C, s. m., troisième lettre de l'alphabet et seconde des consonnes.
Empero mais ieu volria
O e C mantas sazos.
Cadenet: Amors e com.
Pourtant maintes fois j'aimerais mieux O et C. O et C forment le mot OC, qui signifie oui. (N. E. OC: sí en occitano y sus dialectos, catalán inclusive.)
Caber, v., lat. capere, contenir, fournir.
Meravil me on poiria 'l joy caber.
Berenger de Palasol: Tan m'abelis.
Je m' étonne où je pourrais contenir le bonheur.
- Être contenu, demeurer.
Es dit cap, quar totz V sens corporals cabo en el.
Eluc. de las propr., fol. 34.
Est dit chef, parce que tous les cinq sens corporels sont contenus en lui.
Car qui al segle vol caber,
Mantas vetz l'aven a soffrir.
P. Vidal: Cant hom.
Car qui veut demeurer dans le siècle, il lui arrive maintes fois de souffrir.
Qu'el, qu'es mais de tot lo mon,
Caup en vos, verge certana.
G. Riquier: Aissi quon es.
Que lui, qui est plus que tout le monde, fut contenu en vous, vierge certaine.
Part. pas. E seretz mal e lag cabitz
De coissis et de siessadas.
Folquet de Lunel: El nom de.
Et vous serez mal et tristement fourni de coussins et de siéges.
Si as molher de sen cabida,
Ama la cum la tua vida.
Libre de Senequa.
Si tu as femme fournie de sens, aime-la comme ta vie.
CAT. Cabrer. ESP. PORT. Caber. IT. Capere.
2. Capacitat, s. f., lat. capacitatem, capacité.
Per que sia de maior capacitat.
Figura redonda que es de maior capacitat.
Eluc. de las propr., fol. 34 et 280.
Pour qu'il soit de plus grande capacité.
Figure ronde qui est de plus grande capacité.
CAT. Capacitat. ESP. Capacidad. PORT. Capacidade. IT. Capacità.
3. Capable, adj., capable.
Si s'en troba de capables.
Fors de Bearn, p. 1072.
S'il s'en trouve de capables.
4. Cabana, s. f., cabane, chaumière.
Voyez Leibnitz, p. 105; Muratori, Diss. 33.
Hanc rustici capanam vocant quod unum tantum capiat.
Isidor., Orig., XIV, 12.
Que eu y puesca tener una cabana a ma vida.
Tit. de 1253, DOAT, t. CXXXIX, fol. 76.
Que j'y puisse posséder une cabane pendant ma vie.
- Baraque. (chap. barraca)
E cabanas e pabalhos.
Roman de Jaufre, fol. 55.
Et baraques et pavillons.
CAT. Cabanya. ESP. (chap. cabaña) Cabaña. PORT. Cabana. IT. Capanna.
5. Cayssa, Caissa, s. f., lat. capsa, caisse, cassette.
(chap. capsa, caissa y caixa)
En una cayssa dousamen
L'a mult bellament estuzat.
Un troubadour anonyme: Senior vos que.
Doucement l'a très bien caché en une caisse.
L'arsivesque a los clavels de la caycha gitat.
Roman de Fierabras, v. 4984.
L'archevêque a tiré les clous de la cassette.
(chap. L' arzobispo - Omella - ha tret los claus de la caixa.)
E poiran li a luocx valer mil tans
Qu'en sa caissa dos ples sacs de besanhs. (N. E. Ver besant más arriba)
G. Olivier d'Arles, Coblas triadas.
Et dans l'occasion pourront lui valoir mille fois autant que deux pleins sacs de besants en sa caisse.
CAT. Capsa (caixa d' estalvis). ESP. Caxa (caja). PORT. Caixa. IT. Cassa.
6. Capse, s. f.., châsse.
La capse del argent.... ont es lo cors.
Tit. de 1534, DOAT, t. CIV, fol. 314.
La châsse d'argent... où est le corps.
7. Caisseta, s. f.., petite caisse, cassette.
Una caisseta mandet far. V. de S. Honorat.
Ordonna de faire une cassette.
CAT. Capseta. ESP. Caixita (cajita). PORT. Caixina. IT. Cassetta. (chap. capseta y caixeta : cayssheta, caisseta)
8. Capsula, s. f.., lat. capsula, capsule, petite caisse.
Una tela dita capsula o cayssheta del cor.
Eluc. de las propr., fol. 52.
Une toile dite capsule ou cassette du coeur.
ESP (chap). Cápsula. IT. Capsola (N. E. no confundir con capsota).
9. Chaupir, v., prendre, saisir.
Sol las terras puescan chaupir,
Qui s vuelha n'aia l'uelh mulhat.
P. Cardinal: Qui volgra sirventes. Var.
Pourvu qu'ils puissent prendre les terres, en ait les yeux mouillés qui voudra.
10. Sobrecaupir, v., couvrir, surmonter.
Que aiguas et pluvias
Sobrecaupiron fort las vals e las gandinas (o gaudinas).
V. de S. Honorat.
Que les eaux et les pluies couvrirent fort les vallées et les bocages.
11. Caption, s. f., lat. captionem, capture, prise, arrestation.
Totz aquels que avio estat a la captio de son predecessor papa Bonifaci.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 207.
Tous ceux qui avaient été a l'arrestation de son prédécesseur le pape Boniface.
Non si consenta caption nenguna.
Statuts de Provence, Julien, t. II, p. 431.
Qu'il ne se consente aucune arrestation.
Los habitans volens evitar la captio del dich loc et de las personas.
Tit. du XIVe siècle, DOAT, t. CXXV, fol. 97.
Les habitants voulant éviter la prise dudit lieu et des personnes.
Per caption et arrest de lors proprias personnas.
Tit. de 1353, DOAT, t. CXXV, fol. 65.
Par capture et arrestation de leurs propres personnes.
ANC. CAT. Capció. ANC. ESP. Capción.
12. Captura, s. f., lat. captura, capture.
Per captura et arrest de lor personnas.
Tit. de 1373, DOAT, t. CXXV, fol. 86.
Par capture et arrestation de leurs personnes.
CAT. ESP. PORT. Captura. IT. Cattura. (N. E. El italiano tiene capo, de caput, pero escribe cattura.)
13. Captional, adj., d'arrestation, qui tient à la capture.
Non consenta nengunas letras captionals.
Statuts de Provence, Julien, t. II, p. 431.
Qu'il ne consente aucunes lettres d'arrestation.
14. Capcios, adj., lat. captiosus, captieux.
Brev. d'amor, fol. 123.
Feintes suppositions captieuses.
CAT. Capcios. ESP. PORT. Capcioso. IT. Capzioso.
15. Captiosamen, adv., captieusement.
Mostradas d'alcunas gens captiosamen.
Tit. de 1261, DOAT, t. X, fol. 284.
Montrées captieusement par quelques personnes.
ESP. PORT. Capciosamente.
16. Captar, v., lat. captare, capter, acquérir.
Fig. Et metre azautimens
A captar benvolenza en primas de las gens.
P. de Corbiac: El nom de.
Et mettre de la politesse à capter d'abord la bienveillance des gens.
CAT. ESP. PORT. Captar. IT. Captare.
17. Captivar, v., lat. captivare, captiver, tenir captif.
Pres et captivet et amenet am se per so matrimoni Radegunda.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 67.
Il prit et captiva et amena avec lui pour son mariage Radegonde.
Captivet Judea. Eluc. de las propr., fol. 165.
Il captiva la Judée.
Part. pas. LXX ans els quals fo captivat en Babilonia.
Eluc. de las propr., fol. 127.
Soixante-dix ans pendant lesquels il fut tenu captif en Babylone.
CAT. ANC. ESP. Captivar. ESP. MOD. Cautivar. PORT. Captivar, cativar.
IT. Cattivare.
18. Captivitat, s. f., lat. captivitatem, captivité.
Es mort en captivitat. Trad. du Code de Justinien, fol. 16.
Il est mort en captivité.
ANC. FR. La chaitivitet de Sion... La nostre caitivetet.
Anc. tr. du Psautier de Corbie, ps. 125.
CAT. Captivitat. ESP. Cautividad. IT. Cattività.
19. Captivatio, s. f., captivité.
Es estada mot greu la dita captivatio.
Tit. de 1419. DOAT, t. LIV, fol. 292.
Ladite captivité a été très pénible.
ANC. FR. Jerusalem estre en chativoisons.
Romancero français, p. 100.
20. Caytivier, s. m., prison, misère.
En aquest caytivier estet Pilat II ans.
Roman de la Prise de Jérusalem, fol. 23.
Pilate resta deux ans dans cette prison.
E non temp la polpra dels reis, ni mespreza lo chaitivier dels mendics.
Trad. de Bède, fol. 41.
Et ne craint la pourpre des rois, ni ne méprise misère des mendiants.
CAT. Captiveri. ANC. ESP. Captiverio. ESP. MOD. Cautiverio. PORT. Cativeiro.
21. Captiu, Caitiu, (caytiu) adj., lat. captivus, captif, prisonnier.
Roman de Flamenca, fol. 32.
Si lo filh sera caitius entre Sarrazins et lo paire no 'l volra resmer.
Trad. du Code de Justinien, fol. 16.
Si le fils sera captif parmi les Sarrasins, et le père ne le voudra pas racheter.
- Chétif, malheureux.
Fig. De totz caitius sui ieu aissel que plus
Ai grand dolor e suefre greu turmen.
Pons de Capdueil: De totz caitius.
De tous les malheureux je suis celui qui ai plus grande douleur et souffre plus pénible tourment.
Caitieu! cum em tug a mal mes!
G. Moine de Beziers: Quascus plor.
Malheureux! comme nous sommes tous mis à mal!
ANC. FR. Frans hom, dist-ele, je te pri
De la caitive aies merci...
Trois fois s'est caitive clamée.
Roman du comte de Poitiers, p. 24 et 27.
ANC. CAT. Caitiu. ANC. ESP. Captivo. ESP. MOD. Cautivo. PORT. Cativo. IT. Cattivo.
22. Caitivet, adj., chétif, malheureux.
Ay! caitivet, co em torbat!
Trad. de l' Évangile de Nicodème.
Ah! chétifs, comme nous sommes troublés!
IT. Cattivello.
23. Encaytivar, v., tenir captif, emprisonner.
Part. pas. Mot longamen encaytivat.
Trad. de l' Évangile de Nicodème.
Très longuement tenu captif.
ANC. ESP. Encativar.
24. Acaptar, Acatar, v., obtenir.
Au moyen âge, le verbe accaptare a été employé dans les diverses acceptions d' acheter, prendre, accepter, etc.
Mas ges non chant per aver acaptar.
T. de Bonfils et de Giraud: Guiraut.
Mais je ne chante point pour obtenir richesse.
- Solliciter, mendier.
E 'ls trop nutz, ses vestimenta,
E van leur pan acaptar.
Bertrand de Born: Mout mi plai.
Et je les trouve nus, sans vêtements, et ils vont mendier leur pain.
Irai per tot acaptan
De chascuna un bel semblant.
Bertrand de Born: Domna puois.
J'irai partout sollicitant de chacune une belle manière.
- Acheter.
S'ieu trobes plaser a vendre,
E agues pron de pagar,
Ben mi porri' om reprendre,
S'ieu non l'anes acatar.
B. Zorgi: S'ieu trobes.
Si je trouvais plaisir à vendre, et que j'eusse assez pour payer, on pourrait bien me reprendre, si je ne l'allais acheter.
ANC. FR. A acatet bien et leoiaument.
Charte d'Enguerrand de Couchy de 1266.
Cilz qui l'ara achetet en goyra paisiblement.
… Cestui qui avera cestui heritaige achetet.
Charte de Valenciennes de 1114.
On ne peut trop cher achapter
Mercy, qui est le plus grant bien.
Œuvres d'Alain Chartier, p. 736.
CAT. Acaptar. ANC. ESP. Acaptar. IT. Accattare.
25. Recaptar, v., rétablir, racheter.
Part. pas. Donan, meten,
Plazers fazen,
Es valors recaptada.
P. Cardinal: Qui vol aver.
Donnant, dépensant, faisant des plaisirs, le mérite est rétabli.
CAT. Recaptar. IT. Riscattare. (ESP. Rescatar; chap. rescatá, recaptá)
26. Forcap, Forcapi, s. m., basse lat. foriscapium, lods.
C'était un droit du seigneur sur les choses trouvées et sur les mutations.
Agues tot lo forcaps.
Tit. de 1227. Arch. du Roy., J., 326.
Eut tout le lods.
Ab dos deners tolosas que n'agro d'acapte e lor forcapi.
Tit. de 1243. Arch. du Roy., J., 325.
Avec deux deniers toulousains qu'ils en eurent d'acapte et leur lods.
ANC. FR. Prinst la possession et saisine, sanz ce qu'il paiast foriscapi et sans obtenir lausisme ne licence du souverain.
Tit. de 1389. Carpentier, t. II, col. 487.
27. Ancaps, s. m., profit.
Vostr' es l' ancaps e totz lo mescaps mieus.
Aimeri de Peguilain: Nuls hom.
Le profit est vôtre et tout le dommage mien.
28. Mescabar, Menescabar, Mescapar, v., manquer, échapper, diminuer,
perdre, déchoir.
Mas homs per sa gran folia
Mescabet sa senhoria.
E quan mescabam nostr' aver.
Brev. d'amor, fol. 18 et 107.
Mais l'homme par sa grande folie perdit sa seigneurie.
Et quand nous perdons notre avoir.
Qu'en lui ai mescabat senhor et amic bo.
Sordel: Planher vuelh.
Qu'en lui j'ai perdu seigneur et bon ami.
Et a s'arma menescabada.
Contricio e penas infernals.
Et il a perdu son âme.
Mais am ab lieis mescabar
Qu'ab autra joy conquistar.
P. Vidal: Pus tornat.
J'aime mieux déchoir avec elle que conquérir le bonheur avec une autre.
Greu sera que no i s mescap. Brev. d'amor, fol. 17.
Il sera difficile qu'il ne s'y perde.
ANC. FR. Je sui li plus chetiz du monde
Et de toz li plus meschevez.
Fabl. et cont. anc., t. 1, p. 373.
ANC. CAT. Menyscabar. ANC. ESP. Mescabar. ESP. MOD. Menoscabar. PORT. Mescabar.
29. Mescap, s. m., méchef, malheur, mésaventure.
Ad un tertre montan, li ven un gran mescaps,
Son bon caval li es desotz li enclinatz.
Roman de Fierabras, v. 3537.
Montant sur un tertre, il lui survint une grande mésaventure, son bon cheval s'est abattu sous lui.
Can es lo mescaps sors.
Giraud de Borneil: Dels bels.
Quand le malheur est surgi.
Venir l'en pot tals mescaps e tals dans,
Qu'il fara pro si 'l restaur' en des ans.
B. Calvo: Luec de.
Il peut lui en venir tel malheur et tel dommage, qu'il fera assez s'il le répare en dix ans.
ANC. FR. Une grant maladie prist le roi à Paris dont il fu à tel meschief,
si comme il le disoit, que l'une des dames qui le gardoit, li vouloit traire le drap sus le visage.
Joinville, p. 6.
Car où je fais semblant de rire,
J'ai toujours le cueur en meschief.
Œuvres d'Alain Chartier, p. 797.
ANC. CAT. Menyscab. ANC. ESP. Mescabo. ESP. MOD. Menoscabo.
30. Mescabamen, s. m., perte, malheur.
Per lo mescabamen de la causa qu'om planh.
Leys d'amors, fol. 41.
Par le malheur de la chose qu'on plaint.
31. Entrecapiadamens, adv., par des malheurs réciproques.
Los trebals e las guerras e los descofimens
Que s mogro l'us a l'autre entrecapiadamens.
P. de Corbiac: El nom del.
Les travaux et les guerres et les déconfitures qu'ils se causèrent l'un à l'autre par des malheurs réciproques.
32. Acceptar, v., lat. acceptare, accepter.
Li pregan que aquela vela (vulla) prendre et acceptar.
Chronique des Albigeois, col. 19.
Le prient qu'il veuille prendre et accepter celle-là.
Se deia acceptar en comte et en deminution.
Reg. des États de Provence de 1401.
Se doive accepter en compte et en déduction.
CAT. Acceptar. ESP. Aceptar. PORT. Acceptar. IT. Accettare. (chap. asseptá: assepto, asseptes, assepte, asseptem o asseptam, asseptéu o asseptáu, assepten.)
33. Acceptio, s. f., lat. acceptio, acception.
Senes acceptio et distinctio de personas.
Tit. du XIIIe sièc. DOAT, t. CXVIII, fol. 34.
Sans acception et distinction de personnes.
CAT. Accepció. ESP. Acepción. PORT. Accepção. (chap. Assepsió)
34. Acceptamen, s. m., acception.
Senes acceptamen de nombre, de personas.
Cartulaire de Montpellier, fol. 48.
Sans acception de nombre, de personnes.
35. Exceptar, v., lat. exceptare, excepter.
Nul hom non deu exceptar. Brev. d'amor, fol. 98.
Ne doit excepter aucun homme.
Empero alqus vers n' exceptem.
Leys d'amors, fol. 97.
Pourtant exceptons-en quelques vers.
Part. pas. Als cas exceptats.
Charte de Gréalou, p. 94.
Aux cas exceptés.
36. Exceptat, Septat, prép., excepté.
Exceptat la frucha bela
D'aquel albre.
Brev. d'amor, fol. 57.
Excepté le beau fruit de cet arbre.
E fara tot cant hom fara, exceptat peccat.
Liv. de Sydrac, fol. 30.
Et fera tout ce qu'homme fera, excepté péché.
La vista e 'l parlar perderon
Trastotz essens, aissi co eron, (N. E. essens, essems, essemps, ensemp)
Septat Joseph, que aqui estet,
Trad. de l'Évangile de l'Enfance.
Tous ensemble, ainsi qu'ils étaient, perdirent la vue et le parler, excepté Joseph, qui demeura là.
CAT. Exceptat. ESP. (Excepto) PORT. Eccepto. IT. Eccettato.
37. Exceptio, s. f., lat. exceptio, exception, restriction.
Alcunas exceptions de la dicha regla. Leys d'amors, fol. 26.
Aucunes exceptions de ladite règle.
El no fara pas exceptio del rei.
L'Arbre de Batalhas, fol. 103.
Il ne fera pas exception du roi.
El coffessa ab exceptio.
Trad. du Code de Justinien, fol. 14.
Il avoue avec restriction.
- Défense, moyens.
El non vol admettre las exceptions, allegations, e defensas.
Statuts de Provence. Masse, p. 193.
Il ne veut admettre les exceptions, allégations et défenses.
Exceptio de non numerada pecunia.
Tit. du XIIIe sièc. Arch. du Roy., J., 328.
Exception d'argent non compté.
CAT. Excepció. ESP. Excepción. PORT. Excepção. IT. Eccezione.
(chap. exepsió)
38. Interceptio, s. f., interception.
Segon contraris movemens ab interceptio et interposicio de repaus.
Eluc. de las propr., fol. 66.
Selon mouvements contraires avec interception et interposition de repos.
39. Concebre, v., lat. concipere, concevoir.
Usat soven per jovencelas las ret aptas a concebre.
Eluc. de las propr., fol. 219.
Employé souvent par jouvencelles les rend aptes à concevoir.
Que concebras per l'aurelha
Dieu.
P. de Corbiac: Dona dels.
Que tu concevras Dieu par l'oreille.
Car l'aura cosseubut.
Liv. de Sydrac, fol. 8.
Car elle l'aura conçu.
Femna turquesa portan
Cossebre non pot ges efan.
Brev. d'amor, fol. 29.
Femme portant turquoise ne peut aucunement concevoir enfant.
ANC. CAT. Concebre. ESP. Concebir. PORT. Conceber. IT. Concepire. (chap. consebí)
40. Conceptio, s. f., lat. conceptio, conception.
Ret apta la mayritz a conceptio.
Eluc. de las propr., fol. 30.
Rend la matrice apte à conception.
La conceptio de Nostra Dona.
Calendrier provençal.
La conception de Notre-Dame.
Am conception de gendre, de nombre, de persona.
Leys d'amors, fol. 146.
Avec conception de genre, de nombre, de personne.
CAT. Conceptió (concepció). ESP. Concepción. PORT. Conceição.
IT. Concezione. (chap. La consepsió de Nostra Dona)
41. Concebement, s. m., conception.
Ren donas aptas a concebre, et ajuda lor concebement et a
enfantar. Eluc. de las propr., fol. 225.
Rend femmes aptes à concevoir, et aide leur conception et à enfanter.
Nostra Dona fon verges en son concebemens.
V. et Vert., fol. 4.
Notre-Dame fut vierge en sa conception.
ANC. FR. Or Deus l'oït, si donat concivement a Rebeche.
Dial. de S. Grégoire, liv. 1, ch. 8.
ANC. CAT. Concebement. ESP. Concebimiento. PORT. Concebimento.
IT. Concepimento. (chap. Consebimén)
42. Decebre, v., lat. decipere, décevoir, tromper.
No l'en decebra... no 'ls en decebran... non decebrem.
Titres de 960.
Ne l'en trompera... ne les en tromperont... nous ne tromperons.
Pot me ric far o decebre.
E. Cairel: Aras.
Peut me faire puissant ou me tromper.
Non sai perque
M'auci ni m vol decebre
Que, per ma fe,
Lai on plus me decep,
Non a merce.
Aimeri de Peguilain: Ses mos apleitz.
Je ne sais pourquoi elle me tue et me veut tromper; vu que, par ma foi, là où plus elle me trompe, il n'y a pas merci.
El senher N'Uc, que anc dessebre
No volc.
R. Vidal de Bezaudun: En aquel temps.
Le seigneur Hugues, qui jamais ne voulut tromper.
Part. prés. Don anc failhi en cutz, ni en pezatz,
Ni en fols ditz, ni en faitz decebens.
A. Brancaleon: Pessius.
D'où jamais je faillis en opinions, ni en pensées, ni en paroles folles, ni en faits décevants.
Part. pas. En que seretz deseuputz.
Pierre d'Auvergne: Bel m'es.
En quoi vous serez trompé.
ANC. FR. E li vileins le vol deceivre...
Por lui deceivre è engigner.
Marie de France, t. 1, p. 270 et 492.
Ou certainement il pense qu'il t'ait deceut.
Lett. de S. Bernard. Montfaucon, Bibl. bibl. t. II, p. 1387.
ANC. CAT. Decebre. ANC. ESP. Decebir (+ engañar).
43. Deceubudamen, adv., trompeusement.
Enduihg deceubudamen per conseil.
Tit. de 1286. DOAT, t. CLXXIV, fol. 284.
Induit trompeusement par conseil.
44. Deceptio, s. f., déception, fraude.
Fez u breu faire per gran deceptio.
