuero Juzgo, XII, II, 14.
“Mandamos que sean costrenudos.” Fuero Juzgo, II, I, 10, var. not. 5.
“Defendudas é tollidas todas las maldades.” Fuero Juzgo, XII, II, 3.
“La primera casa que fué encenduda.”
Fuero Juzgo, VIII, II, I, var. not. 20.
“El juez deve ser entendudo.” Fuero Juzgo, I, I, 7.
Que non fuesse buen clérigo sobre bien entendudo,
El maestre quel fizó fué tan mientes metudo.
Poema de Alexandro, cob. 614.
“Sea metudo en poder.” Fuero Juzgo, II, IV, 6.
Asi lo han asmado é metudo en carta. Poema del Cid, v. 852.
“Sea metudo en poder d' aquel.” Fuero Juzgo, II, IV, 6.
(N. E. pongo tildes en algunas palabras.)
Sea luego pendudo, en un árbol colgado.
Mil. de N. Sra, cob. 906.
“El ladrón que es prendudo de día.” Fuero Juzgo, VII, II, 15, var. not. 26.
“Deve ser muy percebudo.” Fuero Juzgo, I, I, IV, var. not. 47.
Mas sedie el caboso firme e percebudo.
Poema de Alexandro, cob. 982.
Sennora, so perdudo é so desamparado.
Mil. de N. Sra, cob. 772.
Iban todos fuyendo, los caballos perdudos.
Poema de Alexandro, cob. 906.
“El juramento que an prometudo.”
Fuero Juzgo, I, IX, X.
En mal huésped facielo seer loco sabudo.
Vida de S. Domin. Cob. 627.
Avian á dar á Dario sabuda enforcion.
Poema de Alexandro, cob. 22.
“Para nos e para nostros sometudos.”
Fuero Juzgo, II, I, 2, var. not. 12.
Que mandava gran regno é era mui mudo.
P. d' Alexandro, cob. 116.
“Somos tenudos de gualardonar.” Fuero Juzgo, V, I, I.
El siervo que fué vendudo. Fuero Juzgo, VII, III, 4.
“Que su marido fué venzudo con tuerto.”
Fuero Juzgo, II, III, 6.
Portugais:
Le portugais a aussi adopté la désinence IDO pour les participes passés de la seconde conjugaison, mais il a employé autrefois teudo, et ses composés manteudo, etc.
“E paguados e mantheudos todolos encarreguos pera que esses bens foram assinados.” Cod. Alf., L. III, Tit. 105. (1: Elucidario t. II, p. 114.)
Dans un fragment d' un poëme portugais très ancien sur l' invasion des Maures en Espagne (2: Europa Portuguesa, t. III, p. 379.), on trouve les participes en UDO:
Os ostes sedentos do sangue de onjudos
Metero a cutelo apres de rendudos...
Per ter a maleza cruenta sabuda
Mandou mandadeiro come era teuda.
Une pièce composée par l' Infant don Pedro, sous le règne de Juan I, contient le vers suivant:
Neste logo tam sabudo. (1: Europa Portuguesa, t. III, p. 38 r.)
(N. E. Podéis leer “Pedro Saputo” en chapurriau. De Braulio Foz.)
Le Cancioneiro que j' ai eu souvent occasion de citer, fournit aussi des exemples des participes passés en UDO.
Que o non pode ren apoderar
De si ar temudo que non sei...
Amo vos tant' e tan de corazon (N. E. actual coração)
Que o dormir ja o ey perdudo...
Non vei eu ome tan entendudo
Cuidand' ela ja ey perdudo...
E non sey ome tan entendudo.
Canc. MS do coll. dos nobres, fol. 94 et 101.
Enfin cette inflexion UDO des anciens participes portugais est attestée dans un mémoire de l' académicien Francisco de Dias, sur les variations de la langue portugaise. (2: Mem. de Lett. portug., t. IV, p. 43 et 59.)
Italien:
Les participes passés réguliers des verbes de la seconde conjugaison italienne sont en UTO.
Il me semble superflu de donner ici des preuves détaillées de cette conformité avec la langue romane.
Il existe dans cette seconde conjugaison italienne des participes irréguliers et des participes doubles.
J' aurai à parler de ces accidents grammaticaux.
Les anomalies de quelques participes passés des langues de l' Europe latine, seront bientôt le sujet d' observations spéciales.
Indicatif.
Présent.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
I,
Es, s, es, es.
E, e, e, e.
Em, um, emos, emos, em.
Etz, ez,
En, on, en, em, en, on.
Imparfait.
Ia, eie, oie, ia, ia, ia.
Ias, eies, oies, ias, ias.
Ia, ia, ia, ia.
Iam, ium, iamos, iamos.
Iatz, iez.
Ian, ian, iam, ian.
Parfait simple.
I, ei, I, í, i, ei, I.
Ist, est, ist, este, esti.
I, et, ette.
Im, em, imos, emos, emmo.
Itz, en,
Iron, eron, ieron, eram, eron.
Dans toutes ces langues, le futur est soumis aux règles générales et communes que j' ai eu plusieurs fois occasion de faire remarquer; et l' italien, comme dans la première conjugaison, a souvent employé l' inflexion romane EM pour la première personne du pluriel, et l' inflexion en AN pour la troisième.
Conditionnel.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Eria, era, ereie, eroie, eria (1) eria, eria.
Erias, era, ereies, eroies, erias, erias.
Eria, era, eria, eria, eria.
Eriam, eram, erium, eriamos, eriamos.
Eriatz, eratz, eriez,
Erian, erian, erian, eriam, erian.
(1: L' espagnol a aussi iera, ieras, iera, ieramos..., ieran; cette forme est romane. La seule modification qu' elle offre, c' est l' I ajouté devant ERA, etc.)
Subjonctif.
Présent.
a, e, a, a, a.
as, es; as, as.
a, e, a, a, a.
am, amos, amos, am.
atz, ez,
an, an, am, an.
Imparfait.
es, iese, esse, essi.
esses, isses, ieses, esses.
Es, iese, esse, esse.
Essem, iesemos, essemos, essimo.
Essetz,
essen, esson, ieson, essem; essen, esson.
(1) L' espagnol a aussi iera, ieras, iera, ieramos …, ieran;
cette forme est romane. La seule modification qu' elle offre, c' est l' I ajouté devant ERA, etc.
Français:
Les nombreux exemples cités précédemment pour constater les inflexions EIE, EIES, OIE, OIES, me dispensent d' en produire de nouveaux.
Mais je dois prouver l' emploi ancien de l' inflexion I, pour la première et la troisième personne du parfait au singulier.
Première personne.
Je toli l' autrier sa chemise,
A uns ribaut, que je perdi
Adez, c' onques ne li rendi.
Fabl. et Cont. anc. t. 4, p. 446.
“Les tuens testimonies jo entendi; de tute consumation jo vi la fin.”
Trad. du ps. 118, In aeternum, psaut. de Corbie.
Lors vi droit à moi revenant
Raison...
