Mailla, s. f., lat. macula, maille, tache.
Apel' om mailla sella taca
Que a el peitz e 'l ventre.
Auzel jove fai auzel ros
Ab grossa mailla, ab hueills senros.
Deudes de Prades, Auz. cass.
On appelle maille cette tache qu'il a à la poitrine et au ventre.
Oiseau jeune fait oiseau roux avec grosse maille, avec yeux couleur de cendre.
- Maladie de l'oeil.
L' auzel cant a mal en l' ueil,
Mailla o colp o escurdat.
Deudes de Prades, Auz. cass.
L'oiseau quand il a mal à l'oeil, maille ou coup ou obscurité.
Passio de uelhs dita taca o malha. Eluc. de las propr., fol. 83.
Maladie d'yeux dite tache ou maille.
Polvera faitz, puis gitatz ne
Ins en l' ueill, on la mailla s te.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Faites de la poudre, puis jetez-en au-dedans de l'oeil, où la maille se tient.
CAT. ESP. Malla. PORT. Malha. IT. Maglia.
2. Maillat, adj., maillé, tacheté.
Braguier maillat e ben triat.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Brayer maillé et bien distinct.
Maillol, Malhol, s. m., lat. malleolus, marcotte de vigne, crossette.
En la cartayrada plantada, hy entron MDCCCXVI malhols.
Trad. du Traité de l'Arpentage, 2e part., Prél.
Dans la quartonnée plantée, y entrent dix-huit cent seize crossettes.
- Jeune vigne.
Am isserment, e tot aquo que del malhol issira.
Tit. du XIIIe siècle. DOAT, t. CXVI, fol. 92.
Avec sarment, et tout ce qui de la jeune vigne sortira.
S' afronta aquest cazals e aquest maillols... ab las carreiras comunals. Tit. de 1234. Arch. du Roy., Toulouse, J. 322.
Se confronte ce casal et cette jeune vigne... avec les chemins communaux.
ANC. FR. En ung mailhol ou vigne nouvellement plantée.
Lett. de rém. de 1459. Carpentier, t. III, col. 1132.
Maire, Mayre, s. f., lat. matrem, mère.
Maires de Dieu, verges emperairitz.
(chap. Mare de Deu, virgen emperadora o emperatrís o emperatriu.
ESP. Madre de Dios, virgen emperatriz.)
R. Gaucelm: Ab grans trebals.
Mère de Dieu, vierge impératrice.
Ai tal dol al departir
Cum a l' enfans, qui 'l vol ostar
De sa mair', et aillors portar.
Guillaume de la Tour: Plus que las.
J'ai telle affliction au départir comme a l'enfant, qui veut le séparer de sa mère, et porter ailleurs.
Fig. Fin' amors es sa maires.
Raimond de Tors de Marseille: Ar es dretz.
Pure amour est sa mère.
Gola es maire de non continensia. Trad. de Bède, fol. 41.
(chap. La gola es la mare de la incontinensia; gula.)
Bouche est mère de non continence.
Loc. No l' en fara servizi lo filh ma maire.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 5.
Ne lui en fera pas service le fils de ma mère.
E 'l melhor rey que anc nasquet de maire.
Bertrand de Born: Mon chan fenisc.
Et le meilleur roi qui oncques naquit de mère.
Cette dernière façon de parler se trouve dans l'Évangile; Jésus-Christ dit à ses disciples: Amen dico vobis, non surrexit inter natos mulierum major Joanne Baptista.
Trad. du N. Test. S. Matth., ch. 11.
ANC. FR. L'en ne trove mès vérité
En nul home de mère né. Roman du Renart, t. 1, p. 81.
Nus homs qui soit de mère nés. Roman de la Rose, v. 16551.
N' onques nulz homs de mère nés.
Roman du châtelain de Coucy, v. 3324.
Adjectiv. A la festa de lor mayre gleysa, so es assaber a la Sanct Jacmes.
Tit. de 1283. DOAT, t. XCI, fol. 213.
A la fête de leur mère église, c'est à savoir à la Saint-Jacques.
- Matrice.
(chap. Matrís; ESP. Matriz)
En la maire de la femna a VII cambras.
A son remudar, si eversa la maire, e l' efas vai fors.
Liv. de Sydrac, fol. 26 et 65.
En la matrice de la femme il y a sept compartiments.
A son remuer, la matrice se renverse, et l'enfant va hors.