Poëme sur Boèce.
Il fit faire une lettre par grande fraude.
Totas fallacias e totas deceptios.
V. et Vert., fol. 24.
Toutes faussetés et toutes déceptions.
ANC. CAT. Decepció. ANC. ESP. Decepción. (chap. Dessepsió)
45. Dessebement, s. m., tromperie, perfidie.
Us prec que us gardatz de tot dessebement delhs Sarrazis.
Philomena.
Je vous prie que vous vous gardiez de toute perfidie des Sarrasins.
ANC. FR. Par celui decevement cuideront tous qu'il soit Dieu le tout puissant.
Prophécies de Merlin, fol. 52.
ANC. CAT. Decebementz. ANC. ESP. Decebimiento.
46. Decebeire, Descebedor, s. m., trompeur.
Lo decebeire fein vertat tant que poscha decebre.
Trad. de Bède, fol. 61.
Le trompeur feint la vérité tant qu'il puisse tromper.
Adject. Mot descebedor prophetas issiron el mont.
Trad. de la première épître de S. Jean.
Plusieurs prophètes trompeurs sortiront au monde.
47. Deceptiu, adj., trompeur.
Paraulas deceptivas e cautelosas.
Chronique des Albigeois, p. 16.
Paroles trompeuses et cauteleuses.
ANC. FR. Qui t'a faiz si savant.
A mettre mots deceptifs en avant.
C. Marot, t. IV, p. 112.
Tel argument est deceptif et plein de fallace.
Œuvres d'Alain Chartier, p. 336.
ANC. CAT. Deceptiu.
48. Percebre, v., lat. percipere, apercevoir, distinguer.
Ab tant es al castels vengutz,
Et a dos sirvens percebutz.
Roman de Jaufre, fol. 11.
En même temps il est arrivé au château, et a aperçu deux sergents.
Pot s'en percebre.
E. Cairels: Aras.
Elle peut j'en apercevoir.
Part. pas. E 'l segon es, so m par,
D'umil precx perceubutz.
G. Riquier: Segon qu'ieu.
Et le second est, ce me semble, distingué par humble prière.
Perceut pour percebut.
Prov.
Mas, com dis lo proverbis: Tart se son perceut;
Qu'els an claus lor estable e' caval son perdut.
Guillaume de Tudela.
Mais, comme dit le proverbe: Ils se sont tard aperçus; car ils ont fermé leur étable et les chevaux sont perdus.
ANC. FR. La dame s'en perçoit.
Romancero français, p. 23.
Si perceut assez bien à ceste fois qu'il n'estoit pas bien en sa grace.
Monstrelet, t. I, fol. 299.
Je l'ai percéu et choisy.
Roman du Chastelain de Coucy, v. 4531.
ANC. CAT. Percebre. CAT. MOD. ESP. Percebir (apercibir, apercibirse; chap. apersibí, acatassen, donassen cuenta &c.).
PORT. Perceber.
49. Percibilitat, s. f., percibilité.
Ses tota quantitativa extensio o percibilitat.
Eluc. de las propr., fol. 9.
Sans aucune extension quantitative ou percibilité.
50. Perceptiu, adj., perceptif.
Virtut auditiva... de sos propriament sensitiva et perceptiva.
Eluc. de las propr., fol. 15.
Vertu auditive... proprement sensitive et perceptive de sons.
ESP. Perceptivo. (chap. perseptiu)
51. Apercebre, Apercepre, v., apercevoir, aviser, distinguer.
E si s n'apercep lo gilos.
Giraud de Borneil: Ailas!
Et si le jaloux s'en aperçoit.
Duret lonc temps lor amor ans que el vescoms ni home s'en aperceubes.
V. de Bernard de Ventadour.
Leur amour dura long-temps avant que le vicomte ni personne s'en aperçut.
Part. pas.
Que sia savis et discret... e ben aperceuputzt.
V. et Vert., fol. 72.
Qu'il soit sage et discret... et bien avisé.
Ieu crei que vos seriatz
De dir oc aperceubuda.
Cadenet: Amors.
Je crois que vous seriez avisée pour dire oui.
Fig. E sos parlars aperceubutz.
Aimeri De Peguilain: De tot en tot.
Et son parler distingué.
Subst. Et a manh nesci acaptar
Plus qu'a un franc aperceubut.
G. Adhemar: Ieu ai ja.
Et à maint ignorant de réussir plus qu'à un franc avisé.
ANC. CAT. Apercebrer. CAT. MOD. ESP. Apercebir. PORT. Aperceber.
52. Aperceubudamens, adv., avec intelligence, avec discernement.
E fas be mon mester aperceubudamens.
P. de Corbiac: El nom de.
Et je fais bien mon métier avec intelligence.
53. Apercebemen, s. m., discernement, intelligence.
E deu aver leu apercebemen.
Serveri de Gironne: Bayle jutge.
Et il doit avoir prompt discernement.
CAT. Apercebiment. ESP. Apercibimiento. PORT. Apercebimento. (chap. apersibimén)
54. Despercebre, v., ne pas se précautionner, dépourvoir.
Part. pas. Contra peccat gran o menut
No t trobe hom desperceubut.
Deudes de Prades, Poëme sur les Vertut.
(chap. Contra pecat o gran o menut que no te trobon desapersebut, desapersibit, encantat, despistat o destronat.)
Contre péché grand ou petit qu'on ne te trouve pas dépourvu.
55. Despersebudament, adv., à l'improviste.
Lo comte de Tripol despersebudament sobrevenc.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 161.
Le comte de Tripoli survint à l'improviste.
(chap. Lo comte de Trípoli va sobrevindre, atacá, desapersebudamen, de improvist.)
56. Recebre, v., lat. recipere, recevoir, accepter.
En ricas cortz ai vist mantas sazos
Paubr' enrequir e recebre grans dos.
Arnaud de Marueil: Si cum li.
J'ai vu maintes fois en riches cours des pauvres s'enrichir et recevoir de grands dons.
(chap. literal: A riques corts hay vist moltes vegades pobres enriquís y ressibí grans dons.)
El es digne de ressebre so qu'a servit.
Liv. de Sydrac, fol. 24.
Il est digne de recevoir ce qu'il a mérité.
- Admettre quelqu'un chez soi, en sa compagnie.
Loth que... recebia volontiers los paures e tenia ospitalitat, receup los angels que lo delivreron.
(chap. Loth que... ressibíe en voluntat als pobres y teníe hospitalidat, va ressibí als angels que lo van liberá o lliberá.)
V. et Vert., fol. 79.
Loth qui... recevait volontiers les pauvres et tenait hospitalité, reçut les anges qui le délivrèrent.
Cant la vic, reseup la am gran gaug. Philomena.
(chap. Cuan la va vore, la va ressibí en gran goch.)
Quand il la vit, il la reçut avec grande joie.
- Souffrir, endurer.
E venc, per nostre salvamen,
Recebre mort e passio.
Pierre d'Auvergne: Lo Senher.
(chap. Y va vindre, per lo nostre salvamén
a ressibí mort y passió. Pere d'Auvergne: Lo – nostre - Siñó)
Et il vint, pour notre salut, recevoir mort et passion.
E receubist greu mort per karitat.
G. Riquier: Christian.
Et vous reçûtes cruelle mort par charité.
Fig. Qu'en recieup amor e senhoratge.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 42.
Vu qu'il en reçut amour et seigneurie.
Lo vers recepia 'l coms Uc.
B. de Venzenac: Pus vey lo.
Le comte Hugues recevait le vers.
Ab plazer recep e recuelh
Lo dos temps que colora e penh.
A. Daniel: Ab plazer.
Je reçois et accueille avec plaisir le doux temps qui colore et peint.
Loc. Si com Dieus fos de vos natz
E 'n recep carn humana.
Lanfranc Cigala: Oi! maire.
Ainsi que Dieu fut né de vous et en reçut chair humaine.
Part. pas. E tant colp dat e receubut e pres.
Bertrand de Born: Quan la novela.
Et tant de coups donnés et reçus et pris.
ESP. Recibir. PORT. Receber. IT. Ricevere. (chap. Ressibí: ressibixco, ressibixes, ressibix, ressibim, ressibiu, ressibixen.)
57. Receptio, s. f., lat. receptio, réception.
La reception de ma lettra.
Lett. de l' Év. de Maguelonne. Martin, p. 156.
La réception de ma lettre.
Las receptios de las morguas.
(chap. Les ressepsions de les monges o monjes, religioses)
Tit. de 1319. DOAT, t. CXXXII, fol. 343.
Les réceptions des religieuses.
CAT. Recepció. ESP. Recepción. PORT. Recepção. IT. Ricezione. (chap. ressepsió)
58. Recebimen, Recebemen, s. m., réception.
Lo recebimen dels fruchs del premier an.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 218.
(chap. Lo ressibimén dels fruits del primé añ.)
La réception des fruits de la première année.
A recebemen de guirens. Statuts de Montpellier de 1258.
A réception de témoins.
PORT. Recebimento. IT. Ricevimento. (ESP. Recibimiento, recepción.)
59. Recepta, s. f., recette, ordonnance de médecin.
E us fai la recepta legir. Brev. d'amor, fol. 124.
Et vous fait lire la recette.
- Rentrée de fonds.
Deu rendre compte a son senhor de receptas e de despessas.
(chap. Deu rendí cuentes - o comptes - a son siñó de resseptes y gastos.)
V. et Vert., fol. 68.
Il doit rendre compte à son seigneur de recette! et de dépenses.
CAT. Recepta. ESP. Receta. PORT. Receita. IT. Ricetta. (chap. Ressepta del meche).
60. Recepte, s. m., réceptacle, asile.
Tro que Remus e Romulus, que foron d'els parens,
Feron un pauc recepte.
P. de Corbiac: El nom de.
Jusqu'à ce que Rémus et Romulus, qui furent parents d'eux, firent un petit asile.
ANC. FR. Tant a alé que toute voie
Parvint la nuit à son recest.
Roman du Renart, t. III, p. 6.
Recet n'i auroit ni ados.
(chap. Rasé, v. arrasserá, arrasserás: yo me arrassero, arrasseres, arrassere, arrasserem o arrasseram, arrasseréu o arrasseráu, arrasseren.)
B. de Sainte-Maure, Chr. de Norm., fol. 165 (o 163).
Ta n'as forteresse ni recet où tu puisse fuir ne mucier.
Rec. des Hist. de Fr., t. III, p. 163.
L'an mil quatre cent trente sept
Où chastel de plaisant recept.
Charles d'Orléans, p. 294.
IT. Ricetto.
- Recette, compte.
Rebatut de lor recepte per aquels a cui appartenra.
Tit. de 1379. DOAT, t. CXXV, fol. 120.
Rebattu de leur recette par ceux à qui il appartiendra.
61. Recient, s. m., refuge, asile.
Metre en tal ocaisso
No lor demest recient, tor ni maio.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 62.
Mettre en telle difficulté qu'il ne leur demeure refuge, tour ni maison.
62. Receptacle, s. m., lat. receptaculum, réceptacle.
Premier receptacle de sanc. Eluc. de las propr., fol. 29.
Premier réceptacle de sang.
CAT. Receptaculo (receptacle) ESP. (Receptáculo). IT. Ricettaculo. (chap. resseptácul)
63. Recebeire, Recebedor, s. m., lat. receptor, receveur, récipient.
Ventre es recebedor de tot son noyriment.
Eluc. de las propr., fol. 58.
Le ventre est récipient de toute sa nourriture.
Recebedor del emprumpt fach en la vila de Nemse.
Tit. de 1433. Hist. de Nîmes, t. III, pr., p. 239.
Receveur de l'emprunt fait dans la ville de Nîmes.
- Qui fait acception, distingueur.
Dieus non es recebeires de personas.
Trad. des Actes des Apôtres, chap. 10.
Dieu n'est pas distingueur des personnes.
Adj. - Recevable.
Defension d'aqui en ant non sia recebedoira.
Statuts de Montpellier de 1258.
Défense d'ici en avant ne soit pas recevable.
CAT. ESP. Receptor. PORT. Recebedor. ANC. IT. Recipitore. IT. MOD. Ricevitore. (chap. Ressibidó, resseptó)
64. Receptable, adj., recevable, convenable.
Te eysauzi en temps receptable.
Trad. de la IIe Ép. de S. Paul aux Corinthiens.
Je t'exauce en temps convenable.
65. Receptiu, adj., réceptif, qui a la faculté de recevoir.
En si ha aytal potencia receptiva... receptiva de illuminacio divinal.
Eluc. de las propr., fol. 130 et 13.
En soi a telle puissance réceptive... réceptive d'illumination divine.
IT. Ricettivo.
66. Arrecebre, v., recevoir.
Part. pas. L'exceptio de no arrecebut los cinquanta milia soutz.
Tit. de 1289. DOAT, t. CCXLII, fol. 460.
L'exception de non reçu les cinquante mille sous.
67. Occupar, v., lat. occupare, occuper, prendre.
E si ocupet lo papat. L'Arbre de Batalhas, fol. 20.
Et ainsi occupa la papauté.
Occupar ni prendre las terras dels autres.
Chronique des Albigeois, col. 19.
Occuper ni prendre les terres des autres.
Part. pas. Fortalesas occupadas per luy.
Tit. du XIVe sièc. DOAT, t. CLXXII, fol. 220.
Forteresses occupées par lui.
- Employer, donner à travailler.
Part. pas. Ela vic que so marit fo occupat. Philomena.
Elle vit que son mari fut occupé.
Que lo diable ton enemic te trobe totz temps occupatz en bonas obras.
Occupadas de non estar en lurs ostals.
V. et Vert., fol. 86 et 93.
Que le diable ton ennemi te trouve toujours occupé à de bonnes oeuvres.
Soigneuses de ne pas rester dans leurs demeures.
CAT. ESP. Ocupar. PORT. Occupar. IT. Occupare.
68. Occupatio, s. f., lat. occupatio, occupation, soin, invasion.
Et occupations de lurs terradors. Statuts de Provence. BOMY, p. 2.
Et occupations de leurs territoires.
Fig. Er vencuz per la occupatio del segle. Trad. de Bède, fol. 71.
Sera vaincu par l'occupation du siècle.
CAT. Ocupació. ESP. Ocupación. PORT. Occupação. IT. Occupazione.
69. Occupatiu, adj., possessif.
O son... occupativas. Leys d'amors, fol. 27.
Ou elles sont... possessives.
70. Preoccupar, v., lat. preoccupare, préoccuper, dominer, prévenir.
S'ira ti preocupara, tu la suausa. Trad. de Bède, fol. 38.
Quand la colère te dominera, calme-la.
Part. pas. Las causas que son preoccupadas per davant los jurats.
Fors de Béarn, p. 1074.
Les causes qui sont prévenues par-devant les jurats.
CAT. ESP. Preocupar. PORT. Preoccupar. IT. Preoccupare. (chap. Preocupá, preocupás: yo me preocupo, preocupes, preocupe, preocupem o preocupam, preocupéu o preocupáu, preocupen.)
71. Recuperatio, s. f., lat. recuperatio, recouvrement.
En las recuperatios de la cort.
Tit. du XIIIe sièc. DOAT, t. XVIII, fol. 86.
Dans les recouvrements de la cour.
CAT. Recuperació. ESP. Recuperación. PORT. Recuperação.
IT. Recuperazione. (chap. recuperassió)
Cabra, s. f., lat. capra, chèvre.
Daretz carn de petit anhel
En lait de cabra freit moillada.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Vous donnerez chair de petit agneau mouillée en lait de chèvre froid.
Loc. E a vos dos, ab mon gran essien,
Farai cuiar d'ome que cabra sia.
T. de G. Riquier et d'Henri: Senher.
Et avec mon grand savoir, je vous ferai croire à vous deux d'un homme qu'il soit chèvre.
Prov. Tan grata cabra truey que mal jatz.
Liv. de Sydrac, fol. 108.
Tant gratte la chèvre jusqu'à ce qu'elle gît mal.
CAT. ESP. PORT. Cabra. IT. Capra. (aragonés craba)
2. Cabreta, s. f., chevrette.
En lait de cabreta.
Deudes de Prades, Auz. cass.
En lait de chevrette.
Cabrotas, hetz, etc.
Ord. des Rois de Fr., 1461, t. XV, p. 416.
Chevrettes, lapins, etc.
CAT. Cabreta. ESP. Cabrita. IT. Capretta.
(N. E. Cabreta, Borrell, tercer conde de Urgel.)
3. Cabrel, s. m., lat. capreolus, chevreau.
Com fait al lup lo cabrel o l'agnel.
P. Milon: Pois que d'al.
Comme fait au loup le chevreau ou l'agneau.
ANC. FR. Lez un boschel par une breche
Vit poignant après le chevrel...
Et li blanc chevrel...
Et li chevrel qui fu legiers, etc.
Nouv. rec. de fables et cont. anc., t. II, p. 351.
4. Cabrit, s. m., cabri.
C'aissi cum es arditz
Leos plus que cabritz.
P. Vidal: Dieus en sia.
Qu'ainsi comme le lion est plus hardi que le cabri.
CAT. Cabrit. ESP. PORT. Cabrito. IT. Capretto. (chap. Cabrit, cabrida, cabridet, cabrideta)
5. Cabrat, s. m., chevreau.
Cabrat pel ha plus lonc et rude que anhel.
Eluc. de las propr., fol. 250.
Chevreau a le poil plus long et plus rude que agneau.
6. Cabrol, Cabirol, s. m., lat. capreolus, chevreuil.
L'auzel portaretz, e casatz
Un cabrol tro que pretz l'aiatz.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Vous porterez l'oiseau, et chassez un chevreuil jusqu'à ce que vous l'ayez pris.
Qu'esquirols
Non es ni cabirols
Tans leus com ieu sui.
Rambaud d'Orange: Aras no.
(chap. Que ni l' esquirol ni 'l cabirol son tan ligeros com yo soc.)
Qu' écureuil ni chevreuil n'est aussi léger que je suis.
CAT. Cabirol. ANC. ESP. Cabriolo. IT. Cavriolo, capriuolo.
7. Cabirola, s. f., chevrette.
Ieu vi cabirola ses melsa, quar tot jorn payshia tamarisc.
Eluc. de las propr., fol. 225.
Je vis une chevrette sans rate, parce qu'elle paissait toujours le tamarisc.
8. Caprin, Cabren, adj., lat. caprinus, de chèvre.
Cendre de corn capri... Nafra clausa ab pel caprina.
Eluc. de las propr., fol. 242.
Cendre de corne de chèvre... Blessure fermée avec peau de chèvre.
Non ac vestit mas pel cabrena.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 84.
Il n'eut de vêtement que peau de chèvre.
ESP. Cabruno. PORT. Cabrum. IT. Caprino.
9. Cabril, adj., lat. caprilis, qui est de la chèvre.
A semblan d'usatge cabril.
Marcabrus: Lo vers.
A semblant d'usage de chèvre.
ANC. CAT. Cabronil.
10. Cabrier, s. m., lat. caprarius, chevrier.
Ja 'l fol cabrier no semblarai
Qu'enques la reina l'ames.
Gaubert Amiels: Breu vers.
Jamais je ne ressemblerai au fou chevrier qui demanda que la reine l'aimât.
CAT. Cabrer. ESP. Cabrero. PORT. Cabreiro. IT. Caprajo, capraro.
(chap. Cabré, com lo de Calaseit, cabrero; la dona cabrera)
11. Cabreria, Cabriera, s. f., boucherie où l'on vend la chair de chèvre.
Fassa portar a la cabreria... Se talhe a la cabriera.
Ord. des Rois de Fr., 1461, t. XV, p. 415 et 416.
Fasse porter à la boucherie... Se dépèce à la boucherie.
ESP. Cabrería.
12. Caprizant, adj., lat. caprisantem, caprisant.
Cum es pols caprizant.
Eluc. de las propr., fol. 21.
Comme est un pouls caprisant.
13. Corpicorne, Capricornus, s. m., lat. capricornius, capricorne.
Cela renha en un signe que a nom corpicorne.
Liv. de Sydrac, fol. 53.
Celle-là règne en un signe qui a nom capricorne.
Tropics del crancer es dich l'us
E l'autre de capricornus.
(N. E. Ramon Lull ya escribía canceradas)
Brev. d'amor, fol. 26.
Brev. d'amor, fol. 26.
L'un est dit tropique du cancer et l'autre du capricorne.
CAT. Capricorni. ESP. PORT. Capricornio (N. E. pero dicen corno como insulto: cornudo). IT. Capricorno.
14. Caprifuelh, s. m., lat. caprifolium, chèvrefeuille.
Suc de caprifuelh,
Eluc. de las propr., fol. 103.
Suc de chèvrefeuille.
IT. Caprifoglio.
Cabrion, Cabiros, s. m., chevron.
E no i a trau ni cabrion,
Teule ni peira ni cairon.
Roman de Jaufre, fol. 32.
Et n'y a poutre ni chevron, tuile ni pierre ni moellon.
Saumada de cabirons et de barras dona cascuna de sa maniera I cabiron o I barra.
Cartulaire de Montpellier, fol. 107.
Charge de chevrons et de barres donne chacune de sa manière un chevron ou une barre.
Aquel foragier que avian fait far dels cabiros de la maio de lor truel.
Tit. de 1284. Arch. du Roy., J., 318.
Ce grenier à fourrage qu'ils avaient fait faire des chevrons de la maison de leur pressoir.
ESP. Cabrio. (biga, barrón, tronco)
2. Cabrella, s. f., rais de la roue.
Del bratz no us pretz una figa,
Que cabrella par de biga.
G. de Berguedan: Cansoneta.
Pour le bras je ne vous prise une figue, vu qu'il paraît un rais de roue de char.
3. Cabrionat, s. m., chevronnage, chevrons employés dans une construction.
Las traus d'aquel palhays son d'un fust que es apellat sedre; lo cabrionat es de Libano.
Lett. de Preste Jean à Frédéric, fol. 32.
Les poutres de ce palais sont d'un bois qui est appelé cèdre; le chevronnage est de bois du Liban.
Cac, Cada, adj. indéterm., chaque.
Ieu no la vei cac dia.
(chap. Yo no la vech cada día.)
Giraud le Roux: Ara sabrai.
Je ne la vois chaque jour.
A cada joc metam un croy baro.
T. de Faure et de Falconet: En Falconet.
A chaque jeu mettons un lâche baron.
Cad' an an freg doze mes.
(chap. Cad' o cada añ tenen fret dotse mesos.)
B. de tot lo mon: Mals fregs.
Chaque année ils ont froid douze mois.
Adv. comp. Quan me faill pas sobre toailla,
Que cada petit lo m tailla.
Le moine de Montaudon: Ben m'enueia.
Quand le pain me manque sur la nappe, vu qu'il me le coupe peu à peu.