Roman de la Rose, v. 4237.
Troisième personne.
Que de sa tor jus descendi,
Quant mes complaintes entendi.
Roman de la Rose, v. 4239.
“Il ne vout pas la cité tenir contre le roi, ainz la rendi.”
Chron. de France. (1: Recueil des Hist. de Fr., t. VII, p. 135.)
Plus courtois ne nasqui de mere. Fabl. et Cont. anc., t. 2, p. 318.
Le parfait et les autres temps composés employèrent le participe en UT.
“Ui ai entendud que grace ai truvé vers tei... Ore te ad rendud nostre sire...” Trad. du IIe livre des Rois, fol. 58 et 61.
U il a le saic parchéut...
Si l' a au vis reconnéut.
Fabl. et Cont. anc., t. 4, p. 38 et 34.
“Absalon ki nous oumes receud a rei.”
Trad. du IIe liv. des Rois, fol. 65.
“Pour ço que nun dignement veud ourent l' arche en descuvert.”
Trad. du Ier liv. des Rois, fol. 8.
E si a tout véut lor estre. Fabl. et Cont. anc, t. 4, p. 27.
“E quant ille ot véut Pieron ki se chafieuet al feu.”
Trad. de la Passion. (1: Mém. de l' Acad. des Inscr. et Bell.-Lett., t. XVII, p. 725.)
Espagnol:
La langue espagnole offre à la seconde personne du parfait le même accident que j' ai indiqué, en parlant de la première conjugaison; cette seconde personne a autrefois employé la forme romane pure en IST.
Gozo ayas, Maria, que el angel credist,
Gozo ayas, Maria, que virgo concebist.
Mil. de N. Sra, cob. 119.
En el su monesterio fecist grand meioria.
Vid. de S. Domin. cob. 241.
Fecist cielo é tierra, el tercero el mar,
Fecist estrelas é luna é el sol escalentar,
Prisist encarnacion en sancta madre.
Poema del Cid, v. 330.
Sennor, que por las almas quisist passion prender.
Trad. du Conditor alme. (1)
Frade, dissó el bispo, tengotelo á grado
Por que obedecist tan bien á mio mandado.
Vida de S. Millán, cob. 80.
Italien:
La seule langue italienne exige encore quelques exemples pour justifier les inflexions romanes que le tableau indique.
Premières et troisièmes personnes du présent au pluriel.
“Credem tenendo... se volem pervenire.”
Guit. d' Arezzo, lett. 36, et 9, p. 84 et 27.
Che ristar non potem. Dante, Purgatorio, XVIII.
Li si vedrà ciò che tenem per fede. Dante, Paradiso, II.
“Metton fragelli in voi... cui vincon vizi.”
Guit. d' Arezzo, lett. 3 et 20, p. 18 et 52.
“Si credon sapere e sanno meno.” Boccaccio, Decameron IV, 8.
“A cui le femine di quel paese voglion molto bene.”
Boccaccio, Decameron II, 7.
Premières personnes de l' imparfait.
Ed io conoscia tutte l' opere ladre
E la virtù de' buon non conoscia.
Cronaca di ser Gorello. (1: Muratori, Rer. ital. Script., t. XV, 851.)
Ch' altramente campar non vediam come.
Cronaca di ser Gorello. (2: Ib. 843.)
Troisièmes personnes de l' imparfait.
L' ira allor mi respondia. Jacopone da Todi, liv. II, cant. 26.
E facciamisi udir. Petrarca, canz. Amor se.
E non valia con lor esser cortese.
Cronaca di ser Gorello. (3: Ib. 848.)
Cosi 'l nostro maestro anco facia
Quandochè 'l pane in mano avia pigliato.
Jacopone da Todi, lib. III, oda 16.
E se volian somigliare a Fiorenza. Cronaca di ser Gorello. (4: Ib. 847.)
La langue italienne qui emploie ordinairement EI roman pour la première personne du parfait de l' indicatif, usa aussi d' I, comme les verbes romans, et d' ERON pour la troisième personne.
“Io ne nacqui e sonne qual tu mi vedi.” Boccaccio, Decameron II, 5.
“Torto ben è che non lo vi unqua pare.” Guit. d' Arezzo, rim. Ant.
(1: Lett. di Guit. d' Arezzo, not., p. 274.)
“Quanto le gambe ne gli poteron portare.” Boccaccio, Decameron II, 10.
Premières personnes du conditionnel.
“Pacifico esser vorria.” Guit. d' Arezzo, lett. XIV, p. 41.
Dolce figlio, se tua madre
Non avesse pietate,
Perderia l' ereditate
Onde più mi fai laudare.
Jacopone da Todi, lib. III, oda 22.
I non porria giamai
Imaginar...
Petrarca, canz. Poichè per.
E crederia fra l' unghie e fra 'l veleno. Tasso, Gerusal. VI, 70.
No 'l ti potriam cantare. Jacopone da Todi, lib. II, cant. 14.
Troisièmes personnes du conditionnel.
Null' uom caderia d' alto,
Se non fosse in altezza.
Jacopone da Todi, lib. II, cant. 32.
“E si crederia aver mi perduto.” Boccaccio,, Filoloc. Liv. 7.
Come potria esser questo. Jacopone da Todi, lib. III, oda 19.
“Eleggeria il bene e fuggiria il male.” Castiglione, cortig. fol. M.
Devrian de la pietà romper un sasso. Petrarca, son., Soleasi nel.
Ai colpi lor non reggerian le incudi. Ariosto, Orlando, I, 17.
Che tanti nascerian del viril sesso. Ariosto, Orlando, XX, 32.
Troisièmes personnes du pluriel au subjonctif.
Si ch' ei non teman delle lor vendette. Dante, Inferno, XXII.
“E che volesson dir le parole di lei.” Boccaccio, Decameron, IV.
Volessen de genayo portar capelli. Burchiello da Fiorenza. (1: Allacci, Raccolta de' Poeti ant., fol. 122.)
Scrivessen dì e notte in bei concetti. Antonio Pucci. (2: Ib. fol. 43.)
Troisième conjugaison.
Verbes en IR, IRE.
Infinitif.
Roman. Français, Espagnol. Portugais. Italien.
Ir, ire, ir, ire, ir, ir, ire, ir.
En, ant, ent, ente, ente.
It, it, ido, ido, ito.
Espagnol:
L' ancien espagnol eut dans cette conjugaison, comme dans la précédente, des participes en ENT.
Quando vino la noche del sabbado ixient. (N. E. Leo vinó)
Vid. de S. Domin., cob. 565.
Français:
Les participes passés français de la troisième conjugaison, furent en IT, changé depuis en I; cependant cette inflexion primitive IT des participes passés romans, est restée dans quelques verbes français, principalement dans ceux qui ont le présent de l' infinitif en IRE, tels que:
cuire, duire (1), conduire, etc., et autres composés, dont le participe est encore cuit, duit, conduit, etc.; dire (2), écrire, frire, confire, et autres composés, qui ont dit, écrit, frit, confit, etc..