ANC. CAT. Maire. CAT. MOD. Mare (mara). ESP. PORT. IT. Madre.
(chap. Mare, mares. En andalús encara diuen mare.)
- Lit d'un fleuve.
Ichi contra 'l soda de Babilonia seguen la mayre del fluvi de Nil.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 189.
Sortit contre le soudan de Babylone en suivant le lit du fleuve de Nil.
(chap. Cuan un riu sen ix de mare.)
2. Mairastra, Mayrastra, s. f., marâtre, belle-mère.
Accusem la pros Clariana,
Nostra mayrastra.
N' es intratz
On es sa mayrastra marrida.
V. de S. Honorat.
Accusons la vertueuse Clariane, notre marâtre.
Il en est entré où est sa marâtre méchante.
ANC. ESP. Madrastra. PORT. Madrasta. IT. Matrigna.
(chap. Madrastra, madrastres.)
3. Mayrina, s. f., lat. matrina, marraine.
O ab pairis o ab mayrinas. V. et Vert., fol. 19.
(chap. O en padrins o en padrines.)
Ou avec parrains ou avec marraines.
ANC. CAT. Mairina. ESP. Madrina. PORT. Madrinha.
(chap. Padrina, padrines, la que te porte a batejá en lo padrí. Los dos són los padrins.)
4. Matrona, s. f., lat. matrona, matrone, sage-femme.
Matrona, levayriz d'enfant. Trad. d'un Évangile apocryphe.
Matrone, accoucheuse d'enfant.
CAT. ESP. PORT. IT. Matrona.
- Matrice.
La femna, cant vol efantar, las junhturas lhi alargo la una de l'autra, exceptat la matrona. Liv. de Sydrac, fol. 26.
La femme, quand elle veut enfanter, les jointures lui élargissent l'une de l'autre, excepté la matrice.
5. Comaire, Comayre, Comaira, s. f., commère.
Ome am sa comayre. V. et Vert., fol. 19.
(chap. Home en sa comare.)
Homme avec sa commère.
Ben fai com comeira.
Le troubadour de Villarnaud: Mal mon.
Il fait bien comme commère.
Que 'l filha c' an de comayre,
Fan lur nepta al maridar.
B. Carbonel: Tans ricx.
Vu que la fille qu'ils ont de commère, ils font leur nièce au marier.
CAT. Comare. ESP. PORT. Comadre. IT. Comare. (chap. Comare, comares. En home: compare, compares.)
6. Maternal, Mayrenal, adj., maternel.
Los bens paternals e maternals. Cartulaire de Montpellier, fol. 219.
(chap. Los bens paternals, paterns, y maternals, materns.)
Les biens paternels et maternels.
A totz autres bens payrenals e mayrenals.
Tit. de 1399. Hist. de la mais. de Turenne, Justel, p. 135.
A tous autres biens paternels et maternels.
CAT. ESP. PORT. Maternal. IT. Maternale. (chap. Maternal, materno o matern; maternals, maternos o materns.)
7. Mayritz, s. f., lat. matrix, matrice.
Mayritz, es membre de femna especial.
Ret apta la mayritz a conceptio.
Eluc. de las propr., fol. 59 et 30.
Matrice, c'est membre spécial de femme.
Rend la matrice apte à conception.
- Mère, en parlant des végétaux.
Mezolh del aybre per alcus ditz mayritz.
Eluc. de las propr., fol. 185.
La moelle de l'arbre dite mère par aucuns.
CAT. Matris. EST. PORT. Matriz. IT. Matrice. (chap. Matrís.)
8. Mairal, adj., principal, mère.
Que se curon totas las cavas mairals dels ditz termenals.
Tit. de 1398. DOAT, t. LIV, fol. 169.
Que se nettoient toutes les caves mères desdits termaux.
Substantiv. Que las mairals antiquas dels digz termenals se curon.
Tit. de 1398. DOAT, t. LIV, fol. 169.
Que les mères antiques desdits termaux se nettoient.
(chap. La mare del vi, la solada o solera antiga.)
Mais, Mai, Mas, Ma, adv., lat. magis, plus, davantage.
Voyez Muratori, Diss. 33, et Ihre, Ind. voc. mesogoth., p. 177.
Ela daria lur en aitant com altre, e mais.
Titre de 1168.
Elle leur en donnerait autant comme autre, et plus.
Plus l' esgart, mais la vey abelhir.
B. de Ventadour: Quan la fuelha.
Plus je la regarde, plus je la vois briller.