Qu'ieu ai vista comensar tor
D'una sola peira ab bastir
E cada pauc levar aussor.
Giraud de Borneil: Non puesc soffrir.
Que j'ai vu commencer une tour en bâtissant d'une seule pierre et peu à peu s'élever plus haute.
CAT. ESP. PORT. Cada.
2. Cada us, subst. indét., chacun.
E no y ten mut bec ni gola
Nuls ausels, ans bray e canta
Cada us
En son us.
A. Daniel: Autet e bas.
Et nul oiseau n'y tient muet bec ni gosier, mais chacun crie et chante selon son usage.
E penrai de la faissos
De quada un de las melhors qu'auran.
Elias de Barjols: Belhs.
El je prendrai des manières de chacun des meilleures qu'ils auront.
CAT. Cada un. IT. Cadauno.
3. Cascun, Quascun, subst. indét., lat. qualiscumque, chacun.
On lit dans une charte de Pépin de l'an 753:
Alias nationes promiscuas de quascumque pagos vel provincias... Nec eorum necuciantes nec de omnes naciones quascumque.
Hist. de l'abbaye de S. Denys, pièce justificative n° 35.
Voyez Denina, t. II, p. 241 et 273.
E que cascus no fos cochos
D'apenre Castia-gilos.
R. Vidal de Bezaudun: Unas novas.
Et que chacun ne fût empressé d'apprendre le Châtie-jaloux.
Per esproar de quascun son semblan.
B. de Ventadour: Quan la fuelha.
Pour éprouver l'opinion de chacun.
Irai per tot acaptan
De chascuna un bel semblan.
Bertrand de Born: Domna pois.
J'irai partout sollicitant de chacune un beau semblant.
- Chaque, chacun, adj. indét.
Quascus bos om si fai lo so degra.
Poëme sur Boèce.
Chaque bon homme se fait le sien degré.
Beutatz e valors e cueindia,
Dona, creis en vos quascun dia.
Pons de Capdueil: S'anc fis ni dis.
Dame, beauté et mérite et agrément croît en vous chaque jour.
ANC. FR. Toujours se deffendirent et rallièrent en chascun carrefour de la ville.
Œuvres d'Alain Chartier, p. 244.
De chacun costé entrèrent en grandes remonstrances et à soutenir chacun son parti.
Comines, liv. I, p. 244.
ANC. ESP. En cascun de los oios echó una punnada.
(ESP. MOD. Literal: En cada uno de los (le) ojos echó un puñetazo.
Chap. literal: A cada un dels ulls (li) va fotre una puñada.)
V. de S. Domingo de Silos, cop. 394.
ANC. CAT. Quascun. ESP. Cada uno. PORT. Cada hum. IT. Ciascuno.
Caca, s. f., lie, excrément. (N. E. merde; en chapurriau: merda.
Si José Antonio Labordeta hubiese dicho “a la caca” en lugar de “a la mierda” quizás su frase más famosa como político de la CHA no hubiese cuajado tanto. Escribía y cantaba muy bien el chavalico de la mochila.)
E coma aquell que fai oli, que reten lo plus gras e gieta por la caca e
la grossa substantia. V. et Vert., fol. 35.
Comme celui qui fait l'huile, qui retient le plus gras et jette dehors la lie et la grosse substance.
CAT. PORT. Caca. IT. Cacca.
2. Cagar, v., lat. cacare, chier.
C'aprop de la crotz cagatz.
(chap. Que prop de la creu caguéu o cagáu. Esta tz dels verbos ocsitans, segona persona del plural, vatros o vatres, passe al chapurriau com éu, áu; cuan es un partissipi: cagats. Verbo cagá: cago, cagues, cague, caguem o cagam, caguéu o cagáu, caguen.)
Marcoat: Una ren.
Que vous chiez auprès de la croix.
CAT. ESP. PORT. Cagar. IT. Cacare.
3. Concagar, v., lat. concacare, chier, conchier.
Apres lo pet, totz m'en concagaria.
(chap. Después del pet, me cagaría sanseret.)
T. de Comte de Provence et d'Arnaud: Amics.
Après le pet, je m'en conchierais tout.
ANC. FR. Ceux qui vuellent conchier la gloire de l'empire et de ton nom par leur faus enortemens.
Rec. des Hist. de Fr., t. III, p. 163.
A ceux qui pour moi conchier,
Viennent mes roses espier.
Roman de la Rose, v. 3631.
Cacenphaton, s. m., cacologie.
*gr Cacemphaton dictio obscoena vel incomposite sonans.
Isidor. Orig., I, 33.
Vol dire cacenphaton aytant coma mala, aspra e laia sonoritat.
Cacenphatons es can lag sona
La dictios que hom mensona.
Leys d'amors, fol. 106.
Cacologie veut dire autant comme mauvaise, âpre et laide consonance.
La cacologie est quand le terme qu'on mentione sonne laidement.
Cachossintheton, s. m., cacophonie.
*gr Lucian, de Calumn. non tem. cred., §. 14, t. III, p. 144, l. 83, ed. Reitz.
Cacosyntheton, vitiosa compositio.
Isidor. Orig., I, 33.
Es apelada cachossintheton, aytan coma viciosa et aspra ordinatios o
compositios de dictios, et aspra concursios de dictios et empachada transpositios de dictios. Leys d'amors, fol. 108.
Est appelée cacophonie, autant comme vicieuse et âpre ordonnance ou composition d'expressions, et âpre concours d'expressions et transposition embarrassée d'expressions.
Cadafalc, s. m., échafaud.
En los cadafals s'en montet
Lo reis.
Roman de Flamenca, fol. 133.
Le roi monta sur les échafauds.
- Machine de guerre, tour de bois.
Los cadafalcs dobles e ab ferme escalo.
Guillaume de Tudela.
Les échafauds doubles et avec ferme échelle.
ANC. FR. Où chafaut que l'on ot establi fu porté.
Joinville, p. 158.
Et du chafault où ils jouoient leurs tragédies.
Amyot, trad. de Plutarque, Vie de Thésée.
Ceux du chastel decliquerent quatre martinets... contre lesdits chauffaux; ces quatre martinets gettoient si grosses pierres et si souvent sur ces chauffaux, qu'ils fuient bientot froissés.
Froissart, t. 1, cap. 121; Carpentier, t. 1, col. 936.
ANC. CAT. Cadafal. ESP. Cadalso. PORT. Cadafalso. IT. Catafalco.
Cade, s. m., cade, sorte de genevrier.
Prendetz la goma del genebre,
So es albre; e sembla pebre
Sa fruita, cant es ben madura;
Et, en la nostra parladura,
A nom cade.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Prenez la gomme du genevrier, c'est un arbre; et son fruit, quand il est mûr, ressemble au poivre; et, dans notre langage, il a nom cade.
CAT. Cade.
Cadena, s. f., lat. catena, chaîne.
Trai veltre o lebrier en sa cadena...
Cum veltres en cadena.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 2 et 27.
Tire chien ou lévrier en sa chaîne...
Comme lévrier en sa chaîne.
- Sorte d'ornement.
Ni ja non auran pro botos...
Cadenas d'argen ni tessels.
Brev. d'amor, fol. 129.
Et jamais n'auront assez de boutons... chaînes d'argent ni agrafes.
Fig. Ab suau cadena
Mi destrenh e m lia.
Peyrols: Ab joi.
M' étreint et me lie avec douce chaîne.
Ell se veyria en las cadenas del dyable, en carcer del peccat.
V. et Vert., fol. 69.
Il se verrait dans les chaînes du diable, en prison de péché.
ANC. FR. J'ai la cadene au pié.
Remi Belleau, t. 1, fol. 231.
Entravez à la cadene de tant d'infirmités.
Camus de Belley, Diversités, t. I. fol 14
CAT. ESP. Cadena. PORT. Cadea. IT. Catena.
2. Cana, s. f., chaîne.
Si mi donz, que m te ses cana,
No val pro mais c'autra assatz.
Rambaud d'Orange: A mon vers.
Si ma dame, qui me tient sans chaîne, ne vaut beaucoup plus qu'autre.
3. Cadenat, s. m., cadenas.
E' ls verials, e las portas, e 'ls cunhs, e 'ls cadenatz.
Guillaume de Tudela.
Et les vitraux, et les portes, et les coins, et les cadenas.
4. Cadenar, v., lat. catenare, enchaîner.
Part. pas. D'aquestas cartillages entre se unidas et cadenadas la gola es composta. Eluc. de las propr., fol. 46. (chap. La gola está composta de estos cartílagos units y encadenats.)
La gorge est composée de ces cartilages unis et enchaînés entre eux.
IT. Catenare.
5. Encadenar, v., lat. incatenare, enchaîner.
Ditz amoros vertadiers encadena
Mo ferm voler.
Savari de Mauleon: Qui bon frug.
Vrai discours amoureux enchaîne mon ferme vouloir.
Part. pas. En la cal ardent cadena son encadenat e per lo col estreg liat los peccadors. Contricio e penas infernals. (chap. A la cual ardén cadena son encadenats y per lo coll estretamen lligats los pecadós.)
En laquelle ardente chaîne sont enchaînés les pécheurs et étroitement liés par le cou.
Fig. Dels rims encadenatz.
Leys d'amors, fol. 22.
Des rimes enchaînées.
Canson redonda et encadenada de motz e de son.
V. de Giraud Riquier.
Chanson arrondie et enchaînée de mots et de son.
CAT. ESP. Encadenar. PORT. Encadear. IT. Incatenare. (chap. encadená: encadeno, encadenes, encadene, encadenem o encadenam, encadenéu o encadenáu, encadenen.)
6. Encadenamen, s. m., enchaînement.
Alqu apelo encadenamen la locutio que havem pauzada en climaz.
Leys d'amors, fol. 130.
Aucuns appellent enchaînement la locution que nous avons posée à la gradation.
7. Descadenar, v., déchaîner.
Qu'ilh m'a mes en tal cadena
Don malha no s descadena.
Bertrand de Born: Cazut sui.
Qu'elle m'a mis en telle chaîne dont maille ne se déchaîne.
Part. pas. Cum leos o laupartz, can es descadenatz.
Guillaume de Tudela.
Comme lion ou léopard, quand il est déchaîné.
ESP. Desencadenar. PORT. Desencadear. IT. Scatenare. (chap. Desencadená)
Cadera, Cadieira, s. f., lat. cathedra, trône, chaire, chaise.
Emperador avem de tal manera
Que non a sen, ni saber, ni membranza;
Plus ibriacs no s'asec en cadera.
Lanza: Emperador.
Nous avons empereur de telle manière qu'il n'a sens, ni savoir, ni souvenir; plus ivrogne ne s'assit sur le trône.
Portan l'a l'evescat, en cadiera l'an mes. V. de S. Honorat.
Ils le portent à l'évêché, ils l'ont mis en la chaire.
Car tro vol dire cadieira. Brev. d'amor, fol. 19.
Car trône veut dire chaise.
Loc. Quan levaran en cadera,
Per fina valor enteira,
Lo pros comte de Rhodes.
Folquet de Lunel: Per amor.
Quand ils élèveront au trône, pour pur mérite entier, le preux comte de Rhodez.
L'emperaire levet en cadieyra sans Clemens ad apostoli.
Roman de la prise de Jérusalem, fol. 16.
L'empereur éleva saint Clément sur la chaire comme pape.
- Nom d'une monnaie de France et d'Angleterre.
Cadieras d'autra manyera que liegon: Philippus, etc.
Cadieras d'Engleteyra que liegon: Eduardus, etc.
Tarif des monnaies en provençal.
Chaises d'autre manière où on lit: Philippus, etc.
Chaises d'Angleterre où on lit: Eduardus, etc.
ANC. FR. Le roi estoit assis en sa chayere richement aornée.
Monstrelet, t. II, fol. 23.
Lequel estoit assis sur une chaière couverte de drap d'or.
Œuvres d'Alain Chartier, p. 192.
CAT. Cadira. ANC. ESP. Cadera (silla). PORT. Cadeira. IT. Cattedra. (chap. cadira, cadiera)
2. Catedral, adj., lat. cathedralis, cathédral.
En la glieia que es catedral
De san Peyre e de san Paul.
V. de S. Alexis.
En l'église de saint Pierre et de saint Paul, qui est cathédrale.
ANC. FR. Où sont li cathedral chanoinne.
G. Guiart, t. 1, p. 344.
CAT. ESP. Catedral. PORT. Cathedral. IT. Cattedrale. (chap. Los catalanistes tos conten mentires com una catedral.)
Caduc, adj., lat. caducus, caduc.
Alcus la nomo mal caduc. Eluc. de las propr., fol. 100.
Quelques uns la nomment mal caduc.
Substantiv. Dizo que valo a epileutics et cadux.
Eluc. de las propr., fol. 278.
On dit qu'ils valent aux épileptiques et caducs.
CAT. Caduc. ESP. PORT. IT. Caduco.
Cagot, s. m., cagot.
Cagots no pagaran talhas.
Fors de Bearn, p. 1072.
Les cagots ne payeront pas de tailles.
Les cagots étaient une espèce d'hommes abjecte et méprisée qu'on croyait descendus des Goths d'Aquitaine; ils vivaient comme hors de la société. Voyez Oihenart, Not. utr. Vasconiae, p. 414; Du Cange, t. II, col. 26.
Cailla, s. f., bas. lat. quaquilla, qualia, caille.
Ans vol guerra mais que cailla esparviers.
Bertrand de Born: Miez sirventes.
Mais il veut guerre plus qu'épervier caille.
Loc. E fo pus gras que calha.
Rambaud de Vaqueiras: El so que.
Et il fut plus gras que caille.
IT. Quaglia.
Cairel, s. m., carreau, trait.
Trazon ab arbalestas los cairels empenatz.
Guillaume de Tudela.
Avec arbalètes ils lancent les traits empennés.
E trai cairels trenchans, per ben ferir.
G. Faidit: Cascus hom.
Et, pour bien frapper, tire traits tranchants.
Fig. Ab un cairel de plazensa
Fabregat en foc d'amor.
P. Vidal: Tant an ben.
Avec un trait de plaisir fabriqué au feu d'amour.
ANC. FR. Met en la corde un grand carrel d'acier.
Roman de Garin. Du Cange, t. 1, col. 671.
Et li quarrel qui en l'air cliquent.
G. Guiart, t. 1, p. 160.
ANC. CAT. Quadrell. IT. Quadrello.
2. Cayreliera, s. f., carrelière, ouverture par où l'on tirait les traits.
Am cayrelieras, lasquals cayrelieras sian faytas en ayssi co, etc.
Tit. de 1356. DOAT, t. XCIII, fol. 209.
Avec carrelières, lesquelles carrelières soient faites ainsi comme, etc.
3. Encairellar, v., accabler, percer de traits.
Los meton lay on hom los encairella.
P. Cardinal: Un sirventes.
Los mettent là où on les accable de traits.
Cais, s. m., joue, mâchoire, dents, bouche, visage.
Caitius, desheretat d'amor,
Ses joy, dolens, que d'ira m pais,
E par ben al front et al cais.
Gavaudan le Vieux: Crezens.
Malheureux, deshérité d'amour, sans joie, souffrant, qui me nourris de tristesse, et cela paraît bien au front et aux joues.
Cum del can cui cazet del cays la carns, quan l'ombr' e l'aigua 'l trahis.
Pierre d'Auvergne: L'airs clars.
Comme le chien à qui la viande tomba de la bouche, quand l'image dans l'eau le trompa.
Adonc poiet al rei lo sancs el cays.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 20.
Alors le sang monta au visage du roi.
Loc. Mas l'afars no us iesca del cays.
B. de la Sala: Dieus aydatz.
Mais que l'affaire ne vous sorte de la bouche.
Si tan ricx motz me passa 'l cays.
Giraud de Borneil: Ges de sobre voler.
Si une parole si puissante me franchit les dents.
Ara m faran colh e cais.
Rambaud de Vaqueiras: Sirventes.
Maintenant me feront accueil et caresse.
2. Caysalh, s. f., dent mâchelière, dent.
E tant gran col el li donet
Che doas caysals li arabet.
Roman de Blandin de Cornouailles, etc.
Et il lui donna si grand coup qu'il lui arracha deux dents.
Natura a provezit a cascuna bestia d'algunas armas, cum a singlars de loncs caysalhs. Eluc. de las propr., fol. 230. (chap. La naturalesa ha provit a cada bestia de algunes armes, com al jabalí de llarcs quixals.)
La nature a accordé à chaque bête de certaines armes, comme au sanglier de longues dents.
CAT. Caxal. (chap. quixal, quixals)
3. Caissel, s. m., mâchoire.
Ab son dous caut morsel
Prop del caissel.
Marcabrus: Lo vers comensa.
Avec son doux chaud morceau près de la mâchoire.
4. Acaissar, v., embrasser, caresser.
M'acuoil
Ni josta se m' acaissa.
Ogiers: Era quan.
M'accueille et contre soi me caresse.
5. Escayssar, v., rompre la mâchoire.
Tira 'l fre tan tro l' escayssa.
G. Adhemar: Lanquan.
Il tire tant le frein jusqu'à ce qu'il lui rompe la mâchoire.
CAT. Escaxalar. (chap. Desquixalá, esquixalá)
Cala, s. f., cale.
Car no y a ni cala ni port
On puesca star segur de mort.
Deudes de Prades, Poëme sur les Vertus.
Car il n'y a ni cale ni port où il puisse être assuré contre la mort.
CAT. ESP. IT. Cala. (N. E. En Mallorca, la famosa sa Calobra, la carretera es como una culebra.)
Calabre, s. m., calabre, machine de guerre.
Marin Sanut, parlant du siége de Ptolémaïde par le Soudan Seraf, en 1291, dit: “Fecit erigi plures carabagas projicientes magnos lapides et frequenter ita ut prosternerent muros cum turribus.”
Gesta Dei per Francos, t. II, p. 230.
Pero lo seus calabres a tant forsa e vigor
Que tot lo portal trenca e brisa e gieta por.
Guillaume de Tudela.
Pourtant son calabre a tant de force et de vigueur qu'il perce et brise et jette à bas tout le portail.
De l'autra part calabres e peiriers.
P. Cardinal: Tendas e traps.
De l'autre part calabres et pierriers.
Calafatar, Calefatar, v., arab. kalafa, grec mod. *gr, calfeutrer, calfater.
Voyez Muratori, Diss. 33; Monti, t. II, part. 1, p. 312.
E quecx, quo s pot, calafata.
Rambaud d'Orange: Als durs.
Et chacun calfeutre, comme il peut.
Part. pas. Una caxeta empeguntada
E calefatada. V. de S. Honorat.
Une petite caisse empoissée et calfatée.
CAT. Calfatejar. ANC. ESP. (calafatear; s. m. calafate) PORT. Calafetar.
IT. Calafatare.
Calamalec, s. m., salamalec. (N. E. Salam aleikum)
Calamalec volun que lor repona.
Giraud du Luc: Ges sitot mai.
Ils veulent qu'il leur réponde salamalec.
IT. Salamalecche.
Calamar, s. m., du lat. calamarius, écritoire.
Non podia parlar
E el pres un sieu calamar,
E, segon que l'angels l'ac dich,
El lor vai rendre per escrit.
Brev. d'amor, fol. 146.
Il ne pouvait parler et il prit une sienne écritoire, et il leur va exprimer par écrit, selon que l'ange lui a dit.
ANC. FR. Des calemars garnis d'aucre, plume et cousteau.
Du Bartas, p. 212.
IT. Calamajo.
Calament, s. m., lat. calamenthum, calament, herbe à chat.
Calament es herba semlant a menta. Eluc. de las propr., fol. 203.
Calament est herbe ressemblant à menthe.
Suc de mentastre o de calament. Trad. d'Albucasis, fol. 53.
Suc de menthe sauvage ou de calament.
CAT. Calament. ESP. Calamento (menta: calamenta). PORT. Calaminta. IT. Calaminto.
Calamitat, s. f., lat. calamitatem, calamité, infortune.
En miseria e calamitat.
Eluc. de las propr., fol. 1.
En misère et calamité.
Per sa privada e domesgua calamitat.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 120.
Par son infortune privée et domestique.
CAT. Calamitat. ESP. Calamidad. PORT. Calamidade. IT. Calamità. (chap. Calamidat)
Calandra (laudeta), s. f., calandre, alouette.
Lo dolz chan qu'au de la calandra.
P. Raimond de Toulouse: Lo dolz.
Le doux chant de la calandre que j'entends.
ANC. FR. Lors s'esvertue et lors s'envoise
Li papegaus et la kalandre.
Roman de la Rose, v. 77.
ANC. CAT. Calandra. ESP. Calandria. IT. Calandra.
Calar, v., caler, se taire, cesser.
Celtique Kal, il kal, il se tait.
Bodin, Recherches historiques sur la ville de Saumur, etc.
Melius est tacere quam cum pudore loqui, juxta provincialium vulgare proverbium, quo dicitur:
Mais val calar
Que fol parlar.
G. Durand, Speculum juris.
Mieux vaut se taire que parler follement.
Que parlon avan et areyre, que non podon una hora calar, com fai lo batal del moli. V. et Vert. fol. 22.
Qui parlent avant et arrière, qui ne peuvent cesser une heure, comme fait le cliquet du moulin.
No digatz, senher coms, mas calatz vos.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 49.
Seigneur comte, ne parlez pas, mais taisez-vous.
Caleron, et el parlet.
Trad. des Actes des Apôtres, ch. 21.
Ils se turent, et il parla.
Perque s cala 'l cortes chans.
R. Vidal de Bezaudun: En aquel.
C'est pourquoi le chant courtois se tait.
Substantiv.
Perque lo calars val mais qu'el respondres.
Liv. de Sydrac, fol. 41.
C'est pourquoi le taire vaut mieux que le répondre.
E val mais bon calar que no fay fol parlar.
Roman de Fierabras, v. 2100.
Et vaut mieux bon se taire que ne vaut fol parler.
ANC. CAT. Calar. ESP. Callar. PORT. Calar. IT. Calare. (chap. callá: callo, calles, calle, callem o callam, calléu o calláu, callen.)
2. Calamens, s. m., silence, calme.
Calamens fon fatz el cel. Trad. de l'Apocalypse, chap. 8.
Silence fut fait au ciel.
3. Recalar, v., rapaiser.
E lo temps si recala. V. de S. Honorat.
Et le temps se rapaise.
ESP. Recalar.
Calca, Calgua, s. f., charpie.
Pausa en quascuna fissura calgua de coto vielh... Pausa la calca en la seccio.
Trad. d'Albucasis, fol. 14.
Pose en chaque fissure charpie de coton vieux... Pose la charpie dans la coupure.
Calcamen, s. m., foulement.
Dissipada e derumpada per calcamen de pes de cavals.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 73.
Dissipée et rompue par le foulement de pieds de chevaux.
IT. Calcamento.