Les participes en IT furent soumis à la règle relative à l' S final.
(1) Latin, ducere; roman, durre.
(2) Latin, dicere; roman, dire, dir.
“Beneiz li sire Deus de Israel.
Trad. du Benedictus dominus, psaut. de Corbie.
“Convertit sunt en jurn de bataille... seiez convertit, fil des humes.”
Trad. des ps. 77 et 89, psaut. de Corbie.
“A tei serunt deguerpit li tuen fort.” Trad. du ps. 9, MS. n° I.
“Departit sunt nos os dejuste enfern.” Trad. du ps. 140, psaut. de Corbie.
“Lothaire out si grant duel et tel doleur de ce que il fut desconfiz.”
Chron. de France. (1: Recueil des Hist. de Fr., t. VII, p. 128.)
“Tu laveras me, e sur neif serai esblanchiz.” Trad. du ps. 50, MS. n° I.
Mais tant est de lui esclarciz,
Tant amendez et tant beliz.
Partonopex de Blois. (2: Not. des MS. de la Bibl. du Roi, t. IX, part. II, p. 74.)
“Quant il s' en fu fuiz en son païs.” Chron. de France. (3: Recueil des Hist. de Fr., t. VII, p. 128.)
“Quant il fu gariz de sa maladie... Divers sairemenz dont li uns estoit ja mentiz.” Chron. de France. (4: Ib. p. 135 et 136.)
“Pur ico sunt nurrit à orguil.” Trad. du ps. 72, MS. n° I.
“Que il soit si loiaument partiz et si justement comme cil le sauront partir.” Chron. de France. (1: Recueil des Hist. de Fr., t. III, p. 134.)
“Raemplit sumes.” Trad. du ps. 89, psaut. de Corbie.
“Et fu puis restabliz devant lo cors S. Denys en France.”
Chron. de France. (2: Ib. p. 130.)
Indicatif.
Présent.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Senti,
Sentis,
Senti,
Sentem,
Sentetz, sentez.
Senten, senton, ;senten, (sienten); sentem; senten, senton.
Imparfait.
Sentia, senteie, sentoie; sentía, sentia, sentia.
Sentias, senteies, sentoies; sentías, sentias,
Sentia, senteie, sentoie; sentía, sentia, sentia.
Sentiam, sentium; sentíamos, sentiamos; sentiamo.
Sentiatz, sentiez, (sentíais)
Sentian, sentían, sentiam, sentian.
Parfait.
Senti , senti, sentí, sentí, sentì.
Sentist, ;sentist (sentiste); sentiste, sentisti.
Senti, senti, sentí, sentí, sentì.
Sentim, sentimos, sentimos; sentimmo.
Sentitz, (sentisteis)
Sentiren, sentiron; sentieron (sintieron) sentiram; sentiron.
Conditionnel.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Sentiria, sentireie, sentiroie; sentiría, sentiria, sentiria.
Sentirias, sentireies, sentiroies; sentirías, sentirias.
Sentiria, sentireie, sentiroie; sentiría, sentiria, sentiria.
Sentiriam, sentirium, sentiríamos, sentiriamos; sentiriam.
Sentiriatz, sentiriez, (sentiríais)
Sentirian, sentirían, sentiriam; sentirian.
Subjonctif.
Présent.
Senta, sente, senta (sienta), senta, senta.
Sentas, sentes, sentas (sientas), sentas.
Senta, sente, senta (sienta), senta, senta.
Sentam, sentamos (sintamos) sentamos; sentiam
Sentatz, sentez.
Sentan, sentan (sientan), sentam, sentan.
Imparfait.
Sentis, sentisse, sentissi
Sentisses, sentisses; sentieses (sintieses) sentisses.
Sentis, (sintiese) sentisse; sentisse.
Sentissem, ; sentiesem (sintiésemos) sentissemos.
Sentissetz, (sintieseis)
Sentissen, sentisson; sentiesen (sintiesen) sentissem; sentisson.
Dans cette conjugaison, le futur de chaque langue est formé d' après les règles déja expliquées pour les futurs précédents, et la langue italienne prend aussi quelquefois au pluriel les inflexions IREM, IRAN.
Voici des observations sur les principaux rapports qui existent entre les verbes de cette conjugaison:
Français:
Les inflexions en UM, OM, ON, EIE, OIE, EIES, OIES, indiquées pour les premières et secondes personnes de divers temps et de divers modes de la seconde conjugaison servent aussi à la troisième.
La première et la troisième personne du parfait de l' indicatif au singulier furent caractérisées souvent, dans cette conjugaison, comme dans la précédente, par l' inflexion I.
Première Personne.
“Jo purpensai les meies veies, e converti mes piez en tes testimonies... Jo ne deguerpi tes cumandemenz... Jo jurai e establi à guarder les jugemenz de la tue justise.”
Trad. du ps. 118, psaut. de Corbie.
Couleur changeay et de cuer tressailly. Charles d' Orléans, p. 7.
Troisième Personne.
“Lors se departi de Gondolvile et s' en ala... li dona trois nés e li souffri que il s' en alast.” Chron. de France. (1: Recueil des Hist. de Fr., t. VII, p. 132 et 135.)
Li cuers li failli, si pasma. Le Castoiement, conte 2.
Sans nul delai le portier nous ouvry. Charles d' Orléans, p. 6.
Pour celui qui la mort soffri,
Quant en la crois por nous s' offri.
Fabl.. et Cont. anc. t. I, p. 215.
Le parfait composé employa le participe avec le T final qu' il n' a plus aujourd'hui.
“E bien sache que desservid as la mort.”
Trad. du IIIe livre des Rois, fol. 80.
“Car tu as envaid le regne.” Trad. du IIIe Livre des Rois, fol. 61.
“Nos avons hui oit.” Sermons de S. Bernard, fol. 88.
Vos aveiz oit ke az anciens fut dit.
Trad. des Morales de S. Grégoire, fol. 8.
Espagnol:
La langue espagnole conserva quelque temps l' inflexion romane IST pour la seconde personne du parfait de l' indicatif au singulier.
Acà torna bucar venist dalent mar. Poema del Cid, v. 2419.
“Qui dixiere: en coto me ferist.” Fuero de Molina, cap. 25. (1: Llorente, not. de las prov. vasc. t. IV, p. 141.)
Dad nos qui nos captenga, siervo del criador,
Qui sofrist grand martirio por ganar su amor.
Vid. de S. Dom. cob. 196.
Exist pora mercado, tiempo as de tornar. Vid. de S. Domin., cob. 313.
Gozo ayas, Maria, que á Xpo parist,
La lei vieia cerresti é la nueva abrist.
Mil. de N. Sra, cob. 19.
Italien:
Troisièmes personnes du present de l' indicatif au pluriel.
“Secolari che contrari suoi sono e seguen diverso camino.”
Guit. d' Arezzo, lett. IV, p. 20.
“Quelle che, tra voi, senton de Dio, seguen la forma loro.”