Aquil que an mais d' aver
Son pus cobe e pus savais.
J. Esteve: Planhen ploran.
Ceux qui ont davantage d'avoir sont plus convoiteux et plus vilains.
ANC. FR. Saül enquist de nostre Seigneur s'il déust pursieure mais les Philistins. Anc. trad. des Liv. des Rois, fol. 17.
Je ne puis mais cest mal soufrir.
Fables et cont. anc., t. IV, p. 154.
Si que nulhs ne le poroit inciter à ce qu'il fût mais évesques.
Chronique de Cambray, fol. 46.
- Employé comme adverbe de comparaison et suivi de QUE.
Am e dezire
Mais qu' ieu no fas parven.
Guillaume de Cabestaing: Lo dous.
J'aime et désire plus que je ne fais semblant.
Cuion que valha mais
Hom messongiers que verais.
P. Cardinal: Pus ma boca.
Pensent que vaille plus homme menteur que véridique.
Adv. comp. Totz gueritz sera
Ades per ma e ma.
P. Cardinal: Sel que fes.
Tout guéri sera désormais de plus en plus.
Jeu, mai que mai,
Ma domna, ieu sai
Que vos mi donatz joy e pretz.
P. Rogiers: Per far esbaudir.
Moi, de plus en plus, ma dame, je sais que vous me donnez joie et mérite.
Eu vos am mais e plus.
Folquet de Romans: Domna ieu pren.
Je vous aime davantage et plus.
Sol que de mais adenant no s' emprenda.
B. Tortis: Per ensenhar.
Seulement que de plus en avant il ne s'embarrasse pas.
Lo soleilhs mays de sotz la ve
On mays l' encontra lunh de se.
Brev. d'amor, fol. 33.
Le soleil plus dessous la voit où plus il la rencontre loin de soi.
- Mais, désormais.
La genser dona que s mir
En tot lo mon, ni anc fos, ni er mais.
T. de Thomas et de Bernado: Bernado.
La plus belle dame qui se voie en tout le monde, et qui fut oncques et sera désormais.
Loc. Dousa amiga, no 'n puesc mays.
P. Rogiers: Dousa amiga.
Douce amie, je n'en puis mais.
Qu' en puesc mais, s' Amors mi vol aucire?
Folquet de Marseille: Tant m'abellis.
Qu'en puis-je mais, si Amour me veut occire?
ANC. FR. Ains se laissent aller en des travaux et miseres extremes, en chastiant leur corps qui n'en peult mais.
Amyot, Trad. de Plutarque, Morales, t. IV, p. 243.
Biau doz sire, qu'en puis-je més?
Roman du Renart, t. III, p. 154.
Que si d'un frère mort la sanglante vengeance
T'a mis le glaive au poing, hé! qu'en peut mais la France?
Hé! qu'en peut mais le roy?
Dubartas, p. 423.
Tos los temps que mays sia,
E tos sels que vendran.
V. de S. Honorat.
Tous les temps que plus soit (quelle qu'en soit la durée), et tous ceux qui viendront.
Que mais ni meins no i tanhia.
Cadenet: Hueimai m'auretz.
Que plus ni moins n'y convienne.
Aconpanhadas, cascuna am M cavalcans, qui mays, qui mens.
Lett. de Preste Jean à Frédéric, fol. 19.
Accompagnées, chacune avec mille cavaliers, qui plus, qui moins.
Substant. El mais de quan vey mi desplatz.
Folquet de Romans: Tornatz es.
Le plus de combien je vois (quoi que ce soit que je voie) me déplaît.
Loc. De tot lo mon a 'l mielz e 'l mai.
P. Vidal: Pois ubertz.
De tout le monde il a le mieux et le plus.
- Prép. Excepté, hormis.
Per que tug amador
Son guay e cantador,
Mas ieu que plan e plor.
B. de Ventadour: Lo gens temps.
C'est pourquoi tous les amoureux sont gais et chanteurs, excepté moi qui gémis et pleure.
- Conj. Mais.
Tot jorn suefri aital batalha,
Mas la nueg trag peior trebalha.
Arnaud de Marueil: Dona genser.
Tout le jour je souffre tel combat, mais la nuit je traîne pire tourment.
Una domna m det s'amor...
Mas aras sai, per vertat,
Que 'lh a autr' amic privat.
B. de Ventadour: Acossellatz mi.
Une dame me donna son amour... mais maintenant je sais, par vérité, qu'elle a autre ami privé.