2. Calcar, v., lat. calcare, fouler, enfoncer.
Aprop calca aquels. Trad. d'Albucasis, fol. 65.
Après foule ceux-là.
Per paor no s fassa calcar.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Par peur ne se fasse fouler.
ANC. ESP. Calcaron li espinas redor de la mollera.
Duelo de la virgen Maria, cop. 25.
Nin con clavo que fuese con martiello calcado.
Milagros de Nuestra Señora, cop. 883.
ANC. CAT. PORT. Calcar. IT. Calcare. (ESP. Calzar)
3. Caussigar, v., presser du pied, fouler aux pieds.
Al terz caussiga 'l pe rizen...
Substantiv. Donc dic qu'el caussigar, que fo
Faitz del pe, fo fin' amistatz.
T. de Savari de Mauléon, de G. Faidit et d' H. de la Bachélerie: Gaucelm.
Au troisième elle presse de son pied le pied en riant...
Je dis donc que le presser du pied, qui fut fait, fut pure amitié.
On nos caucigavan, non es pues nat herba.
Hist. abr. de la Bible, fol. 3.
Où ils nous foulaient aux pieds, il n'est né herbe depuis.
- Récalcitrer, regimber.
Dura causa es a tu causigar contra l'agulho.
Trad. des Actes des Apôtres, ch. 9.
C'est une chose dure à toi de regimber contre l'aiguillon.
ANC. CAT. Calcigar. ANC. IT. Calcicare. (chap. Calsigá, patejá, potejá)
4. Calpisar, v., fouler aux pieds.
Li ome la calpisavan. L'Avangeli de li quatre Semencz.
Les hommes la foulaient aux pieds.
IT. Calpestare. (ESP. Pisar)
Calcedoyne, s. m., lat. calcedonius, calcédoine.
Lo calcedoynes a vertut
De far gazanhar plag mogut.
Brev. d'amor, fol. 40.
La calcédoine a vertu de faire gagner un procès suscité.
CAT. Calcedonia. ESP. Calcidonio. PORT. Calcedonia. IT. Calcedonio.
Cald, Caut, adj., lat. caldus, chaud.
Foilla ni flors, ni chautz temps ni freidura.
Bernard de la Barthe: Foilla.
Feuille ni fleur, ni temps chaud ni froidure.
Las erbas caldas e humidas... La qualda vianda escalfa lo cors.
Liv. de Sydrac, fol. 33.
Les herbes chaudes et humides... La nourriture chaude échauffe le corps.
Fig. Cautz de tortz far e de caritat frez.
P. Cardinal: D'un sirventes.
Chaud à faire des torts et froid à charité.
Car, ses la decima, non es
Us tan caut qu'en armes un lenh.
P. du Vilar: Sendatz vermelhs.
Car, sans la décime, il n'en est pas un si chaud qu'il en armât un navire.
Substantiv. No m pot far tortura
Venz ni glatz,
Ni caut ni freidura.
Pierre d'Auvergne: Rossinhol.
Vent ni glace, ni chaud ni froidure ne me peut faire tourment.
ANC. FR. Qu'il faisoit caut trop à fuison.
Roman de Partonopeus de Blois, t. II, p. 90.
ANC. CAT. Calt (Font calda, Caldes de Montbuy). ESP. (cálido) PORT. Calido. IT. Caldo.
2. Caudamen, adv., chaudement.
E volon caudamen vestir
Qu'el freitz no los puesc' envazir.
P. Cardinal: Can vey lo.
Et ils veulent se vêtir chaudement de manière que le froid ne puisse les envahir.
ANC. CAT. Caldament. ESP. Calientemente. IT. Caldamente.
3. Caudet, adj., doucement chaud.
Lo pan del folh
Caudet e molh
Manduc.
Marcabrus: D'aisso laus.
Je mange le pain chaud et mollet du fou.
4. Calens, adj., lat. calens, chaud, ardent.
Qu'es mot clars, suaus e calens,
Et ses tempestat e ses vens...
Fuocx es cautz, secx naturalmens,
E l'aires humit e calens.
Brev. d'amor, fol. 38 et 54.
Qu'il est très clair, doux et chaud, et sans tempête et sans vent.
Le feu est chaud, sec naturellement, et l'air humide et ardent.
En yvern, cum bas cors, non es pas tan calens.
P. de Corbiac: El nom de.
En hiver, quand il fait sa course bas, il n'est pas si ardent.
CAT. Calent. ESP. Caliente. IT. Calente. (chap. Calén, calens, calenta, calentes. V. Calentá: calento, calentes, calente, calentem o calentam, calentéu o calentáu, calenten. Acalentá: acalento, acalentes, acalente, acalentem o acalentam, acalentéu o acalentáu, acalenten)
5. Calorens, adj., chaleureux, réchauffant, chaud.
... Pus nos es calorens.
P. de Corbiac: El nom de.
... Plus il nous est chaleureux.
6. Calefactiu, adj., caléfactif, réchauffant.
Qui es calefactiu... Solelh ha virtut calefactiva et inflamativa.
Eluc. de las propr., fol. 78 et 116.
Qui est caléfactif... Le soleil a vertu caléfactive et inflammative.
IT. Calefattivo.
7. Calor, s. f., lat. calor, chaleur.
Ni 'n sent freidura ni calor.
P. Cardinal: Ar mi puesc.
Et je n'en sens froidure ni chaleur.
ANC. FR.
En dreit midi esteit, si faseit grant chalor.
Roman de Rou, v. 4627.
CAT. ESP. PORT. Calor. IT. Calore. (chap. Caló, calina, calorina)
8. Qualiditat, s. f., chaleur.
Natura del foc es qualiditat e siccitat: aigua cauda... la qualiditat de aquela. Trad. d'Albucasis, fol. 1 et 9.
La nature du feu est chaleur et siccité; eau chaude...
la chaleur de celle-là.
IT. Calidità.
9. Calfament, s. m., chauffement.
Calfament e dezicamen es natural.
Eluc. de las propr., fol. 227.
Chauffement et dessiccation est naturel.
10. Calfagge, s. m., chauffage.
De terra paludoza pren calfagge.
Eluc. de las propr., fol. 170.
Il prend chauffage de terre marécageuse.
11. Calefactio, s. f., caléfaction.
Per calefactio temprada per mesura.
Trad. d'Albucasis, fol. 4.
Par caléfaction tempérée par mesure.
12. Caudiera, s. f., chaudière, marmite.
E pauca carns en gran caudiera.
Le moine de Montaudon: Mout m'enueia.
Et peu de chair en grande chaudière.
CAT. ESP. Caldera. PORT. Caldeira. IT. Caldaja.
13. Calfar, v., chauffer.
E sa maire calfava 'l forn.
Pierre d'Auvergne: Chantarai.
Et sa mère chauffait le four.
Et ieu calfei me voluntiers
Al gros carbo.
Le Comte de Poitiers: En Alvernhe.
Et je me chauffai volontiers au gros charbon.
IT. Scaldare. (ESP. Escaldar, calentar. chap. Escaldá, escofá, escofás, calentá, calentás)
14. Caliu, s. m., braise, charbon.
La fin' amors que m'art plus d'un caliu.
Raimond de Miraval: Trop.
Le pur amour qui me brûle plus qu'un charbon.
Qu'el cor m'art plus que calius.
Raimond de Miraval: Res contr'amor.
Qui me brûle au coeur plus que braise.
CAT. Caliu. (chap. Caliu, es + caliu: escalivá, escalivada.)
15. Calina, s. f., lat. caliginem, chaleur.
Que revenc lo dos temps e torna la calina.
Guillaume de Tudela.
Que le doux temps revient et la chaleur retourne.
Loc. Tant ai de joi per freg ni per calina.
G. de Berguedan: Can vei.
Tant j'ai de joie par le froid et par la chaleur.
ANC. FR. Cel jour fist-il si grant chaline
Que li plus puissant s'en plaignoient,
Que de chaut et de soif estinguoient...
Ne sai par froiz ou par chalines.
G. Guiart, t. 1, p. 237; t. II, p. 455.
ESP. Calina (calima). (chap. calina, calorina)
16. Acalinar, v., chauffer, échauffer.
Entro que sia ben tempratz,
No trop freid, ni trop acalinatz.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Jusqu'à ce qu'il soit bien tempéré, non trop froid, ni trop échauffé.
17. Calivar, v., brûler.
Si m te fuecx que m caliva.
Guillaume de S.-Gregori: Razo e dreit.
Ainsi me tient le feu qu'il me brûle.
Fig. Qu'el vers farai que m caliva
Dir a lieys cui pretz se jonh.
Rambaud d'Orange: Un vers farai.
Que je ferai un vers que je brûle de dire à celle à qui mérite s'unit.
18. Escalfament, s. m., échauffement.
Val contra escalfament de fegge.
Eluc. de las propr., fol. 220.
Vaut contre échauffement de foie.
Que son cors dan no 'n ac, ni 'n ac escalfamens.
P. de Corbiac: El nom de.
Que son corps n'en eut dommage, ni n'en eut chauffement.
Fig. Veraia triacla contra totz escalfamens de ira.
V. et Vert., fol. 86.
Vrai remède contre tous échauffements de colère.
IT. Scaldamento.
19. Escalfar, Esqualfar, v., échauffer. (chap. escofá)
Qu'el fuecx que m'en sol escalfar.
B. de Ventadour: Quan lo boscatges.
Que le feu qui a coutume de m'en échauffer.
La qualda vianda esqualfa lo cors e noiris la carn e las venas.
Liv. de Sydrac, fol. 33.
La nourriture chaude échauffe le corps et nourrit la chair et les veines.
Fig. Pero m'escalf e m'abranda
Sa fin' amistatz coraus.
G. Adhemar: Quan lo.
Pour cela sa pure amitié de coeur m'échauffe et me brûle.
Qu'al comensar joga magestrilmen
Al petit jog, pois s'escalfa perden.
Aimeri de Peguilain: Atressi m pren.
Qu'au commencement il joue savamment au petit jeu, puis il s'échauffe en perdant.
Part. pas. Qu'adoncx amors li mov guerra
E la fai pus escalfada.
B. Carbonel de Marseille, Coblas triadas.
Vu qu'amour alors lui suscite guerre et la rend plus échauffée.
CAT. Escalfar.
20. Escaudadura, s. f., échaudure.
Valo contra escaudadura... Bo unguent per escaudaduras.
Eluc. de las propr., fol. 212 et 277.
(chap. Valen contra escaldadura... Bon ungüén pera escaldadures.)
Valent contre échaudure... Bon onguent pour échaudures.
21. Escaudar, v., échauffer, chauffer.
Sirvens del castel que era fornier qu'escaudava lo forn.
V. de Bernard de Ventadour.
Serviteur du château qui était fournier qui échauffait le four.
Part. pas. D'ome escaudat que tem tebe ancse.
Sordel: Lo reproviers.
D'homme échaudé qui craint toujours le tiède.
ANC. FR. Qu'eschaudés doit iave douter.
Roman de la Rose, v. 1794.
IT. Scaldare. (ESP. Escaldar, calentar)
22. Recaliu, s. m., braise, langueur, chaleur.
Lo recaliu ni las sendres no tocon en nostras viandas.
Lett. de Preste Jean à Frédéric, fol. 39.
La braise ni les cendres ne touchent à nos viandes.
Engendro malautias, recaliu et podagra.
Eluc. de las propr., fol. 124.
Engendrent maladies, langueur et goutte.
Fig. Amors me ten en son dous recaliu.
P. Vidal: Be m'agrada.
L'amour me tient en sa douce langueur.
Qu'aissi com de recaliu,
Ar m'en ve freg, ar calors.
P. Vidal: Be m pot.
Qu'ainsi comme de langueur, tantôt il m'en vient froid, tantôt chaleur.
Perque s'alegron chantador
Et ieu, las! torn en recaliu.
Arnaud de Cotignac: Lo joi comun.
C'est pourquoi les chanteurs se réjouissent, et moi, hélas! je tourne en langueur.
23. Recalivar, v., réchauffer, rallumer.
Enquera m vai recalivan
Lo mals d'amor qu'avi' antan.
P. Raimond de Toulouse: Enquera.
Le mal d'amour, que j'avais jadis, va me réchauffant encore.
Veiaire m'es que 'l guerra recaliva
Del re frances.
Montan Sartre: Coms de.
Il me semble que la guerre du roi français se rallume.
- Rechuter, retomber.
E malautes que soven recaliva.
P. Vidal: S'eu fos en.
Et malade qui souvent rechute.
Ha gran pahor de recalivar en peccat, e tem tota temptatio.
V. et Vert., fol. 44.
Il a grand peur de rechuter en péché, et il craint toute tentation.
24. Escalsizo, s. f., sauce.
Pueis venon las escalsizos.
Roman de Jaufre, fol. 5.
Puis viennent les sauces.
En catalan et en espagnol, caldo signifie jus, bouillon. (N. E. Y en otras lenguas romances.)
Calenda, Kalenda, s. f., lat. calendae, calendes, fête.
Neus m'es flors blanca e vermeilla,
Et iverns calenda maia.
B. de Ventadour: Era non.
La neige est pour moi fleur blanche et vermeille, et l'hiver calende de mai.
Tro a kalenda maia.
T. d'Ebles d'Uisel et de Gui: En Gui, digatz.
Jusques aux calendes de mai.
Kalenda de mes caut ni freg
Ni de temprat, quan paron flor.
G. Riquier: Kalenda.
Calende de mois chaud ni froid ni de tempéré, quand les fleurs paraissent.
Qu'il non amon pretz ni don ni calenda.
Giraud de Borneil: Cardalhac.
Qu'ils n'aiment mérite ni don ni fête.
Loc. Ricx hom que fai sas calendas
E sas cortz e sas bevendas.
P. Cardinal: Qui ve gran.
Homme riche qui fait ses calendes et ses cours et ses orgies.
- Fête de Noël.
La fête de Noël étant fixée au 25 décembre, jour des calendes de janvier,
ce nom de calendas fut appliqué, dans un sens restreint, à la fête même.
E si s'avenc entorn Nadal,
C'om apela kalendas lai.
P. Vidal: Abril issic.
Et ainsi il arriva autour de Noël, qu'on appelle là calendes.
A calendas, lo sant jorn de Nadal.
Chronique d'Arles.
A calendes, le saint jour de Noël.
CAT. ESP. PORT. Calendas. IT. Calende.
2. Kalenda maia, s. f., chanson qu'on chantait au mois de mai.
Cantan una kalenda maia
Que dis: Cella dona ben aia
Que non fai languir son amic.
Roman de Flamenca, fol. 56.
Chantant une chanson de mai qui dit: Bien ait cette dame qui ne fait languir son ami.
(ESP. Los mayos aún se celebran en algunas localidades de España.)
3. Calendier, s. m., lat. calendarium, calendrier.
Sa mort es escricha el calendier.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 196.
Sa mort est écrite au calendrier.
En una letra del kalendier.
Eluc. de las propr., fol. 126.
En une lettre du calendrier.
ANC. CAT. Calender. ESP. PORT. IT. Calendario. (chap. Calendari)
4. Kalendar, adj., qui est des calendes.
En l'an mile CC...
E mais LXXVI que so,
Lo reys Jacmes el sete kalendar d'agost
Feni.
Mathieu de Querci: Tant suy marritz.
L'an mil deux cent et plus soixante-seize qui sont, le roi Jacme mourut au sept des kalendes d'août.
L'histoire place au 25 juillet 1276 la mort du roi Jacme. (N. E. Jaime I)
Art de vérifier les dates, t. 1, p. 753.
5. Calendal, adj., calendal, qui est des calendes.
Dia kalendal pren so nom de las kalendas.
Eluc. de las propr., fol. 126.
Jour calendal prend son nom des calendes.
Calensa, s. f., nécessité, soin, souci.
De cascuna sciensa
Parlar non ai calensa.
(chap. No me cal parlá de cada siensia.)
Nat de Mons: Sitot non es.
Je n'ai nécessité de parler de chaque science.
2. Calier, adj., soucieux, soigneux.
En sos movemens et obras plus caliera et tarda.
Eluc. de las propr., fol. 69.
Plus soigneuse et tardive en ses mouvements et œuvres.
3. Caler, v. impers., chaloir, faillir, manquer, soucier.
Voyez Denina, t. III, p. 132.
Domna, puois de mi no us cal.
Bertrand de Born: Domna, puois.
Dame, puisqu'il ne vous chaut de moi.
Pauc vos calra del mieu enansamen.
Aimeri de Peguilain: En greu.
Il vous souciera peu de mon avancement.
E no us qual desesperar.
Marcabrus: A la fontana.
Et il ne vous faut désespérer.
Loc. Per so m'en soi gitatz a no m'en cal.
P. Vidal: Anc no mori.
C'est pourquoi je me suis jeté à ne m'en soucie.
Vai lo segle a no m'en cau.
Marcabrus: Mas la fueilla.
Le siècle va à ne m'en soucie.
ANC. FR. D'amer povre homme ne li chaille.
Roman de la Rose, v. 13821.
Il ne chault à plusieurs qui tiegne la seigneurie, mais qu'ils soient prochains des prouffitz.
Œuvres d'Alain Chartier, p. 425.
Viens, si onques
De tes enfants te chalut.
C. Marot, t. IV, p. 285.
ANC. ESP. Ca dellos poco min cal.
Poema del Cid, v. 2367.
Mas quequier que el diga à mi poco me cala.
Poema de Alexandro, cop. 140.
IT. Deh! se vi cal di me.
Boccaccio, Decameron. IV, proemio.
Che del vender no i cale, cale.
Barberini, Docum. d'amore, p. 302.
4. Nonchalansa, s. f., nonchalance, négligence.
Loc. Car ai vist far deschasensa
Tal que mes
Son amic e nonchalansa.
B. Zorgi: Sitot.
Car j'ai vu faire décadence à tel qui mit son ami en nonchalance.
ANC. FR. Mettre en oubli et nonchalance les fatigues qu'avions pati sur la marine. Rabelais, liv. V, ch. 7.
5. Noncalamen, s. m., nonchalance.
Flac ni volpill, plen de noncalamen,
Granet: Pos al comte.
Lâche et paresseux, plein de nonchalance.
6. Nonchalen, adj., nonchalant, indifférent.
Quar li ric son tan nonchalen.
G. Anelier de Toulouse: Ara farai.
Car les riches sont si nonchalants.
La poestatz m'es nonchalens.
Boniface de Castellane: Guerra.
La puissance m'est indifférente.
ANC. FR.
A pas mornes et lents seulet je me promène,
Nonchalant de moi-même.
Ronsard, t. II, p. 1494.
Lui desprisant et nonchalant d'iceulx blasmes.
Anc. tr. des Off. de Cicéron, fol. 47.
7. Noncaler, v., nonchaloir, nonchalance.
Substantiv.
E can no us vi, soven ai gran doptansa
Que no us mi fass' oblidar noncalers.
Folquet de Marseille: Chantan volgra.
Et quand je ne vous ai vue, j'ai souvent grande crainte que nonchaloir ne vous fasse m'oublier.
Desesperar me fara 'l nonchalers.
Arnaud de Marueil: L'ensenhamentz.
Le nonchaloir me fera désespérer.
Loc. Totz temeros e doptans
Cais qui s laiss' a nonchaler.
Berenger de Palasol: Totz temeros.
Il tombe tout craintif et timide celui qui s'abandonne à nonchaloir.
Quar ges pausar no us puesc a nonchaler.
Berenger de Palasol: Bona dompna.
Car je ne puis point vous mettre à nonchaloir.
Per lei qui m'a tornat a noncaler.
Pierre d'Auvergne: Mot m'entremis.
Pour elle qui m'a tourné à nonchaloir.
ANC. FR. Quant sa mie ne puet aveir,
Sa vie met en nonchaleir.
Marie de France, t. I, p. 524.
As dont tot mis en nonchaloir.
Roman du Renart, t. II, p. 283.
La dame vit que sa deffense
Ne li puet nule riens valoir;
Si a tot mis à nonchaloir.
Fabl. et cont. anc., t. III, p. 40.
ANC. IT. Ed ogni cosa a messo a non calere.
Bindo de Bonichi, Racc. d'Allaci, p. 88.
No vo' faccia obbridare nè mettere a non calere lui.
Guittone d'Arezzo, Lett. 5.
Gloria, impero, tesor mette in non cale.
Tasso, Gerusalemme, cant. I, st. 8.
Calhaus, s. m., lat. calculus, caillou.
A li faict gectar tant de calhaus dessus que... la ne a couverta.
Chronique des Albigeois, col. 35.
(chap. Códul, códol, pedra; ESP. cálculo renal, piedras en el riñón)
Il lui a fait jeter tant de cailloux dessus que... il l'en a couverte.
Dos rugles si encontro en l'ayre, cum dos calhaus eflamatz fazens granda collizio. Eluc. de las propr., fol. 138.
Deux globes se rencontrent en l'air, comme deux cailloux enflammés faisant grande collision.
ANC. FR. Li kaillo qui issent des fondes.
G. Guiart, t. 1, p. 160.
PORT. Calhão.
2. Calhauos, adj., caillouteux.
Terra negra, arenoza et calhauoza.
Eluc. de las propr., fol. 191.
Terre noire, sablonneuse, et caillouteuse.
3. Codols, s. m., caillou.
Ab tan de marcs cum ha codols en Crau.
Sordel: Quan qu'ieu.
Avec autant de marcs comme il y a de cailloux en Crau.
Fig. Sap trayre oli dels codols durs. V. et Vert., fol. 52.
Il sait tirer huile des durs cailloux.
CAT. Codol.
Calitz, s. m., lat. calix, calice.
A comprar libres et calitz et vestimentz et altres ornamens de gleisa.
Tit. de 1294. DOAT, t. XLI, fol. 188.
A acheter livres et calices et vêtements et autres ornements d'église.
La patena del calix.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 54.
La patène du calice..
ESP. Cáliz. PORT. Caliz.
2. Calice, Calici, s. m., lat. calicem, calice.
E l'ostia es el calice e 'l vi pauzat de jos.
Izarn: Diguas me tu.
Et l'hostie est au calice et le vin posé dessous.
Las causas sanctas e sagradas... lo calici.
V. et Vert., fol. 90.
Les choses saintes et sacrées... le calice.
Fig. Si non si pot far que romanga aquest calici que non lo beva.
Hist. abr. de la Bible, fol. 60.
S'il ne se peut faire que ce calice reste que je ne le boive.
IT. Calice.
Calmeilh, s. m., lat. calamus, chaume.
Qui en calmeilh
Espan son meilh
Non sap gaire de laorar.
P. Cardinal: Predicator.
Qui répand son millet sur chaume ne sait guère du labourer.
2. Calmeilla, s. f., chaume.
E li auzelet dui a dui...
Fan retentir la calmeilla.