Guit. d' Arezzo, lett. X, p. 30.
“E dicon: per chè vertu è buona?” Guit. d' Arezzo, lett. III, p. 14.
Premières et troisièmes personnes de l' imparfait de l' indicatif en IA au singulier et en IAN au pluriel.
Io sentia dentr' al cor già venir meno. Petrarca, son., Io sentia.
Primo grado ch' io salia...
Con la lancia i la feria.
Jacopone da Todi, lib. II, canz. 26.
“Gente armata che alla riscossa delle done venia.”
Boccaccio, Decameron, V, I.
“Vedendo la sua gente venire in fuga moria a dolore.”
Giov. Villani, V, 27, p. 207.
Quindi uscian fuor voci canore e dolci. Tasso, Aminta, sc. II.
Sentian si alquanto affaticati e lassi. Tasso, Gerusal. XV, 55.
Première personne en Ì du parfait au singulier.
Mal mi sentì un vento dar per mezza
La fronte, e ben sentì mover la piuma
Che fe sentir d' ambrosia l' orezza;
E sentì dir: Beati.
Dante, Purgatorio, XXIV.
Troisième personne du pluriel en IRON.
“Udiron questo, tutti si fecere beffe di lui.”
Boccaccio, Decameron, VI, 6.
Conditionnel.
Premières et troisièmes personnes au singulier.
Ed io non sentiria
Ira per loro e men malinconia.
Boccaccio, Teseid. VIII, 103.
Nè dissi o dico
Cose di voi non degna e no 'l diria.
Fierensuola, p. 23.
Chi sentimento avesse
Del amor consumato,
Ben ardiria 'l suo core...
Ben sentiria li frutti
Del infinito amore.
Jacopone da Todi, lib. V, cant. 19.
Troisième personne du pluriel.
Non girian tutti al vento i miei sospiri.
Bembo, son. XLIX.
Oltre che del sepolcro uscirian vivi.
Ariosto, Orlando, XXVIII, 12.
Première et troisième personnes du subjonctif.
“Almen nol seguiam peggio.” Guit. d' Arezzo, lett. IV, p. 21.
Finiam prima tra noi la lite nostra. Ariosto, Orlando, XXVI, 84.
“Se nel cor stavvi un tal desio, quest' erta
Sagliam, venite.”
Alfieri, Eneid. VI, p. 234.
Usciam di questa mischia. Tasso, Gerusal. III, 25.
Prima ch' indi si partan le guerriere. Ariosto, Orlando, XXXVII, 115.
Che seguian le fortune sue seconde. Tasso, Gerusal., XI, 6.
Formes passives.
Dans toutes les langues de l' Europe latine, le passif a été composé du participe passé et des divers temps de l' auxiliaire ESSER: je crois inutile de le prouver par des exemples; seulement je constaterai que, dans l' ancien français, le participe du singulier prenait l' S caractéristique, et celui du pluriel la rejetait, conformément aux règles de la grammaire romane.
Indicatif.
Présent.
“Turmentez sui et encurvez.” Trad. du ps. 37, MS. n° I.
“Car pur tei sumes mortifiet tutte jurn.” Trad. du ps. 43, MS. n° I.
Imparfait.
“Et ne esteie confonduz.”
Trad. du ps. 118, Et veniat, psaut. de Corbie.
“Là dont ù estoient tornet.” Fabl.. et Cont. anc., t. 4, p. 38.
Parfait.
“Roboam mourut e fud enseveliz od ses ancestres.”
Trad. du IIIe livre des Rois, fol. 104.
“Car il dist, et fait sunt; il meesme mandat et criet sunt.”
Trad. du ps. 147, psaut. de Corbie.
Futur.
“Estetei issi serat beneiz li huem.” Trad. du ps. 127, ps. de Corbie.
“Nient ne serunt confondut el tens mal, e és jurz de faim serunt saulet.”
Trad. du ps. 36, MS. N° I.
Impératif.
“Ne seies esloignez de mei.” Trad. du ps. 37, MS. N° I.
Subjonctif.
Présent.
“Que io ne seie confunduz.” Trad. du ps. 125, Manus, psaut. de Corbie.
“Seient trasturnet arriere e seient confundut ki vuelent a mei mals.”
Trad. du ps. 39, MS. n° I.
Pronominal passif.
Les troubadours employèrent une autre forme, qui suppléait quelquefois au passif des latins. Le pronom SE, placé devant la troisième personne des verbes romans, correspondit à la même personne des verbes passifs latins.
Roman:
Czo que se conten en aquesta leiczon.
(a: Ce qui se contient (est contenu) dans cette leçon.)
Poésies des Vaudois, p. 76.
E 'l genser qu' el mon se mire.
(b: Et la plus gentille qui au monde se voye (soit vue)).
Pierre Vidal: Ab l' alen.
Français:
“Li juvencel et les puceles devindrent tuit morne, et la beauté des femmes se changea... Et la terre se mut sor ceaus qui en li habitoient.”
Trad. du Ier livre des Maccabées. (1: Hist. Litt. de la France, t. XIII, p. 22.)
En rivieres fait crestines sovent,
Les russeaus s' en enflent ensement.
Pierre de Vernon. (2: Ib. p. 116.)
Sont aussi comme li metax
Qui se sevra dou malvés fer.
Bible Guiot, v. 2672.
Espagnol:
Esta ley se deve entender del omne que es franqueado.
Fuero Juzgo, V, I, 6.
Dixó Rachel é Vidas: non se face así el mercado.
Poema del Cid, v. 139.
Cuidáron sines dulda prenderlo á manos,
Mas se fallaron, non fuéron tan lozanos.
Poema de Alexandro, cob. 973.
Portugais:
En que se faz muito serviço á deos. Carta d' El Rei D. Joam I. (1: Elucidario t. I, p. 161.)
“E por esta razam se chamam estos montes os montes das tres hirmaãs.” (N. E. razam : razón : ração.)
Palmeirim de Inglaterra, part. I, p. 171.
Cesse tudo o que a musa antiqua canta
Que outro valor mais alto se alevanta.
Camoẽs, os Lusiadas, I, 3.
Italien:
Non ogni cosa, ch' è vera, si vuole
In poplo predicare.
Barberini, Doc. d' amore, 134.
Noi aggiramo a tondo quella strada;
Venimmo al punto dove si digrada.
Dante, Inferno, VI.
Observations spéciales sur les verbes des langues de l' Europe latine.
Infinitif.
Participes passés.
La comparaison détaillée des modifications que les participes passés ont diversement subies dans chacune des langues de l' Europe latine, ajoute un nouveau degré d' évidence aux preuves, si souvent répétées, d' une origine commune: mais dans cette partie essentielle de mon travail, je dois me borner à quelques observations et indications principales; les détails particuliers appartiennent spécialement au lexique roman.
Les participes passés de la première conjugaison en AR offrent rarement des anomalies dans les différentes langues que je compare, mais on en trouve assez fréquemment parmi ceux de la seconde conjugaison en ER, RE, et de la troisième en IR, IRE.