- Que, si ce n'est.
No faitz mais gabar e rire,
Dona, quan ren vos deman.
B. de Ventadour: Amors e que.
Vous ne faites que railler et rire, dame, quand je vous demande quelque chose.
Al meu chan, neus ni glatz
No m' ajuda, ni estatz,
Ni res, mas Dieus et amors.
Alphonse II, Roi d'Aragon: Per mantas.
Dans mon chant, neige ni glace ne m'aide, ni été, ni rien, si ce n'est Dieu et amour.
Aquesta vida non es mays mortz. V. et Vert., fol. 27.
Cette vie n'est que mort.
Que val viure ses amor,
Mas per far enueg a la gen?
B. de Ventadour: Non es meravelha.
Que vaut vivre sans amour, si ce n'est pour faire ennui à la gent?
Dans ce sens, suivi de QUE ou de DE, il sert à former une conjonction composée.
Bona domna, plus no us deman
Mas que m prendatz per servidor.
B. de Ventadour: Non es.
Bonne dame, je ne vous demande pas plus, excepté que vous me preniez pour serviteur.
Al res no y a mais del murir,
S' alqun joy non ai en breumen.
G. Rudel: Pro ai del.
Il n'y a pas autre chose si ce n'est du mourir, si quelque joie je n'ai dans peu.
Res de be no y falh, mas quan merces.
P. Raimond de Toulouse: Si cum seluy.
Rien de bien n'y manque, si ce n'est que merci.
Ni es belhs aculhimens
Mas quan d'aquels qu' elha fai.
Giraud le Roux: A la mia fe.
Ni il n'est bel accueil si ce n'est que de ceux qu'elle fait.
ANC. FR. Il disoit que foy et créance estoit une chose où nous devions bien croire fermement, encore n'en feussiens-nous certeins mez que par oïr dire. Joinville, p. 14.
Ne vot autrement pugnir mais que il les osta de l'onor où il les avoit mis.
Gestes de Louis le Débonnaire, Rec. des Hist. de Fr., t. VI, p. 150.
Ainsi en revenimes sanz riens perdre mès que ce que le mestre de saint Ladre y avoit perdu. Joinville, p. 177.
IT. Non avea pianto ma che di sospiri. Dante, Inf., IV.
On a dit MAR pour MAIS, MAS:
Un sirventes, si pogues, volgra far
Que agrades e plagues a la gen,
MAR no 'l sai far.
R. Gaucelm: Un sirventes.
Un sirvente, si je pouvais, je voudrais faire qui convînt et plût à la gent, mais je ne sais pas le faire.
Car no devetz sofrir
Entendedor MAR un.
Amanieu des Escas: En aquel mes.
Car vous ne devez souffrir qu'un soupirant.
- Combiné avec JA.
Ja no 'n parlarai mais.
Pierre de Bussignac: Sirventes.
Je n'en parlerai jamais.
ANC. FR. Jà en ma vie
Ne verrai mais si bele chose.
Fables et cont. anc., t. II, p. 434.
Jà n' aurés mais un si loial ami
Ne jamès jour ne pourrez recouvrer.
Le Roi de Navarre, chanson 30.
Voyez JA.
- Combiné avec ANC.
Anc nulh temps mais aital ardor
Non ac mos cors ni no senti.
Amanieu des Escas: Dona per cui.
Oncques plus en nul temps telle ardeur n'eut mon coeur ni ne sentit.
Non auzis anc mais parlar
Qu'om chant, quan plorar deuria.
B. de Ventadour: En abril.
Je n'ouïs oncques plus dire qu'on chante, quand on devrait pleurer.
ANC. FR. Oncques mais rois, ne quens, ne dus
N' oïrent de millor estoire.
Fables et cont. anc., t. IV, p. 80.
Mais elle lui dit que le galand estoit entré d' advanture léans et qu' oncq mais y avoit esté que celle fois. Les Quinze Joyes de Mariage, p. 185. Quant li sires l' ad entendu,
Unques mais si dolans ne fu.
Marie de France, t. 1., p. 90.
Car ains mais ne pot nus garir. Roman del conte de Poitiers, v. 744.
Voyez ANC.
CAT. May. ANC. ESP. Mais. ESP. (mas : pero) MOD. PORT. Mas. IT. Ma.
(chap. Pero.)
2. Hueimais, Oimais, adv., désormais.
Voyez HOI.
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