Hameus de la Broquerie: Quan reverdeion.
Et les oiselets deux à deux... font retentir le chaume.
3. Calamel, Caramel, s. m., lat. calamus, chalumeau.
Cantam a vos am calamels.
Trad. du Nouv. Test, S. Luc, ch. 7.
Nous chantons pour vous avec des chalumeaux.
En flaujos ni en caramels
Non faretz acordar los sos.
Le Dauphin d'Auvergne: Puois sai.
Vous ne ferez accorder les sons en flageolets ni en chalumeaux.
Tro que la gayta toque son caramel.
Un troubadour anonyme: En un vergier.
Jusqu'à ce que la sentinelle touche son chalumeau.
Aquel qui trobet caramels, nomnat Pan, etc.
(ESP. Flauta de Pan.)
Eluc. de las propr., fol. 282.
Celui qui trouva les chalumeaux, nommé Pan, etc.
ANC. FR.
Sonnent tabour
Flahustes, tymbre et calimiel.
Roman du Renart, t. IV, p. 166.
ESP. Caramillo.
4. Caramela, s. f., chalumeau.
Lor platz auzir flautas, caramelas et autras melodias.
Eluc. de las propr., fol. 245.
Il leur plaît ouïr flûtes, chalumeaux et autres mélodies.
Redi, dans ses notes sur le dithyrambe, p. 193, au mot cennamella,
dit que c'est un instrument de musique qu'en plusieurs lieux de la Toscane, et surtout chez les Arétins, on nomme ciaramella:
Ora me vengon buffoni senza fine; chi sona tromme, chi cornamuse,
chi ciaramelle. Vita di Cola di Rienzo, c. 25.
Redi, annotazioni al Ditirambo, p. 146.
ANC. CAT. ANC. ESP. Caramela. PORT. Charamella. IT. Cennamella.
5. Calamellar, Caramelar, v., jouer du chalumeau, chalemeler.
Que fol pastre qu'al bel puei caramela.
P. Vidal: S'eu fos en.
Que le fol pâtre qui joue du chalumeau à la belle montagne.
Auzelayres uso d'el a deceptio d'auzels, quar, dossamen caramelan, los prendo al aytal engan.
Eluc. de las propr., fol. 282.
Les oiseleurs en usent pour la déception des oiseaux, car, en jouant doucement du chalumeau, ils les prennent par une telle tromperie.
- Chanter, conter.
Vay s'en de mantenent a l'ostal de la bella,
Lauzengas e plasers gran ren li calamella.
V. de S. Honorat.
Il s'en va de suite à la maison de la belle, et lui conte beaucoup louanges et amusements.
ANC. FR. Jà n'i éusse esté séus
Se li glous ne chalamelast...
Quant li lerres chalemeloit
Qui nule rien ne li celoit
Dont il li poïst sovenir.
Roman de la Rose, v. 7303 et 14775.
ANC. CAT. Caramelar. ESP. Caramellar.
Calonja, s. f., lat. calumnia, dispute, refus.
Amors vol calonja.
Pierre d'Auvergne: Bel m'es.
Amour veut dispute.
ANC. FR. I venront moure sans contredit et sans chalenge de mi et de mes oirs. Tit. de 1240. Carpentier, t. 1, col. 728.
ANC. ESP. Calonja (MOD. Calumnia). IT. Calogna. (N. E. Encuentro calonia en textos antiguos, algunos de Aragón.)
2. Calumpnjamen (calumpniamen), s. m., contestation, difficulté.
… Ses tot calumpnjamens.
P. de Corbiac: El nom de.
… Sans aucune contestation.
3. Calonjar, v., disputer, refuser, prohiber.
Qu'el coms, dux e marques, del lignage N Anfos,
Li calonja sa terra. Guillaume de Tudela.
Que le comte, duc et marquis, du lignage d'Alphonse, lui dispute sa terre.
Ja 'lh calonge
So que 'l devria autreiar.
Giraud de Borneil: Razon.
Qu'elle ne lui refuse jamais ce qu'elle devrait lui octroyer.
ANC. FR. Refusé m'a et calengié.
Fabl. et cont. anc., t. I, p. 139.
La preie volonz prendre et la terre tendron;
Se Francheiz la calengent, nos nos i cumbatron.
Roman de Rou, v. 1237.
L'honneur est le seul prix que la vertu callenge,
L'ombre poursuit le corps et vertu la louange.
La Boderie, Mesl. poét., p. 27.
ANC. CAT. Calognar. ANC. ESP. Calonjar. IT. Calongnare.
4. Concalengier, adj., disputeur.
E l'amors es concalongiers.
G. Faidit: Bauzan.
Et l'amour est disputeur.
5. Calumpnia, s. f., lat. calumnia, calomnie, fausse accusation.
Calumpnia, so es a dir, venir sobre altre am mal cor de far tortz et am volontat de greviar en tot cant pot. (N. E. greviar: agraviar: greuge)
V. et Vert., fol. 15.
Calomnie, c'est-à-dire, venir sur un autre avec mauvais dessein de faire tort, et avec volonté de grever en tout quand on peut.
Le serment de calomnie était prêté par le demandeur, pour attester la
justice de sa réclamation.
Un titre de 1340 porte:
Mandatum litem contestandi, jurandi in animum ipsius tam de calumpnia, quam de veritate dicenda.
Carpentier, t. I, col. 728.
Per far lo sagramen de calumpnia.
Trad. du Code de Justinien, fol. 12.
Pour faire le serment de calomnie.
Can hom ven al plaiz et fa sagramen de calompnia.
Statuts de Montpellier de 1204.
Quand on vient au plaid et on fait serment de calomnie.
Sagrament de calumpnia o de vertat per la una part e per l'autra.
Cout. de Condom.
Serment de calomnie ou de vérité par une partie et par l'autre.
CAT. ESP. PORT. Calumnia. IT. Calonnia.
6. Calumpniar, v., lat. calumniari, réclamer, accuser.
Que calumpnion et accuzon. V. et Vert., fol. 17.
Qui réclament et accusent.
Non pot hom ges calumpniar
Denan lui ni fals allegar.
De la Contricio.
On ne peut accuser devant lui ni alléguer à faux.
CAT. ESP. PORT. Calumniar. IT. Calunniare.
Calsa, s. f., chausse, soulier.
Voyez Aldrete, p. 364.
Ni calsas de fer non randa.
Bertrand de Born: Gent fai.
Et n'arrange chausses de fer.
IT. Calza.
2. Caussa, s. f., chausse, soulier.
Avian mes dedins lors caussas un clavel a guisa de grafi.
L'Arbre de Batalhas, fol. 61.
Avaient mis dans leurs chausses un clou en guise d'agrafe.
Sotlars e caussas de lana.
Marcabrus: L'autr'ier josta.
Souliers et chausses de laine.
CAT. Calsas. PORT. Calças. IT. Calze.
3. Causos, s. m., chausses, culottes.
Causos de la color del drap.
Trad. de la règle de S. Benoît, fol. 27.
Chausses de la couleur du drap.
(ESP. Calzas, calzones, calzoncillos; chap. Calses, cansonsillos, calsonsillos)
- Chausson.
Li vestimen dels pes sian causos e causas.
Regla de S. Benezeg, fol. 63.
Que les vêtements des pieds soient chaussons et souliers.
4. Caussier, s. m., chausses, culottes.
An laissat mantel e caussier.
Marcabrus: Al departir.
Ils ont quitté manteau et chausses.
- Fig. Décence.
Quan pecca en mala vida,
Cauziers e vertut oblida.
Brev. d'amor, fol. 11.
Quand il pèche en mauvaise vie, il oublie décence et verTit.
5. Causament, Chalsamen, s. m., lat. calceamentum, chaussure.
Corey de son causamen.
Trad. du nouv. Test. S. Jean, ch. 1.
La courroie de sa chaussure.
Del vestir e del calsamen dels fraires.
Regla de S. Benezeg, fol. 63.
Du vêtir et de la chaussure des frères.
Unglas... en bestias caussament.
Eluc. de las propr., fol. 49.
Ongles... chaussure pour les bêtes.
IT. Calzamento.
6. Caussada, s. f., chaussée.
En adobamens de carrieras o de caussadas.
Cartulaire de Montpellier, fol. 41.
En réparations de rues et de chaussées.
ESP. Calzada. PORT. Calçada.
7. Caussar, v., lat. calceare, chausser.
Guari sos escudiers sas causas li causet.
Roman de Fierabras, v. 727.
Guérin son écuyer lui chaussa ses chausses.
… Gent caussar e vestir.
Raimond de Castelnau: Mon sirventes.
… Bien chausser et vêtir.
Que terra non poyres aver, per caussar lo terme aquel ni sos agachos.
Tr. de l'Arpentage, part. II, ch. 28.
Que vous ne pourrez avoir de la terre, pour chausser le terme et ses témoins.
Part. prés. E 'lh tragua 'ls solars ben chaussans.
B. de Ventadour: Lanquan vey per.
Et lui tire les souliers bien chaussants.
CAT. Calsar. ESP. Calzar. PORT. Calçar. IT. Calzare. (chap. calsá, calsás: yo me calso, calses, calse, calsem o calsam, calséu o calsáu, calsen.)
8. Caussat, s. m., chaussure.
Osta lo caussat de tos pes, quar lo luocx on estas es terra sancta.
Brev. d'amor, fol. 89.
Ote la chaussure de tes pieds, car le lieu où tu es est terre sainte.
CAT. Calsat. ESP. Calzado. PORT. Calçado. ANC. IT. Calzajo. IT. MOD. Calzo. (chap. Calsé.)
9. Descaussar, v., déchausser.
Tu faras descaussar lo terme.
Tr. de l'Arpentage, part. II, ch. 31.
Tu feras déchausser le terme.
Part. pas.
En camisas anavon trastot e descaussatz.
V. de S. Honorat.
Ils allaient tous en chemise et déchaussés.
Per sa natura vit requier que sia descaussada, per que la razitz del solelh prenga calor necessaria.
Eluc. de las propr., fol. 225.
Par sa nature la vigne demande qu'elle soit déchaussée, afin que la racine prenne du soleil la chaleur nécessaire.
CAT. Descalsar. ESP. Descalzar. PORT. Descalçar. IT. Discalzare.
(chap. descalsá vs. Recalsá. Per la seua naturalesa la viña demane que ella sigue descalsada, pera que l' arraíl prengue del sol la caló nessessaria.)
10. Descaus, adj., déchaussé.
Descauz com paubres pelegrins. V. de S. Honorat.
Déchaussés comme pauvres pélerins.
CAT. Descals. ESP. Descalzo. PORT. Descalço. IT. Discalzo, scalzo.
(chap. descals, f. descalsa)
Calv, Qualv, adj., lat. calvus, chauve.
La gent es qualva per ponh de lor naissensa.
Liv. de Sydrac, fol. 87.
La gent est chauve par point de leur naissance.
Subst. Que mais viu cals que cabellutz.
B. de Venzenac: Iverns.
Que chauve vit plus que chevelu.
ANC. FR.
N'en vont nul espernant ne kauf ne chevelu.
Roman de Rou, v. 1759.
Ne remest ne chanuz ne chauz.
Roman du Renart, t. I, p. 335.
CAT. ESP. PORT. IT. Calvo.
2. Calvet, adj., chauve.
Karles Calvet, rey de Fransa.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 120.
Charles le chauve, roi de France.
3. Calvut, adj., chauve.
Ges per so, parlan propriament, hom no es calvut.
Eluc. de las propr., fol. 66.
Proprement parlant, on n'est pas chauve pour cela.
4. Calviera, s. f., état de chauve, chauveté.
Fa cazemen de pels e calveria engendra...
Calviera es perdement dels pels del cap.
Eluc. de las propr., fol. 73 et 66.
Fait chute de poils et engendre chauveté... Chauveté est perte des poils de la tête.
5. Escalvinar, v., rendre chauve.
Si com sia escalvinada.
Trad. de l'Épître de S. Paul aux Romains.
Comme si elle était rendue chauve.
6. Decalvatiu, adj., du lat. decalvatus, qui rend chauve.
Es depilativa, decalvativa. Eluc. de las propr., fol. 26.
Elle est dépilative, rendant chauve.
Calz, Caus, s. f., lat. calx, chaux.
Que fan portals e bestors
De cals e d'arena ab caire.
Bertrand de Born: S'abrils.
Qui font portails et tours de chaux et de sable avec pierres de taille.
Mel e vinaigre ajustatz
E pauc de caus.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Ajoutez miel et vinaigre et un peu de chaux.
IIII forns avem de quaus e pro peira. Philomena.
Nous avons quatre fours de chaux et suffisamment de pierres.
ANC. FR. E il fist cax et pierre atraire,
Iloec fist une tur faire.
Roman de Rou., v. 10211.
CAT. Cals. ESP. PORT. Cal. IT. Calce. (chap. Cals, calz)
2. Caucina, s. f., chaux.
Pessio los autz murs e la sala peirina,
Que so faitz de mortier, d'arena et de caucina.
Guillaume de Tudela.
Ils mettent en pièces les hauts murs et la salle de pierre, qui sont faits de mortier, de sable et de chaux.
Causina amortada o a amortar.
Tit. de 1366. DOAT, t. XCIII, fol. 209.
Chaux éteinte ou à éteindre.
ESP. IT. Calcina.
3. Calcinar, v., calciner.
Part. pas. La materia ab vinagre calcinada.
Eluc. de las propr., fol. 191.
La matière calcinée avec vinaigre.
ESP. PORT. Calcinar. IT. Calcinare.
Camaleon, s. m., lat. cameleon, caméléon.
Camaleon es una bestia de diversas colors, lasquals muda segon que ve autras estranhas colors.
Eluc. de las propr., fol. 241.
Caméléon est une bête de diverses couleurs, lesquelles il change selon qu'il voit autres couleurs étrangères.
Hom messorguier es semblan a camaleon que... a cascuna color que ve, ell muda.
V. et Vert., fol. 24.
L'homme menteur est semblable au caméléon qui... à chaque couleur qu'il voit, il change.
ESP. Cameleon (camaleón). PORT. Cameleão. IT. Cameleonte.
Camba, s. f., jambe.
Camba longa e aigloneza...
Esparver ab camba plumosa.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Jambe longue et d'aigle...
Épervier avec jambe couverte de plumes.
E donzel que sa camba mira.
Le moine de Montaudon: Mot m'enueia.
Et damoisel qui admire sa jambe.
ANC. ESP.
Non vi caballero con tales cambas nucas.
Poema de Alexandro, cop. 136.
CAT. IT. Gamba. (chap. Cama)
2. Cambiera, s. f., jambière, arme défensive qui garantissait les jambes.
Camalh et escut e cuyssieras e cambieras.
Lett. de Preste Jean à Frédéric, fol. 46.
Camail et écu et cuissarts et jambières.
3. Cambarut, adj., qui a de longues jambes.
A las eranhas cambarudas.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Aux araignées à longues jambes.
4. Cambaterat, adj., qui a mis pied à terre.
Son tuit ensems canbaterrat
E son se mes a genoillos.
Roman de Jaufre, fol. 122.
Tous ensemble ont mis pied à terre et se sont mis à genoux.
Ab tant es remasutz chambaterratz.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 100.
En même temps il est resté ayant mis pied à terre.
5. Gambaut, s. m., enjambée.
Cazen, levan, a grans gambautz,
S'en fug a sa maizo de sautz.
P. Cardinal: Una cieutat.
Tombant, levant, à grandes enjambées, il s'enfuit à sa maison rapidement.
CAT. Gambada.
6. Trascambada, s. f., enjambée.
Al pus fa sa trascambada.
Gavaudan le Vieux: Un vers vuelh.
Au plus il fait son enjambée.
Cambiar, Camjar, v., changer.
Et ai lo plom e l' estanh recrezut,
E per fin aur mon argent cambiat.
G. Adhemar: Non pot esser.
Et j'ai dédaigné le plomb et l'étain, et changé mon argent pour or pur.
Belh m'es quan vey camjar lo senhoratge
E 'ls viels laissan als joves lurs maisos.
Bertrand de Born: Belh m'es.
Il m'est agréable quand je vois changer la domination et que les vieux laissent leurs maisons aux jeunes.
Non es fis drutz cel que s camja soven.
T. de Blacas et de P. Vidal: Peire.
Celui qui se change souvent n'est point vrai galant.
Loc. Et ab mentir lor ai canjatz los datz.
B. de Ventadour: Per mieills.
Et avec le mentir je leur ai changé les dés.
A la mort de l'un et de l'autre se cambieron los datz, car lo Lazar porteron los angels en paradis. V. et Vert., fol. 78.
A la mort de l'un et de l'autre les dés se changèrent, car les anges portèrent le Lazare en paradis.
Part. prés. Qu'ieu no m vau ges camjan,
Si cum las donas fan.
B. de Ventadour: Lo gens.
Que je ne me vais point changeant, ainsi que les dames font.
Part. pas. S'es alques camjatz mos sens.
Raimond de Miraval: Dels quatre.
Mon sens s'est parfois changé.
CAT. ESP. PORT. Cambiar. IT. Cambiare. (N. E. El catalán subnormalitzat usa canvi, canviar para intentar diferenciarse del castellano y del occitano. Son así de imbéciles.)
2. Cambi, s. m., échange, retour.
Si fon faitz lo cambis d'Alvergne et de Quaersim.
V. de Richard, roi d'Angleterre.
Ainsi fut fait l'échange d'Auvergne et de Querci.
Eu am la seror de ma domna Margarida,
vostra molher, et cuig en aver cambi d'amor.
V. de Guillaume de Cabestaing.
J'aime la soeur de ma dame Marguerite, votre épouse, et je pense en avoir retour d'amour.
CAT. Cambi. ESP. PORT. IT. Cambio.
3. Cambiamen, s. m., changement.
D'aquest cambiamen... volem ayssi tractar.
Leys d'amors, fol. 68.
Nous voulons traiter ici de ce changement.
ANC. CAT. Cambiament. ESP. Cambiamiento. IT. Cambiamento.
4. Camge, Camje, s. m., échange, changement.
Non es vendezos, ans es chamges.
Trad. du Code de Justinien, fol. 37.
N'est pas vente, mais est échange.
Lo camje que m'a faich far
D'enemia per amia.
B. Zorgi: Entre totz.
Le changement qu'il m'a fait faire d'ennemie pour amie.
Si cum es vendezos, o comprazos o changes.
Trad. du Code de Justinien, fol. 8.
Comme est vente, ou achat ou échange.
5. Cambiaire, Camjaire, Cambiador, Camjador, s. m., changeur de monnaies, changeant.
E suy cambiaires leyals.
Raimond d'Avignon: Sirvens fui.
Et je suis changeur légal.
E vay s'en ad un cambiador,
D'aquels que trobet lo melhor.
V. de S. Honorat.
Et s'en va à un changeur, le meilleur de ceux qu'elle trouva.
Qu'ieu cug que de cavalier
Siatz devengutz camjaire.
T. de la Comtesse de Die et de R. d'Orange: Amicx.
Que je pense que de chevalier vous soyez devenu changeur.
Adjectiv. Si no m sembles camjador,
Ves vos m'en fora tornatz.
Le Dauphin d'Auvergne: Ara.
Si vous ne m'eussiez paru changeant, je m'en serais retourné vers vous.
ANC. FR. Et a véu un Cangeour
Qui Mahieus estoit apelés.
V. de J.-C. Carpentier, t. 1, col. 732.
CAT. ESP. PORT. Cambiador. IT. Cambiatore. (chap. Cambiadó, cambiadora, cambiadós, cambiadores)
6. Camjairitz, s. f., femme volage, inconstante.
Qu'estas autras camjairitz
Segon tost autra carrieira.
Giraud de Borneil: L'autr'ier.
Que ces autres volages suivent bientôt une autre voie.
Adjectiv. Mal agui eu s'anc cor volatge
Vos aic ni us fui camjairitz.
La dame Castelloze: Mout avetz.
J'eus mal si jamais j'eus pour vous coeur volage ni je vous fus inconstante.
7. Escambiar, Escanjar, v., échanger.
No l'en donara ni no l'en vendra ni non escambiara. Titre de 989.
Ni lui en donnera ni lui en vendra ni n'échangera.
Per qu'escanja 'l cortes chans
En sortz crims e folhs mazans.
Raimond de Miraval: Aissi cum es.
C'est pourquoi il échange le chant courtois en crimes sourds et fols tapages.
IT. Scambiare.
8. Biscambiar, v., échanger.
Ni no n'i vendra, ni no n'i biscambiara.
Titre de 985.
Ni ne lui en vendra, ni ne lui en échangera.
9. Bescambis, s. m., changement, échange.
Ayszo es la carta de bescambis que fa.
Tit. de 1192. Arch. du Roy., J, 322.
Ceci est la carte de l'échange qu'il fait.
Qui aquest bescambis receup.
Tit. de 1234. Arch. du Roy., J, 322.
Qui reçut cet échange.
10. Escambis, s. m., échange.
Dona per escambis a 'N Ramo.
Tit. de 1192, Arch. du Roy., J, 322.
Donne par échange au seigneur Raimond.
IT. Scambio.
11. Escambiamen, s. m., échange.
Per escambiamen.
Tit. de 1270. Arch. du Roy., J, 321.
Par échange.
IT. Scambiamento.
12. Recambiar, v., changer.
De recambiar ni mudar las autras causas.
Ord. de Philippe-le-Bel de 1306.
De changer ni muer les autres choses.
PORT. Recambiar. IT. Ricambiare.
Cambra, s. f., lat. camera, chambre.
Quan serem sol dins cambr' o dins vergier.
Bertrand de Born: Ieu m'escondisc.
Quand nous serons seuls dans chambre ou dans verger.
Fig. Cambra de joi, loc de domnei.
Arnaud de Marueil: Dona genser.
Chambre de plaisir, lieu de galanterie.
Cambra de Dieu, ort don naysso tug be.
G. d'Autpoul: Esperansa.
Chambre de Dieu, jardin d'où naissent tous biens.
- Assemblée de justice, tribunal.
Autreiar lettras de la cambra.
Statuts de Provence. BOMY, p. 228.
Octroyer des lettres de la chambre.
Comissaris de la cambra.
Tota demanda que si fa en la cort de la cambra.
Statuts de Provence.. Julien, t. I, p. 84.
Commissaires de la chambre.
Toute demande qui se fait en la cour de la chambre.
- Compartiment, division.
La maire de la femna a VII cambras, e en cascuna de las cambras pot aver un efan. Liv. de Sydrac, fol. 26.
La matrice de la femme a sept compartiments, et en chacun des compartiments elle peut avoir un enfant.
ANC. FR. Es cambres dels reis meesmes.
Anc. trad. du Psautier de Corbie, ps. 104.
CAT. ANC. ESP. Cambra. ESP. MOD. (cámara) PORT. Camara. IT. Camera.