La langue latine, de laquelle l' idiome roman a emprunté presque tous ses participes passés primitifs, avait beaucoup de participes irréguliers dans les verbes qui correspondent aux verbes des secondes et troisièmes conjugaisons romanes; ces conjugaisons ont adopté la plupart de ces anomalies latines, toutes les fois que le participe roman a été formé en retranchant seulement au mot latin la désinence qui caractérisait les cas.
Quelques exemples expliqueront de quelle manière cette opération grammaticale fut faite.
Verbe latin. Participe. Verbe roman. Participe.
Frangere, fractus. Franher, frach.
Radere, rasus. Raire, ras.
Nasci, natus. Nascer, nat.
Constringere, constrictus. Costrenher, costreit.
Redimere, redemptus. Rezemer, rezemt.
Pingere, pictus. Penher, penh.
Aperire, apertus. Ubrir, ubert.
Occidere, occisus. Occir, occis.
Tordere, torsus. Tordre, tors.
Moriri, mortuus. Morir, mort.
Coquere, coctus. Cozer, cot.
Rumpere, ruptus. Rompre, rot.
Claudere, clausus. Claurre, claus.
Destruere, destructus. Destrurre, destruct.
Jungere, junctus. Junher, junt.
Etc. etc. etc. etc.
Ces participes, devenus romans, passèrent dans les autres langues de l' Europe latine.
Mais, en conservant le participe irrégulier, emprunté au latin, la langue romane créa quelquefois un second participe régulier, en le soumettant à la règle générale qui avait établi l' inflexion UT (1) pour les participes réguliers de la seconde conjugaison, et l' inflexion IT pour ceux de la troisième.
(1) La langue romane donna, dès l' origine, l' inflexion UT, à des
participes romans dont les participes latins correspondants avaient
l' inflexion ITUS, tels que,
Latin. Roman.
Bibitum Begut.
Creditum Crezut.
Renditum Rendut.
Vivitum Viscut.
Ainsi, l' on trouve dans la langue romane:
Participe latin. Part. rom. irrégulier. Part. rom. rég.
Ruptus, rot, romput.
Corruptus, corrot, corromput.
Redemptus, rezemt, rezemut.
Defensus, defes, defendut.
Absconsus, rescons, rescondut.
Electus, eleit, eligit, elegut, etc.
Ces indications m' ont paru nécessaires, avant d' examiner les participes passés et leurs modifications dans chaque langue.
Français:
Les participes français de la première conjugaison en ER, venant d' AR, roman, n' exigent aucune explication.
Les participes passés de la seconde conjugaison en OIR, RE, conservèrent l' inflexion romane primitive UT, changée ensuite en U.
Plusieurs de ces participes conservèrent pareillement l' inflexion du verbe roman irrégulier, tels que:
Roman: Nat, claus, ubert, mes, pres, conques, mort, cot, penh, junt, destruct, etc.
Français: Né, clos, ouvert, mis, pris, conquis, mort, cuit, peint, joint, détruit, etc.
Les participes, MES, PRES, CONQUES et analogues, qui, aujourd'hui, sont MIS, PRIS, CONQUIS, ont pendant quelque temps conservé la désinence romane ES.
“Jo e ceste meschine avum mes en une maisun.” (“mesun” más arriba)
Trad. du IIIe livre des Rois, fol. 82.
La conjugaison française en IR, IRE, présente dans ses participes quelques anomalies qui exigent de courtes explications.
Plusieurs participes de verbes en IR ont des participes dont l' inflexion est UT, au lieu qu' elle devrait être IT.
Je divise ces anomalies en trois classes.
1° Les participes en UT des verbes qui, au présent de l' infinitif, ont en français l' inflexion IR, quoique l' infinitif roman eût l' inflexion ER, RE, caractéristique de la seconde conjugaison. La langue française, en changeant l' inflexion du présent de l' infinitif (1) a conservé l' inflexion
romane. Voici des exemples de ces participes.
Inf. roman. Part. roman. Inf. franc. Part. franc.
Tener, tengut. Tenir, tenu.
Corre, corrut. Courir, couru.
Jacer, jazut. Gesir, géu.
(1) On trouve, mais rarement, des verbes romans employés avec la double inflexion du présent de l' infinitif, ER, RE, et IR, tels que,
Tener, tenir, etc.
2° Ceux qui, en roman, avaient irrégulièrement le participe en UT, quoique le présent de l' infinitif fût en IR.
Venir et tous ses composés, vengut; issir, issut.
Ils ont dû conserver en français l' inflexion du participe roman.
3° Ceux qui ont pris irrégulièrement en français l' inflexion UT (1) au lieu de l' inflexion romane IT, tels que, de Vestir,
Roman. Français.
Vestit, vestut.
(1) L' ancien français disait eslit au lieu d' eslut.
E eshalçai l' eslit del mien pople. Trad. du ps. 88, psaut. de Corbie.
Espagnol:
Les participes passés de la langue espagnole exigent quelques remarques particulières qui constatent de plus en plus la communauté d' origine de cette langue avec la langue romane; ADO est l' inflexion des participes de la première conjugaison en AR.
J' ai dit précédemment que la première conjugaison offre rarement des anomalies, et il est remarquable que souvent chaque langue y a transporté des verbes qui originairement appartenaient à d' autres conjugaisons.
Ainsi, l' espagnol a fait entre autres, de junher et soler, romans, juntar et soltar, qui régulièrement ont eu les participes juntado et soltado; cependant, les participes junto et suelto, venant de junt et solt, romans, ont été conservés, et ont été appelés participes irréguliers de juntar et de soltar, quoiqu'il soit évident qu' ils appartiennent à deux verbes dont les inflexions ont été modifiées pour les faire passer d' une conjugaison à une autre; mais le vestige roman subsiste.
Dans la seconde conjugaison espagnole, le changement d' UDO, inflexion romane, en IDO, est très remarquable.
J' ai donné des preuves de cette opération grammaticale.
Cette seconde conjugaison a aussi de doubles participes dont l' un, regardé comme irrégulier, est l' ancien participe roman, conservé dans la langue, et l' autre, appelé régulier, a été formé d' après l' analogie grammaticale de la langue espagnole.
Le tableau suivant indiquera quelques-uns de ces participes.
Roman. Espagnol irrégulier. Espagnol régulier.
Nat, nado, nacido,
Pres, preso, prendido,
Opres, opreso, oprimido,
Supres, supreso, suprimido,
Provist, provisto, proveído,
Extent, extinto, extinguido,
Rot, rotto, (roto) rompido. (N. E. descartado)
Etc. etc. etc.
Quelquefois le participe roman, quoique irrégulier, a suffi à la langue espagnole.
Roman. Espagnol.
Post, puesto,
Vist, visto,
Volt, vuelto.
Dans la troisième conjugaison espagnole se trouvent aussi des accidents grammaticaux, relatifs aux doubles participes et aux participes irréguliers. Parmi les doubles participes de la troisième conjugaison, je citerai:
Roman. Espagnol irrégulier. Espagnol régulier.
Escrit, escrito, escribido,
Prescrit, prescrito, prescribido,
Maldit, maldito, maldecido,
Convers, converso, convertido.
Voici quelques-uns des participes irréguliers restés dans la langue romane et dans la langue espagnole.
Roman. Espagnol.
Apert, aperto, (N. E. Ubert; abierto)
Cubert, cuberto, (N. E. cubierto)
Dit, dicho, (N. E. dito)
Mort, muerto. (N. E. morto)
Portugais:
La langue portugaise procéda comme l' espagnole; elle est régulière dans la première conjugaison; ses participes sont en ADO, d' AT roman.
Dans la seconde, elle adopta long-temps UDO, d' UT roman.
Et dans la troisième, IDO, d' IT roman.
Et dans ces deux dernières conjugaisons, elle offrit les mêmes accidents que la langue espagnole,
1° Par ses doubles participes.
2° Par ses principes irréguliers.
Participes Portugais doubles.
Roman. Portugais irrégulier. Portugais régulier.
Rot, roto, rompido,
Eleit, eleito, eligido, (N. E. elegido)
Mort, morto, morrido,
Suspens, suspenso, suspendido.
J' y joindrai quelques exemples de participes irréguliers.
Roman. Portugais.
Dit, dito,
Feit, feito,
Vist, visto,
Escrit, escrito,
Cubert, cuberto,
Abert, aberto, (N. E. Apert; aperto)
Compost, composto.
(N. E. Estos participios coinciden con la lengua aragonesa.)
Italien:
La première conjugaison de la langue italienne n' exige aucune observation.
Les participes passés de la seconde sont ordinairement en UTO, venant d' UT roman; mais plusieurs offrent des accidents semblables à ceux des participes passés espagnols et portugais, et surtout ils ont deux participes, l' un irrégulier et l' autre régulier.
Je citerai parmi les doubles participes (1) de la seconde conjugaison,
(1) Voyez l' ouvrage de Mastrofini: Teoria e prospetto ossia dizionario critico de' verbi italiani conjugati, etc.
Roman. Ital. irrégulier. Ital. régulier.
Ras, raso, raduto,
Nat, nato, nasciuto,
Rezemt, redemto, redimuto,
Mes, messo, metuto,
Pres, preso, prenduto,
Ques, chiesto, chieduto,
Vist, visto, veduto,
Tons, tonso, tonduto.
Parmi les doubles participes passés qui appartiennent à la troisième, je choisis les suivants:
Offert, offerto, offerito,
Apert, aperto, aprito,
Occis, ucciso, ucciduto,
Mort, morto, morito.
Le participe irrégulier est rarement unique en italien; on trouve cependant,
Roman. Italien.
Tort, torto,
Rot, rotto,
Cot, cotto.
Indicatif.
Futur divisé.
La langue romane, qui formait le futur par l' adjonction du présent du verbe AVER à l' infinitif des verbes, sépara quelquefois ces deux éléments du futur, et plaça entre eux le pronom que le verbe régissait. Cette forme ne se retrouve qu' en espagnol et en portugais.
Espagnol:
Non te diran Jacob, mas decir te han Israel. Fuero Juzgo, XIII, III, 15.
Castigar los hé como avran á far. Poema del Cid, v. 229.
Haber les hemos como alevosos perjurados. Fuero de Llanes. (1: Llorente, Not. de las prov. vasc. t. IV, p. 189.)
Portugais:
E comezar la ei acrezentar. Doc. da villa de Moz, 1270. (2: Elucidario t. II, p. 118.)
Dar vos hey conta de donde ella vem.
Palmeirim de Inglaterra, cap. 6, t. I, p. 31.
Cette forme s' appliquait aussi au conditionnel formé de l' inflexion de l' imparfait d' AVER et d' un infinitif.
Dexar me ias con el sola, cerrarias el postigo.
Arcipreste de Hita, cob. 1455.
“E mas pechere me hia en pena diez mil maravedis.”
Fuero de Llanes. (3: Llorente, Not. de las prov. vasc. L IV, p. 191.)
“Habria nuestra ira y pechar nos ya toda aquella pena.”
Fuero de Castro verde. (4: Ib. p. 353.)
Modifications intérieures dans les verbes terminés en NER, NRE, NDRE, NIR.
La langue romane inséra en quelques temps de ces verbes, et surtout au présent du subjonctif, le G après l' N, et alors la forme de ce subjonctif fut,
Tenga, tengas, tenga, tengam, tengatz, tengan.
Prenga, prengas, prenga, prengam, prengatz, prengan.
Venga, vengas, venga, vengam, vengatz, vengan.
Cette forme a existé dans l' ancien français, et se retrouve encore dans l' espagnol et dans l' italien.
Le portugais, par un changement qui lui est ordinaire, au lieu de NG, prend NH.
Roman. Français. Espagnol. Portugais. Italien.
Tenga, tienge, tenga, tenha, tenga.
Prenga, prenge, prenga, (prenda); prenha; prenga.
Venga, vienge, venga, venha, venga.
Comme la langue française a rejeté ce G intérieur, je prouverai, par quelques exemples, qu' elle a employé autrefois cette forme romane.
Que jo aprenge les tuens cumandemenz.
Trad. du ps. 118, psaut. de Corbie.
E prie Diu qu' en prenge cure. Marie de France, t. I, p. 64.
“Si huem peched... e vienge merci requerre devant cest le tuen altel.”
Trad du IIIe livre des Rois, fol. 91.
Que jamès ne vienge a port. Marie de France, t. I, p. 94.
Bien lur convienge del surplus. Marie de France, t. I, p. 88.
Viengent a mei les tues miseratiuns. Trad. du ps. 118, psaut. de Corbie.
Ne volt ke nus des suens ne vienge
Ke desturnast e ki detienge.
Marie de France, t. I, p. 60.
Du verbe ANAR, ANDAR, ALLER. (1: L' ancien français offre des traces de la forme romane: Que vos anez por moi fors terre. Roman de Tristram.)
On trouve une nouvelle preuve de l' origine commune des langues de l' Europe latine, 1°, dans l' usage que toutes font de ce verbe, qui n' a pas été fourni par le latin (N. E. ambulare; deambular; ambulante, etc.);
2°, dans la forme particulière, vraisemblablement empruntée à la langue grecque, par laquelle ce verbe et les verbes défectifs IR et VADER se joignent, en forme d' auxiliaires, à des verbes qui sont au participe indécliné ou au temps qui représente le gérondif latin.
Présent de l' infinitif employé avec la préposition EN.
Cette forme romane se retrouve dans les langues que je compare.
Français:
En moi grever poez griement pechier. Le roi de Navarre, chans. IV.
Ne fis vers vous ne mal ne félonie
Ne en penser, n' en dire vilanie.
Le Comte de la Marche. (2: La Borde, Essai sur la Musique, t. II, p. 205.)
Et quant mes cuers s' est mis en li amer. Le Châtelain de Couci. (3: Ib. p. 262.)