2. Cambreta, s. f., chambrette, petite chambre.
Dis a Guillem c'un pauc dormis,
Et a 'l mes en una cambreta.
Roman de Flamenca, fol. 67.
Dit à Guillaume qu'il dormît un peu, et il l'a mis en une chambrette.
CAT. Cambreta. ANC. ESP. Camareta. IT. Cameretta.
3. Cambriola, s. f., cambriole, très petite chambre.
Et ab tan la donna s rescon
E torna e sa cambriola.
Roman de Flamenca, fol. 82.
Et alors la dame se cache et retourne à sa cambriole.
4. Cambrier, Cambrieu, s. m., chambellan, valet de chambre.
Et avenc se que sos cambriers
No 'lh fo de pres ni l'almorniers.
Brev. d'amor, fol. 187.
Et il advint que son chambellan ne lui fut de près ni l'aumônier.
Per l'ajutori d'un cambrieu de Frederic.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 189.
Par l'aide d'un chambellan de Frédéric.
ANC. FR. Grondoit si bien et fretilloit
Pour faire lever un chambrier,
Que le chambrier s'en esveilloit.
Olivier de Magny, p. 125.
CAT. Camarer. ESP. Camerero (camarero, chambelán, camarlengo).
IT. Cameriere.
5. Camarlenc, Chamarlenc, s. f., chambellan.
Bogo mon chamarlenc.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 23.
Boson mon chambellan.
Son camarlenc apela: Barbadis, ar auiatz.
Roman de Fierabras, v. 1974.
Il appelle son chambellan: Barbadis, maintenant oyez.
CAT. Camarlenc. ESP. Camarlengo. PORT. Camerlengo. IT. Camarlingo.
6. Camararia, s. f., fonction, charge de camérier, camérerie.
Als seignors del vestiari et a la camararia.
Tit. de 1263. DOAT, t. CVI, fol. 210.
Aux seigneurs du vestiaire et à la camérerie.
Homes liges de vos et de la camararia de la gleia de, etc.
Tit. de 1270. DOAT, t. CVI, fol. 210.
Hommes liges de vous et de la camérerie de l'église de, etc.
Las rendas assignadas al dich offici de camararia.
Tit. de 1319. DOAT, t. CXXXII, fol. 340.
Les rentes assignées audit office de camérerie.
ESP. Camarería.
7. Camarier, s. m., camérier.
E P. de Gesla camarier. Tit. de 1253. Arch. du Roy., J, 323.
Et Pierre de Gesle camérier.
Canorgues et camariers de la gleia de, etc.
Tit. de 1270, DOAT, t. CVI, fol. 287.
Chanoines et cameriers de l'église de, etc.
8. Camarieria, s. f., camerière.
Una morga camarieria.
Tit. de 1319. DOAT, t. CXXXII, fol. 340.
Une religieuse camerière.
9. Cambreiar, v., avoir accointance, coïter.
Garcias no pot cambreiar....
No pot yssir en cambra.
Leys d'amors, fol. 132.
Garcie ne peut avoir accointance... ne peut sortir en chambre.
10. Encamaramen, s. m., introduction.
Les Statuts de Marseille portent, liv. V, ch. 21:
“Ne avera aliqua incamarentur sive sophisticentur... incamare seu sophisticare aliquod avere.”
Ses encamaramen d'avol erba mesclada ab bona.
Cartulaire de Montpellier, fol. 47.
Sans introduction de mauvaise herbe mêlée avec la bonne.
11. Encamaradamen, s. m., introduction.
Encamaradamen o mescla d'avol erba.
Cartulaire de Montpellier, fol. 47.
Introduction ou mélange de mauvaise herbe.
12. Encamarar, v., introduire, mêler, dénaturer.
O lurs avers, per mais pezar,
Fan mantas vetz encamarar,
O en l'aigua freia banhan,
O qualque vils causas mesclan.
Brev. d'amor, fol. 125.
Ou, pour peser davantage, ils font maintes fois dénaturer leurs avoirs,
ou en baignant dans l'eau froide, ou mêlant quelques viles choses.
Part. pas. Blat molhat o encamarat... Tota causa que trobem encamarada. Cartulaire de Montpellier, fol. 143 et 144.
Blé mouillé ou dénaturé... Toute chose que nous trouvions dénaturée.
CAT. Encamorrar. ESP. Encamarar.
Camel, s. m., lat. camelus, chameau.
E si m plagra de Castela
Trop mais una jovencela
Que d'aur mil cargat camel.
P. Vidal: Be m pac.
Et ainsi une jouvencelle de Castille me plairait beaucoup plus que mille chameaux chargés d'or.
ANC. FR. Après la fist metre sor un chamel, et la fist einsi fuster parmi toute l'ost.
Rec. des Hist. de Fr., t. III, p. 268.
CAT. Camell. ESP. (chap.) Camello. PORT. Camelo. IT. Cammello.
2. Camela, s. f., camelle, femelle du chameau.
De lag de la camela si fay tantost portar.
Roman de Fierabras, v. 3348.
Elle se fait aussitôt apporter du lait de la camelle.
CAT. ESP. Camella. IT. Cammella.
3. Camelin, adj., lat. camelinus, de chameau.
Carns de bestias secas et caudas, quals so camelinas.
Eluc. de las propr., fol. 233.
Chairs de bêtes sèches et chaudes, telles que sont celles de chameau.
IT. Camellino.
4. Camelopart, s. m., lat. camelopardalis, girafe.
Camelopart naysh en Ethyopia.
Eluc. de las propr., fol. 241.
La girafe naît en Éthiopie.
ESP. Cameleopardo (jirafa). PORT. Camelopardal. IT. Cammellopardalo.
Cami, s. m., chemin.
Voyez Muratori, Diss. 33; Denina, t. II, p. 241, et t. III, p. 18; Ciampi,
dans son édit. de Turpin, p. 93.
Amples camis ab trops de caminiers.
G. Riquier: Fort guerra.
Larges chemins avec beaucoup de voyageurs.
Fig. La corrompuda a lo cami tot ubert; la pieuzela a lo cami tot claus.
Liv. de Sydrac, fol. 83.
La corrompue a le chemin tout ouvert; la pucelle a le chemin tout clos.
Loc. Que anesses lo bon cami. Liv. de Sydrac, fol. 94.
Que tu allasses le bon chemin.
Car tiravan e passavan cami tant que podian.
Chronique des Albigeois, col. 10.
Car ils tiraient et passaient chemin tant qu'ils pouvaient.
Aquest pres son cami... tenc son drech cami vas Tholoza.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 172 et 176.
Celui-là prit son chemin... tint son droit chemin vers Toulouse.
CAT. Cami. ESP. Camino. PORT. Caminho. IT. Cammino. (chap. camí, llibre de Delibes traduít per Moncho.)
2. Caminal, adj., transportable.
Fet los cargar d'aver bon caminau.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 6.
Les fit charger de bonne richesse transportable.
3. Caminador, s. m., routier, voyageur.
Que ja, tant cant ieu viva, faizit caminador
A mi ni a la gleiza no faran mais paor.
Guillaume de Tudela.
Que jamais, autant de temps que je vive, les
routiers bannis ne feront peur à moi ni à l'église.
CAT. ESP. Caminador (caminante). IT. Camminatore.
4. Caminier, s. m., voyageur, routier.
Amples camis ab trops de caminiers.
G. Riquier: Fort guerra.
Larges chemins avec beaucoup de voyageurs.
- Adj., vagabond.
Si no 'ls ten reys o coms o ducs,
Totz temps seran mais caminiers.
Marcabrus: Al departir.
Si roi ou comte ou duc ne les retient, toujours ils seront plus vagabonds.
ANC. ESP. Caminero. PORT. Caminheiro.
5. Caminar, v., cheminer, marcher, voyager.
… Cel qu'ab leis camina.
B. Zorgi: Ben es adreig.
… Celui qui chemine avec elle.
- Poursuivre, courir après.
Et en fugens m'encaussa e m camina.
Rambaud de Vaqueiras: No puesc saber.
Et en fuyant me pourchasse et me poursuit.
CAT. ESP. Caminar. PORT. Caminhar. IT. Camminare.
6. Encaminar, v., acheminer, mettre en chemin.
Part. pas.
L'ost es encaminada, cargatz son li saumier...
Per una gran montanha si son encaminatz.
Roman de Fierabras, v. 184 et 2221.
L'armée est acheminée, les bêtes de somme sont chargées.
Ils se sont acheminés par une grande montagne.
CAT. ESP. Encaminar. PORT. Encaminhar. IT. Incamminare.
(chap. encaminá, encaminás: yo me encamino, encamines, encamine, encaminem o encaminam, encaminéu o encamináu, encaminen.)
Camisa, s. f., bas. lat. camisia, chemise, vêtement.
Postea in camisia discintus, et discalciatus, etc.
Baluze, Lex salica, cap. reg. Fr., t. 1, col. 320.
Voyez Mayans, t. II, p. 228 et 245; Aldrete, p. 363; Monti, t. II, part. 1,
p. 309.
Camisias vocamus quod in his dormimus in camis, id est, in stractis nostris. Isidor, Orig., XIX, 22.
La camisa, que toca 'l cors,
Sia bella, sotils e blanca...
E va s'en ivern a la bisa,
Que non a freg en sa camisa.
Un troubadour anonyme: Senior vos que.
Que la chemise, qui touche le corps, soit belle, fine et blanche...
Et il s'en va en hiver à la bise, vu qu'il n'a pas froid en sa chemise.
Loc. prov. Sel c' a 'l saber es ricx en sa camisa.
T. d'un anonyme et de Guilhem: Guilhem.
Celui qui a le savoir est riche en sa chemise.
ANC. FR. Un sarcot ou camise.
Lett. de rém., 1421. Carpentier, t. 1, col. 740.
CAT. ESP. PORT. Camisa. IT. Camicia.
Camois, s. m., boue, souillure, tache.
Tot era ples de sang e de camois.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 73.
Il était tout plein de sang et de souillure.
Il est vraisemblable que camois a fourni le mot cambouis français, dont
Ménage n'a pu indiquer l'étymologie.
Camomilla, s. f., camomille.
Raiz de fenoyl et de camomilla.
Rec. de recettes médicales.
Racine de fenouil et de camomille.
Artemezia, autrament dita camomilla.
Eluc. de las propr., fol. 200.
Artémise, autrement dite camomille.
ESP. Camomila. IT. Camomilla.
Camp, s. m., lat. campus, champ.
E no y guardetz camp, ni vinha ni ort.
Bertrand de Born: Un sirventes farai.
Et vous n'y conservâtes champ, ni vigne ni jardin.
Las primicias de ton champ.
Trad. de Bède, fol. 46.
Les prémices de ton champ.
Per bolas de camp ostar.
Brev. d'amor, fol. 119.
Pour ôter les bornes de champ.
Et la bella garba cant es segada
El camp.
V. et Vert., fol. 92, deuxième version.
Et la belle gerbe quand elle est moissonnée au champ.
- Camp.
Emportet lo camp am sas gens... et els tornero el camp.
Roman de la Prise de Jérusalem, fol. 13.
Il emporta le camp avec ses gens... et ils retournèrent au camp.
- Champ de bataille.
E cobrarem el camp la vera crotz.
Rambaud de Vaqueiras: Aras pot hom.
Et nous recouvrerons sur le champ de bataille la vraie croix.
Loc. Los desconfit en plan camp...
Defendre en camp claus.
L'Arbre de Batalhas, fol. 28 et 67.
Les déconfit en plein champ de bataille...
Défendre en champ clos.
- Champ, terme de blason.
Un seinnals,
Si fon aquel d'En Archimbau,
Ab flors jaunas sus el camp blau.
Roman de Flamenca, fol. 121.
Une enseigne, ce fut celle du seigneur Archambaud, avec fleurs jaunes sur un champ bleu.
Fig. El camp de bonas obras om se esprovan los cavaliers de Dieu.
V. et Vert., fol. 83.
Au champ des bonnes oeuvres où s'éprouvent les chevaliers de Dieu.
CAT. Camp. ESP. PORT. IT. (chap.) Campo.
2. Cambo, s. m., champ.
Los cambos e 'ls pratz.
Tit. de 1196. DOAT, t. CXXXVIII, fol. 159.
Les champs et les prés.
Las dichas doas parts del dich cambo.
Tit. de 1262. DOAT, t. CXXXIII, fol. 32.
Les dites deux portions dudit champ.
En Archimbautz vai per cambon,
E quan poc jostar, saup li bon.
Roman de Flamenca, fol. 137.
Le seigneur Archambaud va par le champ, et quand il put jouter, il lui sut bon.
3. Campolieit, s. m., tente, lit de camp.
E campolieit emperial. V. de P. Vidal.
Et tente impériale.
4. Campal, adj., campal, qui est en champ.
Per batalha, so es a dire, per gatge campal.
L'Arbre de Batalhas, fol. 68.
Par bataille, c'est-à-dire, par gage campal.
E de far campal batalha. Brev. d'amor, fol. 37.
Et de faire bataille campale.
Pres en batalha campal Ferran, comte de Flandres.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 171.
Prit en bataille campale Ferrand, comte de Flandre.
ANC. FR Ne remanra preudome qui ne rechoive mort en une bataille campal... Assemblerent orendroit en bataille campal, en une plaine.
Roman de Merlin et d'Artus. Du Cange, t. 1, col. 1100.
CAT. ESP. PORT. Campal. IT. Campale.
5. Campestre, adj., lat. campestrem, champêtre, qui est aux champs.
En I luoc campestre.
Trad. du Nouv. Test. S. Luc, c. 6.
En un lieu champêtre.
Auzels... d'autres n'i ha campestres qui dels fruchtz de la terra vivo.
Eluc. de las propr., fol. 139.
Oiseaux... il y en a d'autres étant aux champs qui vivent des fruits de la terre.
ANC. FR. Terres labourables et campestres.
Tit. de 1457. Carpentier, t. 1, col. 744.
ESP. PORT. IT. Campestre.
6. Campion, s. m., champion, défenseur.
Anc mais dos campios no vi hom pus iratz.
Roman de Fierabras, v. 1412.
Jamais on ne vit deux champions plus irrités.
Lo valen catholic coms de Montfort campion per la fe.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 170.
Le vaillant catholique comte de Montfort champion pour la foi.
No deu far batalha en sa propria persona, mais deu aver un campio.
L'Arbre de Batalhas, fol. 233.
Il ne doit pas faire bataille en sa propre personne, mais doit avoir un champion.
CAT. Campion (campió). ESP. (chap.) Campeón. PORT. Campeão.
IT. Campione.
7. Campernar, v., attaquer, envahir.
Aus, tu que gleyza governas,
E cobeitas e campernas
L'autrui dreg.
P. Cardinal: Jhesum Crist.
Ouïs, toi qui gouvernes l'église, et convoites et attaques le droit d'autrui.
8. Acampar, v., rassembler, amasser.
En temps d'estiu,
Acampa 'l blat don l'ivern viu.
Brev. d'amor, fol. 53.
En temps d'été, elle rassemble le blé dont elle vit l'hiver.
C'aissi 'n pot hom pro acampar.
G. Olivier d'Arles, Coblas triadas.
Qu'ainsi on en peut amasser profit.
Acampar tot lo froment del regne.
Hist. abr. de la Bible, fol. 16.
Rassembler tout le froment du royaume.
Acampa tos preires am las messas cantantz,
E digas als clerges et a totz adordenatz,
E cant los auras totz denan tu acampatz...
V. de Sainte Magdelaine.
Rassemble tes prêtres avec ceux qui chantent les messes, et parle aux clercs et à tous ceux qui sont dans les ordres, et quand tu les auras tous rassemblés devant toi...
Part. pas. Nos avem vist, estant ensemps acampat.
Tit. de 1392. Trois états de Sisteron.
Nous avons vu, étant ensemble rassemblés.
IT. Accampare.
9. Escampament, s. m., effusion, fuite.
Tu as esquivat l'escampament del sanc innocent.
Hist. abr. de la Bible, fol. 81.
Tu as évité l'effusion du sang innocent.
ANC. FR.
K'es assis tutes parts k'il n'a escapement.
Roman de Horn, fol. 19, col. 2.
ANC. CAT. Escampament. ANC. ESP. Escampamento. IT. Scampamento. (chap. Escampamén)
10. Escampaire, s. m., dissipateur.
Dels bes del Senhor escampaire.
Eluc. de las propr., fol. 72.
Dissipateur des biens du Seigneur.
IT. Scampatore.
11. Escampar, v., verser, répandre.
Coma la olha bolhen sobre lo fuoc que escampa tot so que es dins.
V. et Vert., fol. 25.
Comme le pot bouillant sur le feu qui répand tout ce qui est dedans.
Escampan l'aigua sobre lor. Brev. d'amor, fol. 52.
Répandant l'eau sur eux.
Huey vos an mort e 'l sanc tot escampat.
Passio de Maria.
Aujourd'hui vous ont tué et répandu tout le sang.
Part. pas. Mi fassa trobar ma maynada
Que per lo bosc es escampada.
V. de S. Honorat.
Me fasse trouver ma compagnie qui est répandue par le bois.
Laqual polvera sera escampada per motz ventz.
Lett. de Preste Jean à Frédéric, fol. 5.
Laquelle poussière sera dispersée par plusieurs vents.
CAT. ESP. Escampar. IT. Scampare. (chap. escampá: escampo, escampes, escampe, escampem o escampam, escampeú o escampáu, escampen.)
12. Escampadamen, adv., éparsement.
Car e manhs locs tocat n'ai
Escampadamen sai e lai.
Brev. d'amor, fol. 160.
Car en maints lieux j'en ai touché éparsement çà et là.
Cant motas cauzas que poirian esser dichas escampadamens son ajustadas. Leys d'amors, fol. 147.
Quand beaucoup de choses qui pourraient être dites éparsement sont réunies.
13. Escapar, v., échapper, s'échapper.
Autra vetz fui en la preison d'amor,
Don escapei.
Aimeri de Peguilain: Autresi.
Une autre fois je fus dans la prison d'amour, d'où je m'échappai.
Que non escapet testa. Philomena.
Qu'il n'échappa une tête.
Et escapei de llas sieuas mans.
Trad. de la 2e épître de S. Paul aux Corinthiens.
Et j'échappai de ses mains.
Quar n' esquapiest,
Per ton bon astre, de morir.
Brev. d'amor, fol. 36.
Car, par ton bon astre, tu en échappas de mourir.
ANC. FR. Qui erent de mult grant peril escampé.
Ville-Hardouin, p. 86.
Voulant escamper et chercher quelque lieu pour se retirer... Et vous, poltron, escampez d'ici; escampez, maroufles.
Histoire maccaronique, t. 1, p. 181 et 297.
CAT. ESP. PORT. Escapar. IT. Scampare. (chap. escapá, escapás: yo me escapo, escapes, escape, escapem o escapam, escapéu o escapáu, escapen.)
Campana, s. f., lat. campana, cloche.
E sona 'l campana,
E lo vielhs comuns venc.
Rambaud de Vaqueiras: Truan mala.
Et la cloche sonne, et la vieille communauté vient.
E 'ls sonan la campana.
V. de S. Honorat.
Et ils sonnent la cloche.
Elh sonament de las campanas era grans. Philomena.
La sonnerie des cloches était grande.
ANC. FR. L'estora et le garni de campanes.
Rec. des Hist. de Fr., t. V, p. 285.
Si commencerent à faire sonner leurs campanes.
Monstrelet, t. II, fol. 133.
Comme son père avoit emporté les campanes de Notre-Dame.
Rabelais, liv. II, ch. 7.
CAT. ESP. Campana. PORT. Campainha. IT. Campana.
2. Campanela, s. f., clochette.
Es pauca campanela.
Eluc. de las propr., fol. 282.
C'est une petite clochette.
ANC. FR. Le portier l'ayant introduit courtoisement sonnera la campanelle. Rabelais, liv. IV, chap. 3.
ESP. Campanilla. IT. Campanella. (chap. Campaneta, del Pilá)
3. Campanier, s. m., sonneur de cloches.
E fuy campaniers.
Raimond d'Avignon: Sirvens suy.
Et je fus sonneur de cloches.
CAT. Campaner. ESP. Campanero. IT. Campanajo. (chap. campané)
Camphora, s. f., lat. camphora, camphre.
Maiorment unch de camphora...
Destemprada ab ayga roza et camphora.
Eluc. de las propr., fol. 191 et 193.
Surtout oint de camphre...
Détrempée avec eau rose et camphre.
CAT. PORT. IT. Canfora. (ESP. Alcanfor)
Camus, Gamus, adj., niais, sot.
Voyez Leibnitz, p. 106.
Ara m diguatz, Catalanes camus,
On es lo pretz que soliatz aver.
G. Ranols d'Apt: A tornar m'er.
Maintenant, dites-moi, Catalans niais, où est le mérite que vous aviez coutume d'avoir.
Per que ieu tenc tot hom per camus,
Cum repren so qu'els sabens an en us.
B. Carbonel de Marseille, Coblas triadas.
C'est pourquoi je tiens pour sot tout homme, lorsqu'il blâme ce que les sages ont en usage.
Deu mielhs estar ab sels que sabon pus
Cant ilh a cort, que ab los pecs gamus.
G. Olivier d'Arles, Coblas triadas.
Doit mieux être quand elle a cour, avec ceux qui savent plus qu'avec les sots niais.
IT. Camuso.
2. Gamusia, s. f., niaiserie.
C'ab los cortes apren hom cortesias,
Et ab los pecx fadencx e gamusias.
G. Olivier d'Arles, Coblas triadas.
Qu'avec les courtois on apprend courtoisies, et avec les sots fadaises et niaiseries.
3. Camusat, adj., écaché, aplati.
Aquel a non Jaufre ab lo vis camusat.
Roman de Fierabras, v. 2135.
Celui-là a nom Jaufre avec le visage écaché.
Can, s. m., lat. canis, chien.
Car amon cans et austors.
Bertrand de Born: S'abrils.
Car ils aiment chiens et autours.
E quans que mord enans que laire.
Le moine de Montaudon: Fort m'enoia.
Et chien qui mord avant qu'il aboie.
Fig. Que foron porc en Guavada
Et en Vianes foron ca.
P. Cardinal: Tot atressi.
Qui furent porcs en Gévaudan et chiens en Viennois.
Com fai bon can de cassa. V. et Vert., fol. 29.
Comme fait bon chien de chasse.
Loc. Entre ca e lop, a la fi del jorn.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 150.
Entre chien et loup, à la fin du jour.
ANC. ESP. Se algun can muerde algun ome... e si el sennor del can enriza el can que prenda ladron.
Fuero juzgo, lib. VIII, tit. 4, §. 19.
De can que mucho ladra nunca vos d'el temades.
Poema de Alexandro, cop. 742.