Espagnol:
Percibido en dar conseio. Fuero Juzgo, I, I, 2.
Perderé en ser vencedor
Y ganaré en ser vencido.
Roxas, comed.: Non ay ser padre.
Portugais:
“Nō se arrisquem em fazer tam grande desatino.”
Hieronymo Osorio, Carta 4.
Italien:
Godea in mirar lo e in ragionar con esso. Tasso, Gerus. I.
Verbes employés impersonnellement.
Je n' entrerai dans aucun détail sur cette forme que la langue romane avait empruntée des latins, et qui se retrouve dans toutes les langues que je compare.
Suppression des pronoms personnels, sujets des verbes.
Cette forme fut aussi fournie par la langue latine, et fut beaucoup employée par les troubadours, soit parce que la poésie pouvait gagner à la concision, soit parce que cette suppression ne nuisait jamais à la clarté du style, lorsque les inflexions spéciales affectées à chaque personne des divers temps et des divers modes permettaient de la reconnaître sans retard et sans équivoque.
En France on regarde assez généralement cette suppression des pronoms personnels, sujets des verbes, comme l' une des formes grammaticales qui constituent le style marotique; mais si Marot l' a souvent employée, elle l' avait été bien davantage par les auteurs français les plus anciens, ainsi que les exemples suivants le prouvent.
“Ensi sejornerent,... ne sai quanz jorz.” Villehardouin, p. 111.
Quant... voi ces oisiaux esjoir
Por la douçor de la seson,
Lors... chant por ma dolor couvrir;
… N' ai de chanter autre reson.
Le Chastiement des dames, v. 665 et suiv.
Mais se droit... me voulez garder,
Puisque ce cœur de moi... avez
Le votre fault que... me laissiez.
Charles d' Orléans, p. 23.
“Pour la grant affection et amour naturelle que... avons, comme avoir... devons a lui.” Ordon. des rois de France, t. XV, p. 208.
Impératif.
Dans la langue romane, le présent de l' infinitif précédé de la négation tenait parfois lieu de l' impératif.
Cette forme se conserva quelque temps en France, elle existe encore en Italie, mais je n' en ai trouvé de trace ni dans l' espagnol ni dans le portugais.
Français:
“Sire, ne me arguer en la tue ire... ne desturner tu la face de mei... ne entrer en jugement ot tun serf.”
Trad. des ps. 37, 101, 142, psaut. de Corbie.
“Sire, ne me arguer en la tue ire, e en ta forsenerie ne me chastier.”
Trad. du ps. 37, MS. n° I.
Ah! biaux douz filz, por Dieu, nel dire. Fabl.. et Cont. anc. t. I, p. 379.
Et tu, preudom, ne te haster
De ton anemi descombrer...
Dit li: Ne t' esmaier de rien
Ge te conseillerai moult bien...
Beax fils, dist-il, ne croire pas
Tote la rien que tu orras,
Ains que tu l' aies essaié.
Le Castoiement, conte 3, 8 et 19.
Plus n' embrasser que l' on ne peut estreindre.
Pibrac, Quatr. LXIX.
Italien:
Dicendo à me: di ciò non far parola. Petrarca, canz. Nel dolce tempo.
“Non pianger, confortati.” Boccaccio, Decameron, I, I.
Non lasciar la magnanima tua impresa. Petrarca, son., La gota.
E 'l duca a lui: Caron, non ti cruciare:
Vuolsi così colà, dove si puote
Ciò, che si vuole, e più non dimandare. Dante, Inferno, III.
Signor, non mi riprender con furore,
E non voler corregermi con ira.
Dante, trad. del ps. Domine ne in furore.
Secondes personnes du pluriel a la place des secondes personnes du singulier.
Cette forme romane qui permet l' emploi de VOS au lieu de TU et qui exige en conséquence le verbe au pluriel, se retrouve dans les langues de l' Europe latine, avec cette circonstance remarquable que lorsqu'un adjectif se rapporte au sujet VOS, il reste au singulier, attendu qu' il ne s' agit que d' une personne.
QUE conjonctif entre deux verbes.
Ce QUE conjonctif roman remplaça la forme latine qui plaçait un second verbe à l' infinitif, et son sujet à l' accusatif.
Ce QUE roman, conjonctif indéclinable, modifié par l' italien en CHE, a été conservé dans les autres langues.
Il serait inutile de donner des exemples de l' emploi ordinaire de ce QUE, comme suppléant à la forme latine que les grammairiens modernes ont appelée le QUE retranché.
Mais souvent la langue romane employa ce QUE, dans le sens de QUIA, UT, NE, latins.
Je prouverai par des exemples que cette forme fut adoptée par les autres langues.
Et quelquefois la langue romane supprima le QUE, sans que le verbe subséquent fût placé à l' infinitif.
Quelques citations prouveront l' adoption de cette forme dans les autres langues.
QUE conjonctif dans le sens de QUIA, EO QUOD, UT, NE, etc.
Français:
Mès vous l' aurez que je le vueil. Fabl.. et Cont. anc. t. 3, p. 365.
Ensi le di, que ne m' en puis celer. Le roi de Navarre, t. 2, p. 16.
“Et que li avoirs lor fust rendus, que ils estoient prests de mouvoir.”
Villehardouin, p. 22.
“Nicholete laise ester, que ce est une caitive qui fu amenée d' estrange terre.” Fabl.. d' Aucassin et Nicolette.
Afuble toi, que trop es nus. Fabl. et Cont. anc., t. I, p. 378.
Je m' en vais en ma maison,
Que Perrin est ki m' atent.
Le roi de Navarre, t. 2, p. 93.
Quant il voudra bien li souffrez,
Qu' obedience li devez
Si com li moine a lor abé...
Par yvrece est mainz hom perduz
Qu' ele taut toutes les vertus.
Le Chastiement des dames, v. 112 et 312.
Il fault qu' il soit assisté d' un des dieux,
Qu' il est si fort au combat furieux.
Amyot, trad. de Plut. Œuvres mor. t. I, p. 227.
“Jo aturne tantel de viande a mei e a mun fiz, que nus le manjum.”
Trad. du IIIe liv. des Rois, fol. 110.
“Li Sires del ciel esguardet sur les filz des umes, que il veist se fust entendanz u requeranz deu.” Trad. du ps. 113, MS. n° I.
“Ceste merveilluse multitudine de pople que tu as veue te livrerai a cest jur de ui, que tu saches veirement que jo sui sires fors e poestifs.”
Trad. du IIIe livre des Rois, fol. 115.
Vous me dites que je refraigne
Mon cuer qu' amors ne le sorpreigne.
Roman de la Rose, v. 3089.
Pour les musser, qu' on ne les voye. Villon, p. 55.
“Il prist vaissiaus d' or et d' argent et les despeça et puis les bailla a saint Germain pour donner aux povres, que il ne les perdist.”
Chron. de France. (1: Recueil des Hist. de France, t. III, p. 215.
“Et que il se tapisissent es eglises et en autres lieux, que ils ne fussent occis.” Chron. de France. (2: Ib. p. 201.)
“Guarde que n' aies merci.” Trad. du Ier livre des Rois, fol. 18.
“Ils laissent debout les parties des edifices qui y touchent... et les estayent qu' elles ne tombent d' elles mêmes.”
Amyot, trad. de Plut., Œuvres mor., t. I, p. 463.
L' emploi de ce QUE n' étant plus admis dans la langue française, j' ai cru convenable de fournir des preuves nombreuses de l' ancien usage.
Je donnerai moins d' exemples pour les autres langues qui ont conservé cette forme romane.
Espagnol:
Eucuba fué en coita que s cudaba morir.
Poema de Alexandro, cob. 331.
“Dios los diera el poblo que lo defendiesen é que lo governasen ben.”
Fuero Juzgo, I, IV, V.
De noche lo lieben que non lo vean christianos. Poema del Cid, v. 93.
“Deven seer pesquiridos que se non puedan asconder.”
Fuero Juzgo, IX, I, 21.
Portugais:
“Das flores de que o campo estava cuberto, que isto era no mes de mayo.” Palmeirim de Inglaterra, part. I, c. 3, p. 14.
Impossibilidades não façais,
Que quem quiz sempre pode...
Camões, os Lusiadas, IX, 95.
“E porem ouro, prata, dineros... que se não pode despender en cousa mas guisada.” Chron. d' El Rey D. Joam I, part. I, cap. 123.
Vosso favor invoco, que navego
Por alto mar, com vento tão contrario.
Camões, os Lusiadas, VII, 78.
“E mandai vossas cartas pelas comarcas á quaesquer que tem voz por Portugal, que se venhan á pressa.”
Chron. d' El Rey D. Joam I, part. I, cap. 123.
E do teu claro sangue assi a memoria
Conserva que a não gaste o tempo ou mude.
Ant. Ferreira, t. I, p. 118.
Italien:
“Beati poveri, che regno del cielo è loro.” Guit. d' Arezzo, lett. III, p. 12.
“Andiam che la via iunga ne sospinge.” Dante, Inferno, IV.
“Ti guarda di più in casa non menarlo che io ti pagherei di questa volta e di quella.” Boccaccio, Decameron, IV, 10.
“E dove il potrem noi porre che egli non si suspichi domattina.” Boccaccio, Decameron, IV, 10.
Suppression du QUE entre les deux verbes.
La forme romane qui consistait à supprimer le QUE conjonctif, sans marquer son absence par aucun accident grammatical, fut adoptée par les langues de l' Europe latine, et pendant long-temps la langue française s' en servit en prose et en vers.
Français:
Sire ne lairrai... ne vus die
...Vus m' avez rendu la vie.
Roman de Protheslaus.
Ne nous ne porrions nier
... Ne nous aiez par armes pris.
Fabl. et Cont. anc. t. I, p. 85.
Et quide... ce soit faerie
Quanqu'il voit de manantie.
Partonopex de Blois. (1: Not. des MS. de la Bibl. du Roi, t. IX, part. II, p. 17.)
Bien savez... le cox chaponez
Est as gelines mal venus.
Fabl. et Cont. anc. t. I, p. 104.
Ont bien juré... rien ne douront
S' a ceux non qui l' avoir porront.
Fabl. et Cont. anc., t. I, p. 306.
Sachiès... vous vous en avilés. Roman de la Rose, v. 3272.
“Sachez... si vous y contrevenez, outre la note de parjure, vous encourez nostre indignation.” Ordon. des Rois de France (1317), t. XV, p. 23.
Je te promets et jure par ma foy
… Par moi ton cœur jà forcé ne sera.
Charles d' Orléans, p. 5.
S' aucuns de vostre amor vous prie,
Gardez... ne vous en vantez mie.
Le Chastiement des dames.
S' il advient... les manteaux vers
Ayent cours comme chascun pense.
Coquillart, p. 180.
“Ils doutent, obstant son décès,... on leur veuille mectre ou donner empechement.” Ordon. des Rois de France (1461), t. XVII, p. 266.
Espagnol:
E si dis... non dara fiador. Foros de Oviedo. (1: Llorente, not. de las prov. vasc. t. IV, p. 98.)
Sepas de mi... non puedes nulla cosa levar. Vid. de S. Domin. cob. 176.
Sabet... no lo dexáron en su tienda estar.
Poema de Alexandro, cob. 1553.
No creo... las rosas
De la primavera
Sean tan fermosas.
Marques da Santillane. (1: Collect. de poes. cast. ant. al sig. XV, t. 1, p. XLIV.) (N. E. Marqués de Santillana.)
Non creo... de theología
Sant Augustin mas sabia.
Gómez Manrrique. (2: Canc. gener. fol. XXXII, v°.)
Temo... seré culpado. Vid. de S. Domin. cob. 52.
Yo vos suplico y vos ruego
… Me libredes de la pena.
J. de Mena. (3: Ib. fol. XXV, v°.)
“Temia... me buscasen desde.”
“Un deudor que sabe... le perseguen los alguaciles.”
El. P. Isla, Gil-Blas, lib. VII, cap. 2.
Portugais:
“O qual affirman... lhe pos o mesmo Vigia Raja...
“Posto que nesta fábula cuido... nam teve tanta parte a humana ambiçam.” J. de Lucena, Vida do P. S. F. Xavier, liv. II, cap. 18.
“Lhe pedia encarecidamente... nam viesse nunca em seu irmam dom Francisco de proseguir.”
J. de Lucena, Vida do P. S. F. Xavier, liv. I, cap. I.
“Ves... corre a costa que Champá se chama.”
Camõens, os Lusiadas, X, 129.
“E guarde se... non seja inda comido.” Camõens, os Lusiadas, IX, 26.
Italien:
“E forse non credete... ei rendan voi.”
Guit. d' Arezzo, lett. XIV, p. 42.
“Ben credo... savete vera moneta divisare da falsa.”
Guit. d' Arezzo, lett. XX, p. 52.
“Dubitava... non fosse alcuna dea.” Boccaccio, Decameron, IV, 10.
“Temendo... non gli avenisse quello che gli avvenne.”
Boccaccio, Decameron, V, 9.
“E dubitando... non dicesse da beffe, gli demandai.”
Ben. Varchi, Ercolano.
En terminant ce chapitre VI relatif aux verbes, il me serait facile de rassembler les diverses preuves d' identité, les nombreux rapports que fournissent ou indiquent les rapprochements successifs que j' ai eu occasion de présenter.
Mais est-il besoin d' énumérer spécialement ces preuves?
On les trouve dans chacune des trois conjugaisons, dans chaque mode, dans chaque temps, dans les formes intrinsèques et dans les inflexions, et enfin dans l' emploi ou dans la suppression du QUE conjonctif.
Quand on voit de telles conformités, peut-on croire que ces diverses langues auraient pu les offrir, si elles n' avaient eu primitivement une origine commune?
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