Ce mot a été abandonné pour celui de perro.
- Constellation.
La estela dita Ca, que es fervent cauda.... Ca es una estela en sa influencia sobrecauda. Eluc. de las propr., fol. 111 et 119.
L'étoile dite Chien qui est ardemment chaude... Chien est une étoile très chaude en son influence.
PORT. Cão. IT. Cane. (N. E. En Mallorca se usa todavía ca)
2. Che, Chin, s. m., chien.
Que pro i remas vianda als auzels e als ches.
Guillaume de Tudela.
Qu'il y reste assez de pâture aux oiseaux et aux chiens.
Qu'atrestan s'en faria us chins.
Pierre d'Auvergne: Chantarai.
Qu'un chien en ferait autant.
Plus aorsatz de guerra qu'ors sobre chis.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 20.
Plus ardent de guerre qu'ours sur chiens.
3. Canet, s. m., petit chien.
E fauc mos dos canetz glatir.
Marcabrus: D'aisso lau.
Et je fais aboyer mes deux petits chiens.
ANC. CAT. Canet. (chap. gosset; Mallorca, Font de Canet.)
4. Canha, s. f., chienne, machine de guerre.
Erguelhos no ve son trabuc
Pus que fai son colp la canha.
Bernard de Venzac: Pus vey lo.
Orgueilleux ne voit son trébuchement plus que fait la chienne son coup.
5. Caneta, s. f., petite chienne, canicule, constellation.
Quo es l'estela caneta,
E l'autra dicha cometa...
De la caneta, ses duptar,
Son dig li dia canicular.
Brev. d'amor, fol. 37.
Comme est l'étoile Canicule, et l'autre dite comète...
Sans douter, les jours sont dits caniculaires de la canicule.
(ESP. Canícula)
6. Checa, s. f., chienne.
A lei de checa vilana.
P. Vidal: Car' amiga.
A la manière de vilaine chienne.
7. Canin, Canh, adj., lat. caninus, canin, de chien.
Segon l'afaitamen cani.
P. Cardinal: Tot atressi.
Selon la manière de chien.
Dens so ditas caninas que son agudas, aptas a rompre duras viandas... quar so semlans a las del ca. Eluc. de las propr., fol. 43.
Sont dites canines, les dents qui sont aiguës, aptes à rompre les dures nourritures... car elles sont semblables à celles du chien.
Desordenat et quays cani appetiment...
Valo contra mors cani.
Eluc. de las propr., fol. 92.
Appétit désordonné et presque canin...
Valent contre morsure de chien.
Fig. De passar mar e d'aucir la gen canha.
Rambaud de Vaqueiras: Aras pot hom.
De passer mer et d'occir la gent canine.
Ni tant aya fach sobre la gen canha.
Mathieu de Quercy: Tant sui.
Ni ait tant fait sur la gent canine.
CAT. Cani (caní). ESP. PORT. IT. Canino.
8. Caninier, adj., aimant les chiens.
Era caniniera.
Trad. du Nouv. Test. S. Marc, c. 7.
Elle était aimant les chiens.
9. Canineu, Caninieu, adj., race de chien, canin.
Pels fals desfaitz pejors que canineus.
Aimeri de Belmont: Ja n'er credutz.
Par les faux méfaits pires que canins.
Que 'lh Sarrazi deslial, caninieu,
L'an tout son rengne.
P. Vidal: Anc no mov.
Que les Sarrasins déloyaux, race de chien, lui ont enlevé son royaume.
10. Cadel, s. m., lat. catulus, petit de chien et d'autres animaux.
Cadels so ditz, per diminucio, cas joves propriament, ja sia qu'els filhs d'autras bestias so ditz cadels no propriament.
Eluc. de las propr., fol. 244.
Par forme diminutive, jeunes chiens sont dits au propre cadels, quoique les petits d'autres bêtes soient dits improprement cadels.
E carn de cadel non vezen
Ben l'esforza e l'asazona.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Et chair de petit chien, qui ne voit pas, le renforce bien et l'engraisse.
Am tant venc una loba blanqua am sos cadels.
V. de S. Honorat.
Alors vint une louve blanche avec ses petits.
ANC. FR. Car après vienent li chael
Et li venieres les semont.
Roman du Renart, t. 1, p. 92.
CAT. Cadell. IT. Catello.
11. Cadelet, s. m., petit chien, jeune chien.
Aysi c'us cadelet fugi de IIII pes. V. de S. Honorat.
Ainsi qu'un jeune chien fuit des quatre pieds.
CAT. Cadellet.
12. Cadelar, v., chienner.
Ab la femella, quan ha cadelat.
Eluc. de las propr., fol. 243.
Avec la femelle, quand elle a chienné.
CAT. Cadellar.
13. Canicula, s. f., lat canicula, canicule.
La stela dita Canicula.
Eluc. de las propr., fol. 153.
L'étoile dite Canicule.
CAT. ESP. (canícula) PORT. Canicula. IT. Canicola.
14. Canicular, adj., lat. canicularis, caniculaire.
Duro aquels dias caniculars del XV jorn de julh entro 'l XII de setembre.
Eluc. de las propr., fol. 119.
Ces jours caniculaires durent du quinzième jour de juillet jusqu'au douzième de septembre.
CAT. ESP. PORT. Canicular. IT. Canicolare.
15. Caniculari, adj., caniculaire.
Dias canicularis. Eluc. de las propr., fol. 119.
Jours caniculaires.
Cana, s. f., lat. canna, roseau, canne.
Cum fai lo vent la cana torneyar,
Que vas totz latz li fai penre baissura.
P. Espanhol: Entre que m.
Comme le vent fait tournoyer le roseau, de manière qu'il lui fait prendre inclinaison vers tous les côtés.
- Canne, sorte de mesure.
Pus que tos vezis enganas
Ab fals pes, ab falsas canas.
P. Cardinal: Jhesum Crist.
Puisque tu trompes tes voisins avec faux poids, avec fausses mesures.
Las canas e las meias canas.
Cartulaire de Montpellier, fol. 148.
Les cannes et les demi-cannes.
CAT. Canya, cana. ESP. (chap.) Caña. PORT. Cana. IT. Canna.
2. Caneta, s. f, petit roseau, petite canne.
Ab caneta et ab rosels.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Avec petite canne et avec roseaux.
ESP. Canita (cañita). PORT. Caneca.
3. Canavera, Canaciera, Canaviera, s. f., roseau.
Et ab canavera feritz.
Brev. d'amor, fol. 167.
Et frappé avec roseau.
Canavera fon donada a mi.
Trad. de l'Apocalypse, c. XI.
Un roseau me fut donné.
Pausa una canula de canaciera.
Trad. d'Albucasis, fol. 38.
Pose une canule de roseau.
Canaviera per tot vent si mov.
Eluc. de las propr., fol. 202.
Roseau se meut par tout vent.
4. Canula, s. f., lat. cannula, canule.
Cum canula de ausel... Tu pausas la quanula sobre la dent.... Fai una canula de aram. Trad. d'Albucasis, fol. 30, 6, 14.
Avec une canule de plume d'oiseau... Tu poses la canule sur la dent... Fais une canule d'airain.
(ESP. Cánula)
5. Canon, s. m., tuyau, quenouille, tourbillon.
Vos aiatz un canon menut
O de pailla o d'autra re.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Vous ayez un petit tuyau ou de paille ou d'autre chose.
Garsens o Peironela que filon lur cano.
Izarn: Diguas me tu.
Garcende ou Peironelle qui filent leur quenouille.
Loc. La plueia ven de la mar e per un cano de ven monta en l'aire.
Liv. de Sydrac, fol. 46.
La pluie vient de la mer et par un tourbillon de vent monte en l'air.
CAT. Canó. ESP. Canon (cañón, caño.) PORT. Cano. IT. Cannone.
6. Canel, s. m., tuyau, tige.
Sembla canel de blat.
Eluc. de las propr., fol. 202.
Semble tuyau de blé.
- Tuyau, plume.
Canel scriptural es canaviera de la qual antiquament uzavo per escriure... Ab aytals canels hom pausa la tencha.
Eluc. de las propr., fol. 203.
Tuyau pour écriture est un roseau duquel on usait anciennement pour écrire.... Avec tels tuyaux on pose l'encre.
- Tuyau de flûte, de flageolet.
Tibia, estrument... junc o canel, et alcus lo fazia de junc o d'autres canels. Eluc. de las propr., fol. 282.
Flûte, instrument... jonc ou tuyau, et quelques uns le faisaient de jonc ou d'autres tuyaux.
7. Canar, v., mesurer.
Quant volras canar la terra... destraras o canaras lo fons de una ayga.
Trad. du Tr. de l'Arpentage, c. 32 et 35.
Quand tu voudras mesurer la terre... tu calculeras ou mesureras le fond d'une eau.
CAT. Canar.
8. Canal, s. f., lat. canalis, canal, lit des eaux.
Gola... sa canal es dura et cartillaginoza...
Ab las canals del pulmo.
Eluc. de las propr., fol. 46 et 45.
Gorge... son canal est dur et cartilagineux...
Avec les canaux du poumon.
Tota la terra n'er egals
Neys de la mar l'ampla canals.
Los XV Signes de la fi del mon.
Toute la terre en sera égale, même l'ample lit de la mer.
- Voie, creux.
En la canal, que ditz conort,
Vei caut e freyt entremesclar.
Rambaud de Vaqueiras: Los frevols.
Dans la voie, que l'encouragement indique, je vois s'entremêler le chaud et le froid.
Loc. Orguelhs torna en canal.
Marcabrus: Quan la fuelha.
L'orgueil avance rapidement.
Jois fora tornatz en canau.
Marcabrus: Doas cuidas ai.
Joie serait retournée rapidement.
La langue italienne a dit, dans le même sens, far canale, voguer en pleine mer.
CAT. ESP. PORT. Canal. IT. Canale.
9. Cadenel, s. m., canal, ruisseau.
Que se reparon tots los cadenels que son de cascuna part... Seguen lo cadenel antic que es vays lo termenal de Cusac.
Tit. de 1398. DOAT, t. LIV, fol. 168.
Que tous les canaux qui sont de chaque côté se réparent... En suivant le canal ancien qui est vers le confin de Cusac.
Cancellar, v., lat. cancellare, biffer, canceler.
Part. pas. Cartas publicas, sanas, integras e no cancelladas.
Tit. de 1266. DOAT, t. LXXIX, fol. 43.
Chartes publiques, saines, entières et non biffées.
CAT. Cancellar. ESP. Cancelar. PORT. Cancellar. IT. Cancellare. (chap. Canselá: canselo, canseles, cansele, canselem o canselam, canseléu o canseláu, canselen. Cartes, lletres canselades.)
2. Escancelar, v., détruire.
Lai, chansos, te y via;
Pero no t daria
Tornada e revella,
Qu'on no t'escancella.
G. Riquier: Voluntiers.
Là, chanson, tiens-y chemin; pourtant je ne te donnerais ritournelle et refrain, afin qu'on ne te détruise.
ANC. CAT. Escancellar. IT. Scancellare.
Cancer, s. m., lat. cancer, cancre, espèce de poisson.
Cum lo peysho dit cancer si mov naturalment ad arreyre.
Eluc. de las propr., fol. 111.
Comme le poisson dit cancre se meut naturellement en arrière.
- Signe du zodiaque.
Com sia el signe de Cancer.
Eluc. de las propr., fol. 108.
Comme soit au signe du Cancer.
- Chancre, sorte de maladie.
Cauterizatio de cranc, quant canser es commensan.
Trad. d'Albucasis, fol. 11.
Cautérisation du chancre, quand le chancre est commençant.
CAT. ESP. (cáncer) PORT. Cancer. IT. Canchero.
2. Cranc, s. m., cancre, poisson de fleuve.
Crancs fluvials valo contra vere.
Eluc. de las propr., fol. 103.
Cancres de fleuve valent contre venin.
(chap. ESP. Cangrejo)
- Cancer, signe du zodiaque.
Lo quart signes es Crancs nommat.
Brev. d'amor, fol. 27.
Le quatrième signe est nommé Cancer.
CAT. Cranc. IT. Cancro.
- Chancre, sorte de maladie.
Pustell' en son huelh o cranc.
Bertrand de Born: Al dous nou.
Pustule ou chancre dans son oeil.
E tragua m'ambs los huelhs crancx.
A. Daniel: En breu.
Qu'un chancre me tire les deux yeux.
Curacio de cranc.
Trad. d'Albucasis, fol. 28.
Guérison de chancre.
CAT. Cranc. ESP. (cáncer) PORT. IT. Cancro.
3. Crancer, s. m., Cancer.
Tropis del Crancer es dig l'us.
Brev. d'amor, fol. 26.
L'un est dit tropique du Cancer.
4. Cancros, adj., chancreux.
Apostema cancros.
Trad. d'Albucasis, fol. 1.
Ulcère chancreux.
ESP. Canceroso. PORT. Cancroso. IT. Cancheroso.
5. Crancos, adj., chancreux.
Aquel es ab si crancos.
Trad. d'Albucasis, fol. 28.
Celui-là est par soi chancreux.
Candor, s. f., lat. candor, candeur, blancheur.
Candor es blancor intensa am lutz ben clara e perspicuitat pura.
Eluc. de las propr., fol. 265.
Candeur est blancheur intense avec lumière bien claire et perspicuité pure.
ANC. ESP. PORT. Candor. IT. Candore.
2. Candorador, s. m., blanchisseur.
A candoradors lo portal de, etc.
Cartulaire de Montpellier, fol. 44.
A blanchisseurs la porte de, etc.
3. Quandi, adj., lat. candidus, blanc, candi, brillant.
Il sun ta bel e ta blanc e ta quandi.
Poëme sur Boèce.
Ils sont si beaux et si blancs et brillants.
ESP. Candi (cándido, candil). PORT. Candil. IT. Candito.
Canebe, Canep, Cambre, Carbe, Cambe, s. m., lat. cannabem, chanvre.
O canebe, o lin, o lana. Trad. d'un Évangile apocryphe.
Ou chanvre, ou lin, ou laine.
Carminacios de canep et de li.
Cartulaire de Montpellier, fol. 44.
Cardure de chanvre et de lin.
Us cordos
Qu'er de cambre sotils e bos.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Un cordon qui sera de chanvre fin et bon.
Ni ja no vesta drap de carbe ni de lin.
Guillaume de Tudela.
Et ne revête jamais étoffe de chanvre ni de lin.
Saumada de cambe, III deners.
Cartulaire de Montpellier, fol. 114.
Charge de chanvre, trois deniers.
CAT. Canam. ESP. Cáñamo. PORT. Canhamo. IT. Canapa. (chap. cánem)
2. Canabas, s. f., toile de chanvre.
Apres la mort non portara
Mas so que de be fact aura
E III canas de canabas.
Brev. d'amor, fol. 226.
Après la mort il n'emportera que ce qu'il aura fait de bien et trois cannes de toile de chanvre.
De tot drap lini, exceptat de canabas.
Cartulaire de Montpellier, fol, 113.
De toute toile de lin, excepté de toiles de chanvre.
3. Cansil, s. m., toile de chanvre.
Drap de cancil e var e gris.
Romande Gerard de Rossillon, fol. 90.
Drap de chanvre et vair et gris.
E camiza d'un ric camsil.
Roman de Jaufre, fol. 60.
Et chemise d'une riche toile de chanvre.
ANC. FR. A un bel drap de cheisil blanc
Li osterent d'entur le sanc.
Marie de France, t. 1, p. 76.
Linges, dras qui sont de cainsil
Plus blans que n'est nois ne gresil.
Roman de la Violette, v. 1487.
4- Canabacier, s. m., tisserand.
Que fan canabacier.
G. Riquier: Pus Dieu.
Que les tisserands font.
A canabaciers lo portal, etc.
Cartulaire de Montpellier, fol. 44.
A tisserands le portail, etc.
Adjectiv. Que li drap de paratge e las telas blancas se mesuro ab l'auna de la cana, et li drap gros e li canabas et aquill del li ab l'auna canabassera. Tit. de 1265. DOAT, t. VIII, fol. 143.
Que les draps de parage et les toiles blanches se mesurent à l'aune de la canne, et les draps gros et la toile de chanvre et celle de lin avec l'aune de tisserand.
Canelhada, s. f., cannellée.
Jusquiam herba, autrament dita canelhada.
Eluc. de las propr., fol. 211.
Jusquiame herbe, autrement dite cannellée.
Canella, s. f., cannelle.
Canela, autrament dita cinamomum....
Cum appar en la canela, que es escorsa.
Eluc. de las propr., fol. 116 et 196.
Cannelle, autrement dite cinnamomum... Comme il parait en la cannelle, qui est une écorce.
Et ab canella vos o mesclat.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Et vous le mêlez avec de la cannelle.
Pus flayret doussamen que canela muscada.
(chap. Flairabe mes dols que canela moscada o muscada.)
Roman de Fierabras, v. 4981.
Il sentit plus doux que cannelle muscade.
ESP. PORT. Canela. IT. Cannela.
Canivet, s. m., petit couteau.
Judas mes la man a I canivet... e aucis lo.
Hist. abr. de la Bible, fol. 75.
Judas mit la main à un petit couteau... et l'occit.
ANC. FR. Unum parvum artavum gallice canivet.
Lett. de rém., 1400. Carpentier, t. 1, col. 764.
Parvus cultellus gallice cannivet.
Gloss. lat. gall. de 1352. Carpentier, t. 1, col. 315.
Canon, s. m., lat. canon, canon, partie des prières de la messe.
Ajustet el cano de la messa una paraula.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 57.
Il ajouta au canon de la messe une parole.
- Canon, arme de guerre.
Balestas ni canos. Tit. de 1390. DOAT, t. CXLVII, fol. 176.
Arbalètes ni canons.
- Cens amphitéotique.
Pagament de ces, pensio o de cano... Cano o pensio de la causa comprada. Tit. du XIIIe sièc. DOAT, t. CXVIII, fol. 41 et 40.
Paiement de cens, pension ou de canon... Canon ou pension de la chose achetée.
ANC. FR. Il n'est obligé qu'aux canons arrierez.
Stat. Lossensia. Du Cange, t. II, col. 169.
- Adj. Qui établit ou contient les lois de l'église.
Segon que volh drech canon... El drech canon fa soen mention de lhui.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 213 et 87.
Selon que le veut le droit canon...Le droit canon fait souvent mention de lui.
CAT. ESP. PORT. Canon. IT. Canone.
2. Canonic, adj., lat. canonicus, canonique.
A tot drech canonic et civil.
Tit. de 1286. DOAT, t. XLI, fol. 77.
A tout droit canonique et civil.
Doas pistolas que s'apelo canonicas.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 8.
Deux épîtres qui s'appellent canoniques.
Per sanctas Scripturas canonicas.
Doctrine des Vaudois.
Par saintes Écritures canoniques.
CAT. Canonic. ESP. Canónico. PORT. IT. Canonico. (chap. Dret canónic y sivil.)
3. Canonical, adj., canonique.
Segon la canonical simplicitat.
Tit. de 1318. DOAT, t. XLII, fol. 218.
Selon la simplicité canonique.
ESP. Canonical. IT. Canonicale.
4. Canonista, s. m., canoniste.
Decretalista, canonista. Leys d'amors, fol. 64.
Décrétaliste, canoniste.
Un canonista diria tantost que verament.
L'Arbre de Batalhas, fol. 191.
Un canoniste dirait aussitôt que vraiment.
CAT. ESP. PORT. IT. Canonista.
5. Canonizatio, s. f., canonisation.
Seguia lo negoci de sa canonizatio...
En la letra de la canonizatio.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 193 et 196.
Il suivait l'affaire de sa canonisation...
Dans la bulle de la canonisation.
CAT. Canonisació. EST. Canonización. PORT. Canonização.
IT. Canonizzazione. (chap. Canonisassió)
6. Canonizar, v., canoniser.
Canoniset sanh Domenge.
(chap. Va canonisá a San Domingo. Encara que diém domenge, no hay conegut a dingú que se diguere Domenge. Una finca de Beseit: los domenges.)
Cat. dels apost. de Roma, fol. 184.
Il canonisa saint Dominique.
Et a canonisatz los precios cors santz.
V. de S. Honorat.
Et a canonisé les précieuses saintes personnes.
Part. pas. Fo canonizatz per papa.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 159.
Il fut canonisé par le pape.
CAT. Canonisar. ESP. PORT. Canonizar. IT. Canonizzare.
7. Canonge, Canorgue, s. m., chanoine.
Ni monge, ni canonge, ni capelan.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 80.
M moine, ni chanoine, ni chapelain.
Peire Rotgier si fo d'Alvernhe, canorgues de Clermon.
V. de Pierre Rogiers.
Pierre Rogier fut d'Auvergne, chanoine de Clermont.
CAT. Canonge. ESP. Canónigo. PORT. Conego. IT. Canonico.
8. Cannonegue, s. m., chanoine.
La claustra dels cannonegues.
Tit. de 1174. Hist. de Languedoc, pr., t. II, col. 134.
Le cloître des chanoines.
9. Canorgua, Canorguia, s. f., canonicat, chanoinie, réunion des chanoines.
Laisset la canorga e fes se joglars et anet per cors.
V. de Pierre Rogiers.
Il laissa le canonicat et se fit jongleur et alla par cours.
Cant era petits, sos paires lo mes per canorgue en la canorguia del Puei.
V. de Pierre Cardinal.
Quand il était petit, son père le mit pour chanoine dans la chanoinie du Puy.
ANC. FR. Il ne demoura en France abbaye, ne chanoinerie, ne marchans renommez d'avoir argent, qui ne lui donnast ou prestat.
Monstrelet, t. II, fol. 97.
CAT. Canongia. ESP. Canonjía.
Cans, adj., lat. candens, ardent.
Fig. Et hueills fers, trebols e cans.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Et yeux farouches, troubles et ardents.
ESP. Cande (candente, ardiente). IT. Cando.
2. Candela, s. f., lat. candela, chandelle, cierge.
Coma la candela que ren sa clardat e se mezeissa degasta.
Liv. de Sydrac, fol. 76.
Comme la chandelle qui rend sa clarté et se détruit elle-même.
A ley d'enfan cuy la candela plats
E s'art jogan.
R. Jordan, vic. de S.-Antonin: Abril.
A la manière d'enfant à qui la chandelle plaît, et qui se brûle en jouant.
ANC. FR. La candelle qui art dedens
N'estaint por orés ne por vens.
Roman de Partonopeus, t. I, p. 152.
CAT. ESP. Candela. PORT. Candea. IT. Candela.
3. Candelet, s. m., petite chandelle.
Cozetz mel en un vaiselet;
Cant er cueitz, faitz n'un candelet.
Deudes de Prades, Auz- cass.
Cuisez du miel dans un petit vase; quand il sera cuit, faites-en une petite chandelle.
4. Candelier, s. m., chandelier.
E covengra i mielhs uns sautiers
En la gleisa, o us candeliers
Portar ab gran candela ardent.
Pierre d'Auvergne: Chantarai.
Et il lui conviendrait mieux un psautier dans l'église, ou porter un chandelier avec grand cierge allumé.
La crotz e 'ls candeliers.
Tit. de 1205. DOAT, t. CV, fol. 155.
La croix et les chandeliers.
CAT. ESP. Candelero. IT. Candelliere.
- Fabricant, marchand de chandelles.
Candeliers o obriers de cera... Los candeliers de ceu.
Cartulaire de Montpellier, fol. 186 et 90.
Chandeliers ou ouvriers en cire... Les chandeliers de suif.
ANC. CAT. Candelier. ANC. ESP. Candelero.
5. Candelar, s. m., chandelier.
Uelhs ha luzens de nuech cum candelar.
Eluc. de las propr., fol. 254.
Il a les yeux luisants pendant la nuit comme chandelier.
6. Candelabre, s. m., lat. candelabrum, candélabre.
Que sia pausada sobre lo candelabre.
Trad. du Nouv. Test. S. Marc, ch. 14.
Qu'elle soit placée sur le candélabre.
E las set lucernas en un candelabre.
Trad. de Bède, fol. 18.
Et les sept lanternes en un candélabre.
ANC. CAT. Candalobre. PORT. IT. (ESP.) Candelabro.
7. Candelor, s. f., chandeleur.
A la pagua de la Candelor.
Ord. des R. de Fr., 1411, t. IX, p. 609.
A la paye de la chandeleur.
CAT. Candelera. ANC. ESP. Candelor. ESP. MOD. PORT. Candelaria.
8. Candelosa, s. f., chandeleur.
Aquelas que an estat presas puis la Candelosa, avut dos ans.
Ord. des R. de Fr., 1306, t. 1, p. 448.
Celles qui ont été prises depuis la chandeleur, il y a eu deux ans.
9. Candeleir, adj., de la chandeleur.
Lendema de la festa Candeleira de Nostra Dona.
Tit. de 1271. DOAT, t. CXLVI, fol. 147.
Le lendemain de la fête de la chandeleur de Notre-Dame.
10. Escantir, v., éteindre, effacer, apaiser.
Mas la flam' esconduda
Es greu ad escantir.
Pierre d'Auvergne: Pois de.
Mais la flamme cachée est difficile à éteindre.
Car si m'artz dins la meola
Lo fuecx, no vuelh que s'escanta.
A. Daniel: Autet e bas.
Car quoique le feu me brûle dans la moelle, je ne veux pas qu'il s'éteigne.
Fig. Mas per la colp' esquantir,
Vuoill la vertat descubrir.
Gaubert, moine de Puicibot: Be s cujet.
Mais pour effacer la faute, je veux découvrir la vérité.
Cant, Can, Chant, s. m., lat. cantus, chant, cantique.
Las mias musas qui ant perdut lor cant.
Poëme sur Boèce.
Les miennes muses qui ont perdu leur chant.
Et entendatz can melodios. Leys d'amors, fol. 7.
Et que vous entendiez chant mélodieux.
Be s taing qu'un novel chant fabrec,
P. Raimond de Toulouse: Pois vezem.
Il convient bien que je fabrique un nouveau chant.
Pauc val chans que del cor no ve.
B. de Ventadour: Peirols cum avetz.
Le chant qui ne vient du coeur vaut peu.
C'om ses domna non pot far d'amor chan.
Bertrand de Born: Quan la novelha.
Qu'homme sans dame ne peut faire chant d'amour.
ANC. FR. Que le tien cant suelent canter.
Helinand, Vers sur la Mort.
CAT. Cant. ESP. PORT. IT. Canto.
2. Cantaret, Chantaret, s. m., petit chant, sorte de poésie.
Quar s' eu degues blasmar totz los malvatz,
Tart finira lo cantaret qu'en fatz.
Lanfranc Cigala: Quan vei.
Car si je dusse blâmer tous les méchants, le petit chant que j'en fais finirait tard.
E m' an alegran
D'un chantaret prezan.
P. Raimond de Toulouse: Non puesc.
Et que j'aille me réjouissant d'un petit chant distingué.
3. Cantic, s. m., lat. canticum, cantique.
Cantic de Salomon. Doctrine des Vaudois.
Cantique de Salomon.
CAT. Cantic (càntic). ESP. Cántico. PORT. IT. Cantico. (chap. cántic)
4. Canso, Chanso, s. f., chanson, sorte de poésie.
Cansos es us dictatz que conta de V a VII coblas, e deu tractar principalmen d'amors o de lauzors.
Leys d'amors, fol. 40.
La chanson est une composition qui compte de cinq à sept couplets, et elle doit traiter principalement d'amours ou de louanges.
En aquel temps non apellava hom cansson, mas tot quant hom cantava eron vers. V. de Marcabrus.
En ce temps on n'appelait pas chanson, mais tout ce qu'on chantait était vers.
Guirautz de Borneill fetz la primera canson que anc fos faita.
V. de Pierre d'Auvergne.
Giraud de Borneil fit la première chanson qui oncques fut faite.
Qu'om no troba ni sap devezio
Mas sol lo nom entre vers et chanso.
Aimeri de Peguilain: Mantas vetz.
Qu'on ne trouve ni sait différence entre vers et chanson, excepté seulement le nom.
Loc. E dis la canso del diable. V. et Vert., fol. 26.
Et il dit la chanson du diable.
ANC. ESP.
Los organos (órganos) y disen chanzones e motete.
Arcipreste de Hita, cop. 1206.
CAT. Cansó (MOD. cançó). ESP. Canción. PORT. Canção. IT. Canzone. (chap. Cansó)
5. Cansoneta, Chansoneta, s. f., chansonnette.
Farai chansoneta nueva.
Le Comte de Poitiers: Farai.
Je ferai une chansonnette nouvelle.
Leu chansoneta m'er a far,
Pus n'ai man de ma doss' amia.
G. de Montagnagout: Leu chansoneta.
Légère chansonnette me sera à faire, puisque j'en ai commandement de ma douce amie.
Et auzida cansonet' ab long so.
Aimeri de Peguilain: Mantas vetz.
Et chansonnette ouïe avec longue musique.
ANC ESP.
Todas salen cantando, disiendo chanzonetas.
(MOD. Todas salen cantando, diciendo cancioncitas o cancioncillas)
Arcipreste de Hita, cop. 1215.
CAT. Cansoneta (cançoneta). ESP. MOD. Cancioncilla. PORT. Cançoneta. IT. Canzonetta. (chap. Cansoneta, pl. cansonetes.)
6. Cantaire, Chantaire, Cantador, Chantador, s. m., lat. cantator,
chanteur.
Cantaire fo meravilhos.
P. Vidal: Abril issic'
Il fut merveilleux chanteur.
Tota la estatz (: estiu) anava per cortz, e menava ab se dos cantadors que cantavan las soas cansos. V. de Giraud de Borneil.
Tout l'été il allait par les cours, et menait avec lui deux chanteurs qui chantaient les siennes chansons.
Adj. Qu'el freg d'ivern los destrenh e 'ls desvia,
Si c'us non es alegres ni chantaire.
Arnaud P. d'Agange: Quan lo temps.
Que le froid d'hiver les presse et les déroute, tellement qu'un seul n'est joyeux ni chanteur.
Per que tug amador
Son guay e chantador.
B. de Ventadour: Lo gens temps.
C'est pourquoi tous les amants sont gais et chanteurs.
ANC. FR.
Quant un chanterres vient entre gent honorée,
Et il a endroit soi sa vielle atrempée.
H. de Villeneuve, Fauchet, anc. Poèt. fr., liv. II.
Or, cantadours, cantez, cantez.
G. Guiart, t. I, p. 41.
ESP. PORT. Cantador. IT. Cantatore. (chap. cantadó)
7. Cantre, Cantor, s. m., lat. cantor, chantre.
A penas pot hom trobar huey cantre ni autre home que sapia be endevenir en far propriamen I so. Leys d'amors, fol. 4.
A peine peut-on trouver aujourd'hui un chantre ni autre homme qui sache bien réussir à faire proprement un air.
Aital clercs non deu aver molier, si el a orde sobre cantor o sobre lector.
Trad. du Code de Justinien, fol. 2.
Un tel clerc ne doit pas avoir femme, s'il a ordre au-dessus de chantre ou au-dessus de lecteur.
CAT. ESP. Cantor (chantre en la iglesia). IT. Cantore.
8. Chantressa, s. f., lat. cantatrix, chantresse.
En lo offici de cor, cantava am la chantressa.
V. de Santa Flors. DOAT, t. CXXIII, fol. 272.
En l'office du choeur, elle chantait avec la chantresse.
CAT. ESP. Cantora. PORT. IT. Cantatrice.
9. Cantorel, adj., chanteur.
Qui es auzel cantorel cum merle. Eluc. de las propr., fol. 147.
Qui est oiseau chanteur comme merle.
10. Cantar, Chantar, v., chanter.
Aus, tu que cantas las messas.
P. Cardinal: Jesum Christ.
Entends, toi qui chantes les messes.
Un gualh que ns canta las oras. Philomena. (: gall)
Un coq qui nous chante les heures.
Bon cosselh vos don e gen:
Amatz et cantatz soven.
Peyrols: Quant amors.
Je vous donne bon et agréable conseil: Aimez et chantez souvent.
Avec la prép. DE.
Chantarai d'aquetz trobadors.
Pierre d'Auvergne: Chantarai.
Je chanterai de ces troubadours.
Subst. Chantars no pot guaire valer,
Si d'ins del cor no mov lo chans.
R. de Ventadour: Chantars.
Le chanter ne peut guère valoir, si le chant ne meut du dedans du coeur.
ANC. FR. Biaux chanters en leu et en tans
Est une chose moult plezans.
Fabl. et cont. anc., t. II, p. 198.
Canta cest cant, faisant grant joie.
Roman du Renart, t. IV, p. 316.
Devant li duc alout cantant
De Karlemaine è de Rollant.
Roman de Rou, v. 13151-4.
Aussi bien chanter d'autre chose
Ayant chanté de sa grandeur,
Seroit-ce pas, après la rose,
Aux pavots chercher de l'odeur?
Malherbe, Odes, liv. III.
IT. Io canterei d'amor si novamente.
Petrarca: Son. Io canterei.
Ben puoi cantar d'amore.
Jacopone Da Todi, lib. V, cant. 29.
11. Chandeiar, v., préluder, chantonner.
E 'l rossignol de son chantar chandeia
Josta sa par el bosc.
G. de Cabestaing: Mout m'alegra.
Et le rossignol prélude à son chanter auprès de sa compagne au bois.
12. Bescantaire, s. m., médisant.
Malvatz bescantaire.
T. de Jean Lag et d'Ebles: Qui vos dara.
Mauvais médisant.
13. Bescantar, v., marmotter des paroles, mal chanter, médire.
Totz jorns me bescantatz,
S'eratz encantayre,
Ben enchantariatz.
T. de Jean Lag et d'Ebles: Qui vos dara.
Toujours vous me marmottez des paroles; si vous étiez enchanteur, vous enchanteriez bien.
14. Deschans, s. m., critique, parodie.
Mas lo mieu no tem deschans...
Si 'n la rima en qu'hom chanta
Non era faitz lo deschans.
Arnaud Catalan: Als entendens.
Mais le mien ne craint pas la critique...
Si la parodie n'était faite en la rime qu'on chante.
15. Deschantar, v., cesser de chanter, blâmer.
Belh l'es que m deschan...
E 'l poder d'amor deschanta
Que m tol lo sen e m'enchanta.
Rostan de Merguas: La douss'amor.
Il lui est agréable que je cesse de chanter.
Et elle blâme le pouvoir d'amour qui m'enlève le sens et m'enchante.
Dreit fora qui ben chantes
Qu'autrui chan no deschantes.
Arnaud Catalan: Als entendens.
Il serait juste que celui qui chanterait bien * blâmât pas le chant d'autrui.
ANC. FR. Deschanter par figure de notes.
Eustache Deschamps, p. 264.
16. Encantamen, s. m., lat. incantamentum, enchantement.
Un fuoc que totz temps crema per encantament.
Lett. de Preste Jean à Frédéric, fol. 35.
Un feu qui toujours brûle par enchantement.
Aqui fes sos encantamentz
E levet son cercle minor.
V. de S. Honorat.
Là il fit ses enchantements et leva son cercle mineur.
Cum selh que fon ricx per encantamen,
Et en breu temps perdet sa benanansa.
Pierre Espanhol: Cum selh.
Comme celui qui fut riche par enchantement, et en peu de temps perdit son bien-être.
Mas re no sai si s'es encantamens,
Que, quan la vey, non ai de me poder.
R. Jordan, Vic. de S.-Antonin: Ben es camjat.
Mais je ne sais pas si c'est enchantement, vu que, quand je la vois,
je n'ai pouvoir de moi.
ANC. FR. D' encantement m'aprist ausi.
Roman du Renart, t. IV, p. 327.
Negromance et encantement.
Roman de Partonopeus, t. 1, p. 157.
CAT. Encantament. ESP. Encantamiento. PORT. Encantamento. (chap. encantamén)
IT. Incantesimo.
17. Encantatio, s. m., lat. incantatio, enchantement, incantation.
Qui per deniers fay encantatios et artz de dyable.
V. et Vert., fol. 16.
Qui pour deniers fait enchantements et arts du diable.
Es contraria a sciencias magicas et incantatios.
Eluc. de las propr., fol. 188.
Est contraire à sciences magiques et incantations.
(chap. Es contraria a siensies mágiques y encantamens)
Esp. Encantación. PORT. Encantação. IT. Incantazione.
18. Encantaire, Encantador, s. m., lat. incantator, enchanteur, escamoteur.
Si 'n aissi m vai, be sui doncx encantaire.
G. de S.-Didier: El mon non.
S'il me va ainsi, je suis donc bien enchanteur.
Encantayres es veramens,
E nom del diable fay auzir
Los sorts.
Trad. de l'Évangile de Nicodème.
Il est vraiment enchanteur, au nom du diable il fait les sourds ouïr.
Per un gran encantador ric
Fon fach un autars el boscage.
V. de S. Honorat.
Un autel fut fait au bocage par un grand enchanteur puissant.
Que trasgitadors et encantadors del carreforc cesso.
Tit. du XVe sièc. DOAT, t. CXLVII, fol. 285.
Que les bateleurs et les escamoteurs de place publique cessent.
ANC. FR. Et Cointerians li enchanterre.
Roman du Renart, t. 1, p. 336.
Qui tant criement l' enchantéor.
Roman de Partonopeus, v. 5887.
CAT. ESP. (encantador) PORT. Incantador. IT. Incantatore. (chap. Encantadó)
19. Encantar, Enchantar, v., lat. incantare, enchanter.
Si fos vius Berenguier de Tors,
Non saubra tan gent enchantar
Cum silh que m fai velhan somnhar.
G. de S.-Gregori: Nueg e jorn ai dos.
Si Berenguier de Tours fût vivant, il ne saurait aussi habilement enchanter comme celle qui me fait rêver en veillant.
S'ieu saubes la gent encantar,
Miei enemic foran enfan.
B. de Ventadour: Quan erba vertz.
Si je savais enchanter la gent, mes ennemis seraient enfants.
Los afflatadors que encanton soven los grans homes del setgle.
V. et Vert., fol. 104.
Les flatteurs qui souvent enchantent les grands hommes du siècle.
Part. pas. E dis: Senher, tota aquesta terra es encantada, e neguna fortaleza no si pot far sobre l'encantamen, si l'encantamens
no si desfazia. Liv. de Sydrac, fol. 3.
Et dit: Seigneur, toute cette terre est enchantée, et aucune forteresse ne peut se faire sur l'enchantement, si l'enchantement ne se défaisait.
CAT. ESP. PORT. Encantar. IT. Incantare. (chap. Encantá: encanto, encantes, encante, encantem o encantam, encantéu o encantáu, encanten. Estás encantat.)
20. Percantar, v., desservir.
Part. pas. Que las dichas doas capellanias sian tengudas et percantadas per totz temps... Percantadas e servidas et officiadas per totz temps.
Tit. de 1302. DOAT, t. CXVIII, fol. 47.
Que lesdites deux chapellenies soient tenues et desservies en tout temps... Desservies et servies et officiées en tout temps.
21. Rechantar, v., faire écho, répéter, résonner.
Los sons que respondo et rechantan en los vals, entre las montanhas, quant hom crida sus haut pueys. V. et Vert., 2e traduction.
Les sons qui répondent et résonnent dans les vallons, entre les montagnes, quand on crie sur un haut coteau.
ANC. FR. Cele recanta, pié estant,
Ce motet plaisant et joli.
Roman du Renart, t. IV, p. 406.
Qu'Echo qui déesse hante
Les antres des monts sacrés,
Vos lamentables regrets
D'une longue voix rechante.
R. Garnier, la Troade, act. I, sc. 1.
IT. Ricantare.
Cantarida, s. f., lat. cantharida, cantharide.
Alcunas cucas verts ditas cantaridas.
Eluc. de las propr., fol. 208.
Quelques insectes verts dits cantharides.
CAT. ESP. (cantárida, cantáridas) PORT. Cantarida. IT. Cantaride.
Canton, s. m., coin, angle.
Voyez Aldrete, p. 361; Mayans, t. II, p. 224; Leibnitz, p. 55; Muratori, Diss. 33; Denina, t. III, p. 18.
… Pres d'un canto,
Per qu'om los auia, canto.
Leys d'amors, fol. 24.
Ils chantent près d'un coin pourqu'on les entende.
De Robion don m'encolpatz,
Anc per mi no fon derrocatz,
Ans be 'n fis baissar un canton.
G. de Baux: En Gui.
Quant à Robion dont vous m'accusez, jamais il ne fut renversé par moi, mais j'en fis bien baisser un coin.
Los IIII cantos de la mayso. Hist. abr. de la Bible, fol. 71.
Les quatre coins de la maison.
ANC. FR. Sur le pavé fleurs espesses et drues,
Par les quantons, théatres, colisées, etc.
C. Marot, t. II, p. 61.
ANC. CAT. Canton. ESP. PORT. Canto. IT. Cantone. (chap. Cantó, pl. cantons)
2. Cantonal, adj., du coin, angulaire.
Pausaray en Sion la soberana peira cantonal.
Doctrine des Vaudois.
Je poserai en Sion la souveraine pierre angulaire.
3. Cantonet, s. m., coin, petit coin.
Del cantonet entro al pilar.
Tit. de 1352. DOAT, t. XCIII, fol. 222.
Du petit coin jusqu'au pilier.
4. Cantel, s. m., chanteau, morceau, coin, quartier.
Qu'ieu ten sus el pan e 'l cantel.
Pierre d'Auvergne: A vieill.
Vu que je tiens haut le pain et le chanteau.
Qu'el derier cantel de l'escut
Li trenquet.
Roman de Jaufre, fol. 10.
Qu'il lui trancha le dernier quartier de l'écu.
ANC. FR. Li dona si gran cop sor son escu qu'il en abat un cantel.
Roman de Merlin. Carpentier, t. 1, col. 773.
Le suppliant print un chanteau de pain.
Lett. de rém. 1451. Carpentier, t. 1, col. 920.
Que de ce saint gasteau
On en rapporte à l'hostel un chanteau.
P. Ronsard, t. II, p. 1611.
CAT. Cantel. ESP. Cantillo. PORT. Cantinho. IT. Cantoncello.
5. Escantelar, v., tailler, ébranler.
Sol no s'en encantelec en deguna part per lo colp. Philomena.
Il ne s'en ébranla pas seulement en aucune partie par le coup.
ANC. FR. Li escut sont estroé, et depechié, escantelé par dessus et par dessous. Roman de Merlin. Carpentier, t. 1, col. 773.
CAT. Escantelar. IT. Scantonare. (chap. Escantellá: escantello, escantelles, escantelle, escantellem o escantellam, escantelléu o escantelláu, escantellen.)
Canut, adj., lat. canus, chenu, blanc.
Om per veltat non a lo pel chanut.
Poëme sur Boèce.
On n'a pas le poil blanc par vieillesse.
E li vergier, cum si eron canut,
Pareysson blanc, e verdeyon li prat.
G. Adhemar: Non pot esser.
Et les vergers, comme s'ils étaient chenus, paraissent blancs, et les prés verdoient.
ANC. FR. Ne remest ne chanuz ne chauz.
Roman du Renart, t. I, p. 335.
ESP. Cano (canoso). PORT. Encanecido. IT. Canuto. (chap. canós; cana, canes.)
2. Canicia, s. f., lat. canitia, état des cheveux blanchis, canitie.
Si engendra blancor, cum vezem en canicia de pels... La causa de lor canicia o blancor. Eluc. de las propr., fol. 263 et 66.
S'engendre blancheur, comme nous voyons en canitie de cheveux...
La cause de leur canitie ou blancheur.
PORT. Canicia. IT. Canizie. (ESP. Canicie)
3. Canas, s. f. plur., cheveux blancs.
La langue latine employait cani pour capilli albi.
Non cani, non rugae repente auctoritatem afferre possunt.
Cicero, de Senect., 62.
Ni per las canas del suc.
Garin d'Apchier: Aisi com hom.
Ni par les cheveux blancs de la tête.
Senher, ab mezura
Ges bos sens no us trava
Ni canas, ni an.
G. Riquier: D'Astarac.
Seigneur, le bon sens avec mesure ne vous arrête ni cheveux blancs, ni années.
ANC. FR. Si furent ses cevex mellez de canes, si que li blans passoient li noir.
Roman des sept Sages. Roquefort, t. 1, p. 208.
ESP. (CAT.) Canas. (chap. Les canes)
4. Caneta, s. f., cheveux blancs.
Que ja m ditz hom que m van bruilhan (brulhan)
Canetas.
G. Adhemar: Ben fora.
Vu que déjà on me dit que les cheveux blancs me vont poussant.
Car ja aug dir que m van botan
Canetas.
R. Vidal de Bezaudun: En aquel.
Car déjà j'entends dire que les cheveux blancs me vont poussant.
5. Canuzir, v., blanchir.
E fara canuzir a flocs.
G. Adhemar: Ben fora.
Et fera blanchir par flocons.
CAT. Canuzir.
6. Encanuzir, Encanezir, v., blanchir.
E si m fa jov' encanuzir,
Tot canut m'aura.
G. Adhemar: Ben fora.
Et si elle me fait jeune blanchir, elle m'aura tout blanc.
E par ben, al front et al cais,
Jove saur vielh encanezir.
Gavaudan le Vieux: Crezens fis.
Et je parais bien, au front et aux joues, jeune blond blanchir vieux.
ESP. PORT. Encanecer. IT. Incanutire.
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